Les signes imprimés
Croyez-vous qu'on puisse choisir nos lectures au hasard ?
J'ai un rapport très boulimicoanorexique aux livres. Impossible de m'y plonger depuis quelques mois. Mais il y a deux ou trois jours, l'envie a commencé à grimper le long de ma moelle épinière... Pas encore la capacité à m'y oublier. Plus qu'à grappiller... Ben quoi.. On a le droit... J'ai choisi du Pennac. Oui, mais lequel ? Plouf, plouf : Enne denne dinou sava raka tinou savaraka tika taka élème bélème bouf trif traf trouf ça sera... La petite marchande de prose.
Dès la page 35, le signe qui me parle, à moi, directement, entre deux yeux, le papier jauni et l'encre :
"C'est vrai non d'un chien. Je n'avais pensé qu'à ça toute la journée. "Demain, Clara épouse Clarence." Clara et Clarence... tête de la reine Zabo si elle avait trouvé ça dans un manuscrit ! Clara et Clarence ! Même la collection Harlequin n'oserait pas un cliché pareil. Mais, outre le ridicule de la chose, c'était la chose elle-même qui me tuait. Clara se mariait. Clara quittait la maison. Clara ma petite chérie, mon duvet d'âme, s'en allait."
Clara et Clarence... Leur prénom pour seule similitude. Clara, 19 ans, toutes ses joues roses, Clarence 58 ans, tous ses cheveux blancs, à défaut de dents. Clara et Clarence, à l'opposé de la vie, unis par la Grâce. Une histoire qui finit mal. Très mal. Pauvre, pauvre Clara...
Non. Qu'on ne vienne pas me dire qu'on choisit au hasard. Il y a toujours les mots que nous avons besoin de lire dans ce que nous lisons. Ou alors, le hasard est vraiment un conteur.
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