samedi, avril 30, 2011

Ebé... Aouah...

Ca m'a fait du bien. Beaucoup de bien. Je sens que c'est pas fini. Là ça recommence presque. Mais ça m'a fait du bien. J'ai ressenti de la chaleur, ces quelques heures, et plus de chagrin. Là, j'ai une boule dans le plexus et une dans la gorge. Mais je vois déjà les choses autrement.

J'ai été saisie par ce chagrin. Juste après m'être souvenue que j'avais un machin de statistiques sur ce site. J'ai retrouvé les codes d'accès. Et j'ai constaté que c'est évidemment mort ici, plus personne ne vient sauf quelques personnes qui cherchent "il neige" chez Gogole, tombent sur une page et déguerpissent probablement sans lire. En tout cas, ces trois derniers jours, il n'y a eu que moi. Sans bien savoir pourquoi, ça m'a saisie de chagrin.

Là je vois pourquoi. J'y ai presque cru en fait, qu'Il serait venu sur ces pages. Mais en voyant ça, j'ai réalisé qu'il ne viendra pas. C'était limite bêta d'y penser même. Et ça m'a emplie d'une tristesse d'un genre que j'aurai cru infini. Seulement il a suffit d'un tout petit mot d'amour pour le faire passer quelques temps. Et me faire voir les choses autrement.

Tant pis pour Lui. Il choisit de passer à côté de ce que je suis. Il choisit de ne pas m'approcher. Il choisit de ne pas me connaître. Tant pis. Pour Lui.

J'ai mieux à faire que de m'en lamenter. J'ai mieux à ressentir que de m'en chagriner. J'ai tellement plus sympa à vivre que d'attendre qu'il réalise ce qu'il loupe. Tant pis. Il le choisit. C'est que c'était sans doute pas pour Lui. Sans doute pas sur son chemin. Si j'ajoute à son malêtre ambiant, tant pis pour Lui. Je Lui ai bien assez longuement proposé de compter sur mon aide. Il a choisit de ne pas la tenter. Je lui ai laissé la porte ouverte s'il change d'avis, s'il trouve l'envie de m'approcher. Je lui ai laissé ce pas à faire. Il choisit de ne pas le faire. Qu'est-ce que j'y peux ? C'est son choix.

J'ai toujours trouvé injuste cette capacité au bonheur que j'avais, face aux personnes comme Lui, qui choisissent de rester dans leur malêtre plutôt que d'évoluer, par peur de l'inconnu. Et c'est encore elle qui me retient. J'aimerais tant, j'aimerais tant que tout le monde connaisse ça. Et Lui, c'est certain, le mérite bien, à Lui, c'est sûr, je le souhaite plus encore qu'à tout autre. Mais que dame tant pis. Je ne peux rien contre un choix.

J'ai de la chance. J'ai beaucoup de chance. J'ai plus de chance encore que Molly Johnson, parce que je sais, je l'ai même sans un Fella, cette chance de pouvoir me sentir exactement comme ça, Lucky, si Lucky que moi aussi, I wish the whole wide world was lucky as I am. C'est injuste. Mais j'y peux rien. Y'a aucune raison que je m'en prive pour autant. Je l'ai. Tant pis. Tant pis pour Lui. Je l'aime. Je la Lui souhaite. J'peux rien faire de mieux. J'peux pas la laisser filer sans moi, cette chance là.


Oh ben ma chérie, mon aimée, mon petit trésor,

Qu'est-ce que c'est que ce gros chagrin-là ? Viens, viens, roule-toi en boule dans ma chaleur, dans mon ronron, comme un chat. Ca passera, va. Il ne peut en être autrement. Regarde tout le beau, tout le bon qui t'entoure et en toi. Regarde, ma toute belle. Tu as un joli chez toi où tu te sens bien. Juste en bas, il y a la rivière. Sur la place de l'église, une scène a été installée aujourd'hui et la musique tonne, rien que pour toi. Chaque jour est une aventure. Chaque jour est nouveau. Chaque fois que tu souris, tu fais du bien à quelqu'un. Tu sais bien. Tu le vois. Et ça te fait du bien aussi, puisqu'il te rend ton sourire. Tu as plein d'idées, plein de talents. Tu peux écrire joliment, tu peux créer de beaux sites, tu peux guérir les angoisses de certains, tu peux chanter, tu peux cultiver ton petit jardin, tu peux aimer, tu peux rigoler, tu perds pas ton sang froid, tu es calme, et douce, et bienveillante, et aimable. D'où c'est qu'il vient ce gros chagrin-là ? Juste parce que tu n'as pas trouvé en un autre ce que tu peux t'offrir à toi-même ? Allons... Viens. On va ronronner un bon coup toi et moi, et tu verras, comme ça passera. Vite. Ne t'en fais pas. Tu peux tout ce que tu veux. Absolument tout. Ne t'en fais pas. Je t'aime, mon p'tit trésor. Je t'aime fort. Ne t'en fais pas. Tout va bien.

Je vais tenter un truc impossible

Dans "Le Livre des signaux", il est dit, je le grossis en résumant quatre ou cinq pages, que le chagrin est signe de l'attente de son bonheur, sa joie, son bien-être comme venant de l'extérieur, et aussi l'invitation à entrer profondément en soi pour y trouver sa propre source, la seule qui puisse réellement éradiquer le sentiment de tristesse. Il est dit que pour certains, ça peut se faire d'un coup d'un seul, et pour d'autres petit à petit, chagrin après chagrin, mais que lorsqu'on a trouvé sa source et que l'on y puise tout l'amour dont on a besoin, l'on ne s'attire plus de circonstances ou d'occasion d'en ressentir.

Encore une fois, trouver son coeur, son ange, son autre, son soi profond, passe avant tout par l'amour de soi, la gratitude de vivre, et tout ce que je suis en train de chercher là fiévreusement depuis trois jours, et activement depuis 2007.

Je vais tenter quelques jours de m'écrire des lettres d'amour comme j'aurai aimé en recevoir. On verra ce que ça donne.

Oh là là...

Ce mal de chien... Décidément, ça me déchire cette affaire de fin. Autant que de continuer d'ailleurs. C'est le pays du "With or with out you". J'hallucine. J'l'ai jamais vu Lui. Oké, j'le connais depuis cinq ans. N'empêche je l'ai jamais vu. Qu'est-ce qui m'arrive bord'aile...?

Je veux ma joie ! Je veux ma joie ! Je veux ma joie !

Allez, v'là la liste indicible. Ainsi soit-elle dite.

Je n'ai conscience qu'après coup, que je sens venir ce que je sens venir. Je ne sais jamais trop ce que c'est. Juste, ça me fait agir bizarrement, et penser des trucs indicibles.

Il y a eu le coup de l'éclatement familial, et je me dis, là tout de suite, après avoir écrit ce que je viens d'écrire comme je l'ai écrit, que c'était ptêt juste ça, je l'ai ptêt juste senti venir, et ptêt que la bombe, ce n'était pas moi, c'était juste la bombe, et je l'ai juste sentie venir, j'ai juste agis bizarrement, j'ai juste pensé bizarrement. Mais j'ai toujours su que je voulais juste empêcher quelque chose de grave, de douloureux, d'arriver.

Dans ma vie, j'ai plutôt eu la sensation de souffrir d'un manque d'imagination, pourtant le monde qui me connait s'accorde à dire que j'en déborde. J'ai une cousine enfermée dans une camisole chimique et un hôpital psychiatrique, et mes parents, depuis que je suis toute petite, m'ont empêché de faire certaines choses qu'elle faisait de peur que je ne finisse comme elle. Du genre, se parler dans un miroir. J'ai longtemps eu cette flippe. Que le monde ait raison et que j'ai tort. Que ce que je sais et vois en eux et qu'ils ne savent et ne voient pas en eux soit juste mon imagination que j'ignore en être et prends pour des réalités.

Alors peut être, peut être que je me fais des histoires. Peut être que je ne sens rien venir du tout. J'y ai jamais vraiment cru, du coup, n'empêche que c'est arrivé, chaque fois. Que je le dise ou pas. C'est arrivé. Comme je le sentais. Même si je ne savais pas bien ce que je sentais jusqu'à ce que je le vois arriver.

C'est... c'est dur à dire. Vraiment dur. Allez. Va pour la liste.

Après le coup de la retraite et avant que mon père ne tombe gravement malade, j'ai fait une fausse couche. Je l'ai sentie venir.

Le jour où je me suis faite faire des dreadlocks, je me suis foulée la cheville, et je me suis sentie très mal, vraiment très mal, aucun rapport à la cheville, mais comme si je venais de faire quelque chose qui entraînerait pour moi une grande souffrance plus tard. J'ai compris ensuite que je n'avais fait ça que pour que Yess'Papa s'occupe un peu de moi, parce qu'il en avait, c'était ses trésors, et il savait comment bien s'en occuper. N'empêche que les miennes, il s'en fichait. Il s'en est occupé quelques fois. Mais rarement. Quatre mois plus tard, je le quittais. Je devais partir quinze jours faire un périple en bmdoublepieds jusqu'à la mer, revenir deux semaines et déménager dans une chambre louée contre service. Popette à l'aventure, dodo dans les granges, sous les étoiles et tout. Et ces dreadlocks étaient un frein. Au stade où elles en étaient, y'avait pas d'autre moyen, je me suis rasée le crâne et je suis partie sans un sous, sans un cheveux sur le caillou, sans famille, sans ami, sans amour, avec juste l'interdiction de revenir comme c'était prévu, reprendre mes affaires et dire au revoir à la petite chienne que j'aimais tant et qui était ma seule joie ces neuf mois là. Ce moment de la cheville foulée, c'était une angoisse profonde, de ce moment qui arrivait.

Durant le périple, ma tante m'a appelée en larmes. Elle voulait que je lui dise que faire. Elle devait venir d'Allemagne voir mon père le 14 août, mais mon père, qui pourtant n'a jamais cru en rien, athée tout ce qu'il y a de plus coco, lui avait dit "J'ai hâte de te revoir, dépêche-toi, parce qu'ils étaient deux, ils sont venus me chercher, ils ont dit que c'était le moment, et j'ai pu leur dire non, pas tout de suite, j'ai pas terminé, et ils m'ont laissé, mais je ne sais pas combien de temps je tiendrai encore." Moi, qu'est-ce que je pouvais dire à ça ? Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, j'avais très envie de lui dire "Vas-y, le 8 il ne sera plus là." Mais je lui ai pas dit. Le 7, en fin d'après-midi, ma soeurette m'a appelée pour me dire qu'il était parti. Le 8, c'est sûr, il n'était plus là. Et ma tante ne l'a pas revu.

Quelques mois plus tôt, j'avais affiché une somme d'argent que je voulais gagner. J'avais lu des trucs sur l'attraction et j'ai voulu essayer. J'ai fait pas mal de choses que j'ai tenté de vendre à ce prix. Je sentais que ça marcherait, mais je sentais aussi que ça ne marcherait pas comme je voudrai. Mon papa était déjà malade. Et je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Pourtant, ils ont vendu la maison fin juillet, et en décembre, sur mon compte, y'avait la somme exacte. Que je n'avais pas gagnée. Et dont je ne voulais pas, comme ça.

Plus tard, j'ai rêvé d'un enfant tout blond, angoissé, pleurant, j'ai appelé Yesss'Papa et j'ai su qu'il était dans une situation qui lui procurait ce sentiment.

Plus tard, j'ai rêvé de mon frère, tout de rouge vêtu, qui me serrait dans ses bras. Je me retournais et je voyais mon grand père, le père de mon père. J'allais l'embrasser, me disant "qu'est-ce qu'il fait là lui, il est pas mort ?" quand ses lèvres sont devenues celles de mon père, et que je l'ai entendu chanter en yougo "je suis joyeux, mais mon coeur est triste". J'ai pensé à l'enfant de mon frère qui devait naître, mais d'après les informations que j'avais, c'eut été encore trop tôt tout de suite. J'avais compté six mois, c'est tout. J'ai fait un truc bizarre dès le lendemain. Pour faire un jeu avec les copines, j'avais besoin d'une neuvaine. Avant ce jeu, je ne savais même pas ce que c'était. J'ai atterri à l'église Saint Sulpice, où j'en ai pris trois. Dont une à l'effigie de Saint Joseph, tenant un bébé dans les bras. J'ai eu très envie alors je l'ai laissée là bas, allumée dans la chapelle à Joseph, en me marrant à l'idée que mon père se retourne dans ses cendres que je lui fasse un coup pareil, et en le rassurant, dans ma tête, lui disant que c'était pas que pour lui, mais pour tous les pères de sa lignée, pensant à mon rêve, et chantonnant "dis l'oiseau, ô dis emmène-moi, retournons au pays d'autre fois", les imaginant tous voler, les pères et les fils, passés et à venir. Quatre jours plus tard, ma soeurette m'a envoyé la nouvelle de la naissance du fils de mon frère. Je m'étais trompée dans mes calculs. C'était bien le moment.

J'ai rêvé de mon père, que j'aidais à sortir du sable en le tirant par la main, et qui sans me voir courrait voir ma mère qui ne le voyait pas. Quelques jours plus tard, j'ai rêvé de ma Mamie, mère de ma mère, jeunette et toute grandie, immense. Deux jours plus tard, je recevais une enveloppe de sa part. Ca fait des années qu'elle nous envoie des chèques et des cartes pour nos anniversaires. Là, c'était des cadeaux. Ca m'a touchée. Son écriture de directrice d'école d'après guerre toute tremblante disait qu'elle ne se sentait pas très "vaillante".

Petit à petit, cette sensation de sentir venir se précise en moi. J'en suis à subir six trouilles bleues d'en deviner d'autres. Je préférerais que le monde ait raison, et que je sois simplement dotée d'une imagination que j'ignore. Là, elle manque franchement d'humour. Et si c'est ça, je lui apprendrai bien, moi, à m'jouer des tours pareils. Mais si le monde a tort, qu'est-ce que j'en fais ? Pourquoi ça m'arrive ? J'en ai pas la moindre idée. Et ça m'fiche six trouilles bleues, rien qu'à l'idée que j'puisse me mettre à l'accepter et y croire.

C'est... profondément... profondément déstabilisant.

D'ailleurs, des indicibles, t'en veux, en v'là.

Je ne voulais pas que ce soit mon anniversaire lundi dernier. Ca doit faire un moment que je ne le voulais pas, parce que je les ai tous oubliés cette année, y compris celui de ma soeurette, y compris ceux qu'on m'a rappelé quelques jours à l'avance. J'aurais aimé pouvoir oublier le mien aussi, et qu'il passe, sans qu'il ne se passe rien, que j'y vois que du feu. J'aurais aimé que l'on m'oublie. Mais voilà. C'est arrivé. Et c'est aussi passé. Mais je crois que tout ça, là, toutes ces tartines, toute cette déprime, ça s'est révélé là. Peut être que je ne voulais pas renaître. C'est encore tombé un jour de Pâques cette année en plus. Peut être que je ne voulais pas sentir toute ma famille penser à moi sans rien pouvoir me dire, parce que la bombe qui l'a éclatée, la famille, c'est moi.

J'ai fait un tableau pour accrocher des photos. C'est une première, et la moi qui avait vingt ans avec ses docs et ses cheveux dans les yeux se serait bien fichue de la moi du jour. J'y ai collé des lettres en feutrines qui disent "Les amours". D'ailleurs, j'ai collé des coeurs et des fleurs dans tout le coin cuisine, et je dors sur un coussin rouge peluche en forme de coeur depuis que je suis là. Comme un peu tout ce que je fais en ce moment, le tableau n'a pas duré. Le papier sur lequel j'ai imprimé les photos est standard, et pas fait pour être juste piqué comme ça, par de petites aiguilles avec des boules colorées à l'autre bout. D'un, toutes les photos se sont enroulées sur elles-mêmes en peu de temps, de deux, les aiguilles tiennent pas. Régulièrement, des photos tombent. Souvent, celle de Papy Gaby. Et parfois d'autres. Chaque fois, j'y trouve un sens, comme pour jouer.

Je me suis réveillée à 8h, ce jour du 35ème anniversaire. A 8h15, heure de ma naissance dans le temps, j'ai vu la la photo qui était par terre ce jour-là. Ca m'a faite pleurer des heures. Dessus, il y avait toute la famille, on se marrait à faire des grimaces, et ce moment, chacun s'était accordé pour dire que ça faisait longtemps qu'on n'en avait pas passé de si heureux tous ensemble. Ca a aussi été le dernier.

Deux mois plus tard, je leur demandais à tous un moment de retraite, pour moi, mais pour eux, je sais pas comment c'est possible, je sentais venir une catastrophe et le besoin de me retirer pour l'éviter. Trouver comment nous guérir et de quoi au juste. Je ne sais trop comment, ils ont pris ça pour un manque d'amour, et c'est tout ce que j'en ai reçu. Ils me prenait pour une dingue. C'est cette retraite qui a engendré la bombe qui nous a tous éclaté. Un mois plus tard, mon père est tombé sur son lit d'agonie. Neuf mois plus tard, il en est mort après des souffrances auxquelles je ne veux pas penser. Tous ce temps, je n'ai pas réussi ce que je voulais. Je n'ai pas évité la grosse explosion. Et je ne vois encore que ma soeurette, depuis quelques mois seulement que nous avons fait la paix.

Ca fait drôle à dire, mais je l'ai senti venir. Comme j'en sens clairement venir depuis, et chaque fois, c'est un indicible.

C'était la première fois que cette photo là tombait. Mais bien plus bizarrement que les autres, parce que chaque fois, la petite aiguille à boule colorée tombait avec la photo. Et là non. L'aiguille était au tableau. La photo n'était pas déchirée pour autant. Il y avait bien le trou de l'aiguille, et pas moyen qu'elle tombe comme ça, à moins qu'on ait retiré l'aiguille, tombé la photo et remis l'aiguille en place.

Je l'ai ptêt fait dans une crise de somnambulisme, j'en faisais quand j'étais ado, j'y pense là, mais sur le coup, c'était clairement un "Joyeux anniversaire, ma fille, ton papa t'aime fort, et te chante la petite chanson yougo de la part de toute la famille : ce jour est un jour merveilleux, c'est ton anniversaire, que tu vives, que tu vives, et que tu sois heureuse." J'ai tiré trois cartes des anges derrière et elles ont dit comme ça : "Yes, c'est bien ça" et "Papy Gaby aussi en est", et "Tes morts vont bien là où ils sont, ils sont heureux, ne t'en veulent pour rien et t'aiment."

Alors j'ai pleuré. J'ai beaucoup, beaucoup pleuré. Toute la sainte journée.

Depuis, y'a qu'avec mes fleurs que je me sens bien. Je ne pense plus à rien. Et je peux les aimer.

En plus, franchement,

A Toi, qui n'est déjà plus que moi, déjà sans plus trop de Lui, je peux dire bien plus librement tout ce qui m'passe par la tête, par le coeur, par la vie, que je n'ai pu, bien que je l'aurai voulu, dans sa boîtàmails à Lui. Même si, pas si secrètement que je voudrais, j'espère encore qu'Il tombera dessus et lira ici aussi, juste comme ça, parce qu'Il aime mes mots, ça Il l'a déjà dit, alors je sais, et je le garde, juste pour me convaincre que je suis cap' de faire ça positivement, comme ils disent, abandonner, sans priver, s'Il en veut, ben en voilà, s'Il en veut pas, il n'y a qu'à pas, même si tout ça, ben j'arrive à n'en espérer que mes réponses, que mes réactions, et je me sens libre de dire bien plus que jamais, parce que je n'écris déjà plus qu'à moi. Autant que je veux. Autant que j'en ai besoin. Et faut croire, j'en ai bien besoin...

Et je n'irai pas en repérage. Parce que c'est fini.

Je suis une saprée grande coquine. C'est vrai, c'est tout moi, d'aller prendre un immense bouquet de fleurs, un immense paquet de tagadas, et entraîner tout un wagon de gens à faire sourire celui que j'aime. J'avais un coup du genre en tête, ce matin. Et j'avais très envie. Mais ce n'était pas de Toi, hein ? C'est pas lâcher prise, tout ça. Et je sais que j'en ai besoin. Que c'est ça qui me fera du bien. Lâcher tout ça. Ne plus penser à Lui, qui ne s'approche en rien. Diriger mon attention et mon intention sur autre chose de plus créateur, de plus bâtisseur, de plus constructif, qui mènerait quelque part, où je me sentirais bien. Que c'est pour ça que j'ai dit "fin".

C'est dur de faire la différence, Tu sais. Entre ce que je veux et ce qui me fera du bien. Toute ragaillardie par les messieurs du tabac du coin, me sentant même toute gaie jolie, j'étais encore plus décidée d'y aller faire mon coup de coeurs, mais l'une des deux newsletters que j'ai chaque fois pris pour Ton clin d'oeil m'attendait à mon retour. Elle m'a à la fois dégonflée, et libérée. C'est pas celle de Neale Donald Walsh, qui sait à tous les coups ce que son dieu veut que je sache. C'est celle des canadiens qui m'encouragent à vivre mes rêves. Ils ont choisis cette fois pour dire comme ça :

"Abandonner est un mot que personne n’apprécie.

Pourtant il nous permet de relâcher, de prendre du recul, d’évaluer. Abandonner n’est pas un geste lâche, au contraire, il faut parfois beaucoup de courage pour abandonner quelque chose de manière positive !

Ce lâcher-prise est souvent commandé par un projet supérieur, une idée meilleure, un rêve plus grand.

Prendre du recul est alors nécessaire pour mieux évaluer et ensuite rediriger notre attention et nos efforts.

Prenez le recul qui vous permettra d'être plus près de ce qui compte vraiment.

C'est en vivant vos rêves que vous révèlerez la grandeur de la vie."

Et ça m'rigole, parce que c'est bien ce que je fais, là, dans les articles de ces trois derniers jours, non ? Ca fait si longtemps que j'essaye de prendre ce recul, autrement, sans abandonner mon rêve de Lui, et sans y arriver. Cette fois, c'est la bonne. J'abandonne.

Ca, c'est vraiment Toi. Hein, hein çaaaa...!

J'l'aime bien Pierre del Tabac

La première fois que je suis entrée dans ce tabac, c'était quelques minutes décisives avant de savoir si j'allais oui ou non décrocher mon appart' au bord de l'eau parmi les canards et les cygnes et les saules qui pleurent pas en fait, c'est une légende, et ce malgré une situation qui ne me le permettait pas dans cette société, à ce moment précis. Je l'ai tout de suite trouvé sympa, le monsieur du tabac. En repartant, il m'a dit "A bientôt !" et sans y trouver le moindre bon sens, j'ai su que c'était bon, in ze pocket, que je l'aurai cet appart'. Quelques minutes plus tard, je l'ai eu.

Et j'ai effectivement revu le monsieur bientôt. Chaque fois, l'échange est sympa, les yeux brillent, avec lui comme avec son fils. J'aime beaucoup ces petits moments de petit rien.

Une fois, il a regardé sur ma carte, et il a dit "A bientôt, Marina." Et moi j'ai dit "A bientôt, qui don' ?" Et il a dit "Pierre." Alors j'ai redit " A bientôt, Pierre."

Les fois d'après, j'avais de la monnaie, et il avait oublié, et pas moi. J'avais la sensation de le taquiner, un jour où il n'avait pas le sourire, pour le lui rendre, parce qu'il est beau, Pierre del Tabac, avec sa tête presque nue, ce qui lui reste de cheveux tout blancs, et ses yeux bleus qui rigolent.

Et puis l'une des dernières fois, il s'est mis à me tutoyer. Alors maintenant on se tutoie. J'adore. J'adore ces moments de petit rien.

Une fois l'article précédant tartiné, bien décidée à partir en repérage dans l'après-midi, j'ai mis ma nouvelle robe violette avec des perles en bordure de décolleté, et la jolie chemise fleurie légère comme des pétales de pavot que soeurette m'a offerte l'autre soir en dessous, pour faire les manches que la robe n'a pas, mais jolies, comme faites avec.

Et je suis sortie deux minutes, passer au tabac. C'est un jour de chance. Le père et le fils étaient là tous les deux. Un moment sympa. Un petit rien. Qui m'a rendu le sourire.

Rho mais Toi, alors...

Je me suis réveillée avec que des conneries à faire dans la tête et pas moyen de les sortir... Qu'est-ce que Tu m'fais ?!!!?!!? J'vais quand même pas...

Toi : Et pourquoi pas ?

Parce que c'est fini. Fini. Fini. Fini.

Toi : Et alors ? T'as dit tu m'écouterais, que tu ferais plus que des trucs bien à nous et tant pis pour ce que les autres attendent et pensent.

Petit diablotin, va... C'est ptêt même pas de Toi ces idées-là.

Toi : Et ben voilà... C'est mort... C'est pas encore aujourd'hui qu'on s'marre...

C'est vrai que j'ai souvent eu envie d'idées dans le genre...

Toi : Tu vois... C'est fini, c'est pas grave. Ce qu'il y a de sûr c'est que tu n'auras plus d'idée dans le genre quand t'auras oublié. Et là c'est sûr, ces envies-là, ça sera trop tard, ça sera la restriction, tu ne les auras pas suivies, et tu auras été une autre. Tout ce qu'il y a de convenable. Et tout à fait pas toi.

Tu crois que je vais oublier ?

Toi : Je crois que tu vas oublier.

Mais j'ai promis...

Toi : Bah. T'as promis, t'as trahie. C'est la vie.

Bon. On verra. Peut être lundi aux aurores. Mais le mieux, ce serait dans trois samedis. Comme ça en plus on a l'temps de préparer un joli coup.

Toi : Si tu l'dis... Moi j'dis, c'est mort... T'as encore fuit. C'est pas aujourd'hui qu'on se marre. Et c'est pas aujourd'hui que tu vas à la rencontre de ton Moi. Mais bon. J't'attendrai, va.

Mais non, mais c'est juste pour que ça ait un sens.

Toi : Ah, le sens... Le bon sens... Si tu voyais comme ça te coince des possibles... Et comme on se cache bien derrière... Allez, chiche, un peu de courage, pars au moins en repérage, reste pas plantée là à rêvasser des idées parmi tes pots de fleurs.

...

Toi : Tu vois. C'est mort. Mais tinkiet, va. Je t'en trouverai d'autres. Des défis de Vraie Grande Belle Vie. Des Grandes Occas' de rencontre.

...

Toi : Parce que tu vois, ces idées-là, c'est tout toi. Vraiment tout toi. Signé craché, pouille-pouille.

...

Toi : Ah tu te tais maintenant, hein...

... :o)p ...

Elle est bien bonne.

L'article à propos de dépression dans "L'Encyclopédie de la psychosomatique" se termine par "Découvre le silence en ton Moi."

Ca d'sûr, ce serait une découverte. V'là comment ça dégoise en mon Moi. 19 articles en deux jours. Autant qu'en ces quatre dernières années. Même pour me dire "tais-toi", faut que j'tartine des tartines. C'est pas tant un scoop que ça en a l'air, ça fait six mois que ça dure en fait. Juste que jusque là, c'est à Lui que je tartinais, alors ici, ça se voit pas. Et puis j'mesurais mon propos au moins.

Ah, si j'savais parler autant que j'peux écrire quand ça me prend de déballer... Ca fait du bien mine de rien...

Allez chhhut. Chhhut. Tout va bien, va.

Cher Toi,

So ? Et demain ? Qu'est-ce qu'on fait ? Tu vas me laisser longtemps comme ça, ne plus rien savoir ?

Oui. Te céder le contrôle, ça me rend nerveuse. C'est intenable.

vendredi, avril 29, 2011

Ze Lui.

J'résiste plus, hein, on est d'accord ? Je me suis mis Toledo en écoute. Avishai Cohen. Pour voir ce que ça me fait. Ben je vois. J'adore. Autant que Lui, j'l'adore.

Ecouter ça, ça me rappelle pourquoi. C'est vrai, il peut se taire un mois. C'est vrai, il peut ne plus rien gérer. C'est vrai, même quand il parle, c'est pas le genre à dire ce qui m'intéresse. N'empêche, rien que le calme posé dans sa voix, je pourrais l'écouter parler des heures d'un rubicube. Et puis sur tout le reste, il a le mot juste.

Mais tout ça, ça m'est venu d'un coup, en relisant le dialogue, alors ptêt de Toi, tout ça c'est rien. Je crois que ce qui a fini de me frustrer, c'est qu'il n'attend rien de moi. J'ai toujours su, sans qu'on me dise, exactement ce que chacun attendait de moi. Et Lui, rien. Il ne veut rien, et Il n'attend rien. C'est ça qui m'a rendue dingue de flippe.

C'est pourtant exactement ce que j'espérais, qu'on attende plus rien de moi, que je puisse juste être moi. Et voilà que ça chamboule vraiment de trop tout mon fonctionnement. Toutes les fondations. La Grande Tour est à terre, la dernière des pierres a dégringolé. Sans doute que sans ça en Lui, je n'aurais pas réalisé à quel point, moi, c'était que réponse aux attentes des autres.

Bon voilà. On va plus trop voyager jusqu'à Toledo. C'est trop plein de ce que j'aime en Lui.

Quand c'est que je lâche prise ? Je Lui ai dit que j'oublierai plus comme je l'aime en particulier. Et c'est vrai, je l'ai déjà fait, mais j'vois pas comment je pourrais maintenant. N'empêche que dame là, j'aimerais bien. Juste oublier.

C'est pas pour rien que j'ai mis la fin quand même.

'Naise ce que j'me sens paumée... 'Naise ce que j'aime pas ça...

Tous les faits. D'accord.

Y'a aussi eu de la joie et des hirondelles, c'est vrai. Comme on se défoule, mais y'a eu.






Et plein d'autres, on en case en rien qu'une heure de temps.

J'sais pas pourquoi, je les ai toutes grimpées de deux tons par rapport à d'habitude.

Ben v'là comment ça m'a poussé la gueulante...

La Grande Défoulade, j'te dis.

Et puis y'a eu plein de nouvelles pousses aussi. A peine trois jours que j'ai mis les graines.

Ca fera des fleurs à sécher. Et des reines. Quand ça sera grand.

J'en rêve encore

Sur mon oreiller, pour m'endormir, je rêve encore de Lui. Comme quoi, c'est bien en moi que le lâcher prise doit se faire. Comme quoi, rien, jamais, ne se résout complétement en dehors, tant que ça ne se résout pas en dedans. C'est plus grand chose. Il débarque, à l'improviste. Je lui fais une belle joie. Il me dit "Tais-toi un peu". Et je m'endors.

J'ai du mal à penser à autre chose dans ce moment en particulier. C'est comme quand j'avais douze ans, et toujours un rêve d'amour à me raconter pour m'emporter au pays du dodo. C'est bêta. Et c'est frustrant. Encore plus frustrant qu'avant que je mette moi-même pourtant le mot fin à la newsletter d'amour dont j'emplissais sa boitàmails.

Encore une fois, je dois être trop empressée. Vouloir zapper le processus de pousse et en arriver direct au résultat de la fleur.

Mais c'est que ça me donne une impression de tout ça pour ça, et qu'il lui suffirait de trois mots pour que ça rebelote. Et c'est pas dit que ce soit qu'une impression fausse.

Alors je te le demande, mon Ange, mon Moi d'Ailleurs, ma Créativité, fais bien en sorte que si ça se produit encore, cette fois, ça soit pour notre bien-être, et non pas une nouvelle leçon de bien-être. S'il m'en faut d'autres, des leçons, qu'elles se fassent avec d'autres. S'il n'y en a pas de possible là pour nous, qu'il se taise et que je me taise à jamais. Parce qu'avec Lui, je ne souhaite que notre bien-être.

Tu peux faire ça pour moi ?

Une surprise

Alors voilà le premier truc que Tu m'amènes, dès mon réveil, une surprise, je me dis qu'elle est de Toi, mon Ange, ma Fée, mon Inconscient Céleste, je me dis qu'elle est ton premier message, mais je te l'dis comme c'est, j'y comprends rien. Alors restons-en aux faits.

Quelqu'un a posé un commentaire sur un blog vieux de quatre ans qu'a jamais été bien loin et que j'avais oublié. Un philosophe.

J'ai pensé que je philosophais.

J'ai pensé que c'était bien l'heure du bilan.

J'ai pensé que y'avait quand même du progrès.

J'ai pensé que ce qu'il écrivait Lui ferait du bien à lire, à Lui. Il parle des algues qui ne font pas de choix et des bienfaits de la bifurcation. Il parle des "peut être" bien moins dictatoriaux que les "c'est ainsi". Il parle de la ludique, une suite à la métaphysique où l'on prétend que tout est rien, et qui, par le jeu de la vie, prétendrait qu'alors, rien, c'est tout.

Et puis j'ai pensé que je n'y comprenais rien à tes messages, et que peut être, il était inutile de s'empresser sur les conclusions comme je sais m'empresser. Il y a peut être une suite, et c'est peut être qu'une pièce du puzzle.

Alors j'attends. Encore.

Alors on est d'accord. Les faits, rien que les faits, je l'jure.

J'ai donc appelé mon amie pour annuler l'après-midi de rigolade, histoire de ne pas lui imposer mon malêtre. Et pour une fois, j'ai imposé quand même, plus d'une heure au téléphone, à pleurer, à faire ma paumée.

J'ai dit : "Je sais pas, je sais rien, ma joie, j'y arrive pas. J'ai reçu une lettre de ma maman, c'est pile poil ce que j'espérais et rien. Ca ne fait rien de ce que je pensais que ça ferait."

Elle a dit : "Ben oui, c'est bien le signe que si tu ne te pardonnes pas et si tu ne pardonnes pas, tout, depuis que t'es née, ton corps ne te laissera en effet pas imposer ta joie. T'as écrit la lettre du pardon ? Oui. Et tu l'as lue à voix haute jusqu'à ce que ça ne te fasse plus rien ? Non. Bon ben voilà. Ta prescription du jour. Fais-le, tu verras."

Mais je sais même pas ce que ça veut dire, ce pardon là. En l'écrivant, je ne pleurais pas. J'ai relu avant de dormir. J'ai pas pleuré. J'ai même rigolé à un moment. Je sais pas. C'est tout ce que je sais.

J'ai dit : "Je veux pas que ça se passe avec ma grand-mère comme avec mon papa. J'en ai rêvé, et j'ai peur de ce que je rêve depuis l'annonce de la naissance de mon neveu. Je veux assurer ma sécurité financière, moi, je veux pas que ça se passe encore comme ça."

Elle a dit : "C'est pas toi qui crée ça. Accepte les aides qui t'arrivent, comme elles arrivent, même si tu aurais préféré autrement. S'il est question que tu sois tranquille de ce point de vue-là et comme ça, c'est pour ton bien, et le bien de ce que t'en feras."

Mais j'ai pas encore su faire fructifier l'argent de mon papa. Juste grimper mon standard. Et me faire un chez moi où je suis bien. Et y'a plus que quatre mois pour que ça rentre. Et j'ai toujours les barrières d'écriture. Ca avance, mais c'est pas comme regarder les plantes pousser. On se pose pas de question. Quand la terre est sèche, on met de l'eau. Quand elle fait la gueule dans une terre qui a bu, on ajoute de l'engrais. Quand les pucerons débarquent, on met de l'antipuceron. On s'inquiète pas. La fleur arrivera, c'est une certitude que rien ne déboussole. Parce que même si elle ne vient pas sur cette pousse là, elle viendra sur une autre. Et voilà. La vie qui se vit. Je voudrais que ce soit pareil pour moi. Mais ça l'est pas.

Elle a dit : "Te désoles pas, t'as bien fait de m'en parler, et puis en effet, avec tout ça, je comprends mieux que tu sois aussi pas bien. Peut être que tu déprimes, peut être même que tu déprimes depuis longtemps, en tout cas, tu n'es pas dans la vie, si même quand t'es aussi joyeuse que je te connais ce n'est que pour les autres, et en toi, rien. Moi ça m'étonnerait pas, t'en as traversé, et ce serait normal, c'est plutôt l'inverse qu'il serait convenu d'appeler un miracle, un gros coup de grâce."

Ca m'a achevée. J'ai été dormir.

Mon Toi, mon Ange, ma Fée, mon Autre, Céleste, Inconscient Moi,

D'accord. Tu n'es pas Lui. Tu n'es pas les attentes de ma mère, de mon père, de mon frère, de ma soeur, de mes amis, de mes amours. D'accord, tu es moi, et je m'écris comme on se rencontre. D'accord, je suis pas schyzo pour autant. D'accord. Je t'écoute maintenant. D'accord. Rien ne m'arrive au hasard comme tombé du ciel. D'accord. J'arrive. D'accord, on est parti pour ne faire plus qu'un et je cesse de philosopher, je ne raconte plus que les faits. D'accord.

Et alors qu'est-ce qu'on fait maintenant ? J'attends. Dis-moi. A ta manière sans dire. Crée pour moi les événements qui vont me donner les réponses. J'attends.

Si j'écoute mon corps là, je vais dormir digérer. C'est ça ? Pour l'heure ? Je lâche tout ? Je dors ? Et c'est tout ? J'annule tout ? La copine, la soeurette, le copain, le montage des interviews, la lettre à Mamie, la lettre à Maman ? Tout ? D'accord. Je dors. Je digère. Je patiente. C'est tout.

N'empêche que c'est intenable comme proposition. Ca fait l'effet d'avoir une grosse déprime sur le dos. Oui, l'accepter, c'est accepter aussi un grand changement en perspective. Oui. D'accord. Quand on se brise une cheville on marche pas tout de suite. D'accord. On répare la fracture. On rééduque. D'accord. Les derniers événements ont été particulièrement cotons. J'ai envie de dormir. Rien ne m'en empêche à part moi. Je dors. D'accord.

N'empêche j'suis pas sûre. Ni de moi, ni de toi, là... Je mérite ça ? Avec tout ce qui attend d'être fait ?

Okéokéoké. J'suis déjà couchée.

Allez, aide-moi, Toi,

Moi : J'ai besoin d'un coup de main. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Dis-moi qu'est-ce que tu veux.
Toi : ...
Moi : Tu sais pas toi non plus ?
Toi : ...
Moi : Je t'ai ignoré 35 ans alors maintenant c'est toi qui me boude ?
Toi : ...
Moi : Allez quoi, dis-moi... Qu'est-ce que j'aimerai faire, moi ? Je sais pas.
Toi : ...
Moi : Il y a tant de possibles...
Toi : ...
Moi : Il y a le conseil en orientation et réorientation complémentaires. Mais j'ai peur de ne pas savoir trouver de clients.
Toi : ...
Moi : Il y a un genre S.O.S. Angoisses, un numéro surtaxé, mais j'ai peur de devoir passer 10h 7j/7 pendue à un téléphone pour en vivre et j'ai peur que ça ne suffise pas pour les 1 français sur 5 qui consomment 65 millions de boîtes de sédatifs, antidépresseurs et autres anxiolytiques par an.
Toi : ...
Moi : Il y a du boulot un peu payé chez les auxiliaires de vie, et ça me rassurerait sur ma sécurité financière, et ça me ferait du bien, juste donner de l'amour, sans rien attendre en retour, mais j'ai peur de me laisser envahir.
Toi : ...
Moi : Il y a les créations collectives et l'édition, mais j'ai peur que ça ne me bouffe tout mon temps pour rien.
Toi : ...
Moi : Il y a l'écriture, mais j'ai peur de ne pas être assez disciplinée certains jours, et d'autres trop monomaniaque, et puis ça avance que si j'écris pour une amie, pour Lui, pour mon père, pour quelqu'un, j'ai peur de ne pas savoir ce que j'aimerais écrire pour Toi, pour moi, pour l'éclate.
Toi : ...
Moi : Mais parle ! Parle-moi... Aide-moi à trouver...
Toi : ...
Moi : ...
Toi : Tu ne me connais pas. Ne me bouscule pas. Et arrête de dégoiser. Arrête de penser. Arrête d'ajouter des idées chaque jour. Ecoute. Un peu. Je ne parle pas. Les mots ne me contiennent pas. Mais je vais emprunter les tiens. Je vais me glisser dans ton imaginaire et te laisser traduire en mots ce que tu peux faire, j'ai bien dit FAIRE, pour me connaître, pour te connaître. Alors Ecoute. Ecoute un peu. Parce que... J'existe, tu sais. Le silence n'est pas le néant.
Moi : ...
Toi : ...
Moi : D'accord, vas-y dis-moi. Qui es-tu, Toi ?
Toi : ...
Moi : Allez, j'écoute, on fait connaissance, faut bien commencer.
Toi : ...
Moi : ...
Toi : ...
Moi : Mais vas-y dis.
Toi : Tais-toi un peu, maintenant. Tu veux bien ?
Moi : ...
Toi : ...
Moi : ...
Toi : Je suis Toi. Ton Toi que tu ignores. Qui se perd dans les attentes, les besoins, les malêtres des autres. Inconscient, souvent. Peu bavard. Mais agissant. Je suis ton centre vital. Ta fée. Ton ange. Je ne sais pas parler. Je sais créer. Je crée les événements de ta vie. Je crée les rencontres. Tout ce qui peut t'enseigner ce que tu as besoin de savoir. Je suis ton sentiment premier. Ton instinct. Ton intuition. Tes douleurs et tes plaisirs. Je te parle dans tes actes, dans ton corps, dans tout ce que tu reçois. Je suis Ta Petite Voix Intérieure, et je te demande de cesser de douter de moi, de dresser des plans sur les comètes, de m'écouter, juste m'écouter chaque jour, et suivre l'élan de tes sentiments premiers. Je suis avec toi, tout près, lorsque tu es joie, spontanéité, bien-être et amour, dans un sentiment de sécurité. Je suis loin, très loin, quand tu te retranches dans le chagrin, quand tu as mal quelque part, quand tu as peur.
Moi : ...
Toi : Tu confonds. Tu me connais. C'est moi, en toi, qui aime comme tu aimes. C'est toi qui me rejettes, lorsque c'est toi que j'aime.
Moi : ...
Toi : Et tu confonds encore. Lui, c'est tout ce que je ne suis pas, Lui, c'est toi, Il agit avec toi comme tu agis avec moi. Tu es dure avec toi, tu es dure avec moi, comme Il est dur avec Lui. Tu m'ignores, comme Il fuit dans son silence. Tu ne sais rien, comme Il ne sait pas. Que faire, que dire, comment s'en tirer... Et tout comme lorsque tu parviens à exprimer l'immense joie en toi, Il t'approche, doucement mais irrésistiblement, tu t'approches de moi, pas à pas, dans la joie, comme tu t'éloignes, de Lui, de moi, dans le chagrin et la prise de tête. C'est moi, en toi, qui a voulu ça. Qui a crée cette rencontre. Et qui a fait que ça se passe comme ça se passe. Te plains pas. Tu l'as voulu. Ne doutes pas. Ne doutes pas de moi. Tout ce qui t'arrive est bon pour toi.
Moi : ...
Toi : Petit à petit, pas à pas, d'événement en événement, et de choix en choix, tu t'approches de moi. Parfois, tu fais trois pas en avant, et parfois un pas en arrière. Mais t'y viens, va. Rassure-toi.
Moi : ...
Toi : Tu m'entends ? Tu as bien fait. Ne t'en fais pas pour Lui comme ça. Lui aussi, fait ses pas, vit ses événements et fait ses choix. Ne doutes pas de Lui. Tout ce qui Lui arrive, est bon pour Lui. Il ne peut en être autrement. Tu m'entends ?
Moi : ...
Toi : ...
Moi : Oui.
Toi : Tu me comprends ?
Moi : C'est pas dit... Sans doute de mieux en mieux...
Toi : Oui. Sans doute. Aucun. C'est encore un peu nouveau pour toi. Et l'ancien est plus rassurant, si douloureux soit-il, tu sais pouvoir faire avec, y survivre, le nouveau, c'est tout neuf, c'est l'aventure, c'est la vie, mais tu verras, tu vois déjà. Il te deviendra aussi familier que l'ancien. Petit à petit. Pas à pas. De choix en choix.
Moi : ...
Toi : ...
Moi : J'espère...
Toi : ...
Moi : ...
Toi : C'est plus simple que tu ne le perçois, mais tu verras...
Moi : ...
Toi : Tu verras...
Moi : ...
Toi : Aime-toi, et le ciel t'aimera.

Cher toi, encore et encore et encore,

Je déborde. Je déborde. Je déborde. Merci d'être là. Sans toi, je pourrais aussi bien m'y noyer. Si ça ne sortait pas de moi, si ça ne se déversait pas en Toi, je me perdrai en spirale dans un tourbillon des millions de fois plus énorme que moi.

Tu es Lui, qui ne dit rien, à qui j'en ai tant dit, mais tu es moi qui hurle au loin "Ne le laisses pas m'ignorer, aime-moi, je mérite mieux que le silence, je mérite mieux que l'absence, il n'y arrive pas, laisse faire, laisse vivre, laisse chacun guérir et pousser à son rythme, et toi, toi, aime-moi, aime-toi, guéris-toi, sur ton rythme à toi."

Il y a des chansons qui rendent dingue, à force de les enfiler en boucle. Comme il y a des gens qui rendent dingue, à force de nous enfermer dans la boucle de leurs possibles. Jusqu'à ce qu'elle nous guérissent. Jusqu'à ce qu'elles aient essoré hors de nous la dernière goûte de tristesse. Jusqu'à ce qu'ils nous guérissent. Jusqu'à ce qu'on apprenne à s'aimer, avant d'aimer. Il y a Lui. Et il y a Peter Cincotti. Son Always watching you.

"Il y a tant de choses dans ma tête, il y a tant de choses que j'ai à faire, je travaille toute la nuit, mais je n'arrive simplement pas à cesser de te regarder. Je dois continuer à regarder, à travers la fenêtre, essayant de lire tes pensées, je te regarde t'allonger sur ton oreiller, souhaitant être à tes côtés. J'essaye si fort, mais je n'arrive pas à garder mon esprit sur ce que je fais, je te regarde tout le temps. Je te regarde fermer les yeux. Et je te regarde dormir près du téléphone. Si belle, si bien, je n'arrive pas à imaginer pourquoi tu es seule. Alors je dois continuer à regarder, à travers la fenêtre, essayant de lire tes pensées, je te regarde t'allonger sur ton oreiller, souhaitant être à tes côtés. J'essaye si fort, mais je n'arrive pas à garder mon esprit sur ce que je fais, je te regarde tout le temps. Et sans jamais que tu ne le saches, je perds la tête, lorsque tu me laisses, chaque jour, parce que je me demande où tu vas, et je passe toute la journée à t'attendre, mais je sais que ça ira, je serai en train de te regarder ce soir. J'essaye de prendre le contrôle, cesser de mal faire, parce que je ne peux pas juste tout risquer, j'ai été attaché trop longtemps. Alors je dois continuer à te regarder, à travers la fenêtre, essayant de lire tes pensées, je te regarde t'allonger sur ton oreiller, souhaitant être à tes côtés. J'essaye si fort, mais je n'arrive pas à garder mon esprit sur ce que je fais, je te regarde tout le temps."

De la tristesse que j'avais, si immense, si douloureuse, ne reste plus que la joie d'avoir progressé dans mon chant. Et j'ai bon espoir. Bon espoir de me trouver en Toi. Bon espoir qu'il n'y aura bientôt plus que moi en Toi, un moi que je saurai aimer, et qui saura s'offrir cette tendresse que j'ai pour Lui, sans oublier d'où elle vient, sans l'en priver, juste Toi, Toi, j'ai bon espoir que tu deviennes sans plus de Lui, plus que moi. Que lui soit Lui, et que moi, je sois Moi, plus jamais envahie du malêtre d'un autre ainsi.


jeudi, avril 28, 2011

Pour Toi,

Un peu d'amour qui pousse les fleurs à s'ouvrir et s'épanouir chaque jour.






My poor lonesome sparring Toi,

Tu affiches une drôle de mine, tu te dessines des airs de courbatu sur un ring, ton coeur, ton âme font peine à voir. Je te vois. J'ai peine. Je sais de quoi je parle. Je te démaquillerai bien ce masque de douleurs. J'y dessinerai bien la réjouissance d'un nouveau né, qui découvrirait les grelots et les hochets. Tsiki-tsa. Dzing. Tsiki-tsa.

Allez souris, allez va, gomme tout ça. Dzing. Tsiki-tsa.

Sauvage de Toi que tu es,

Viens. Viens-là. Approche. Que je t'enveloppe, que je t'enlace, que je t'embrasse, de toute la chaleur de mon être terrestre, repose-toi maintenant, repose-toi un instant, pose-toi là, ne bouge plus, ne dis rien, emplie-toi, charge-toi d'amour, et ensuite seulement, ensuite lève-toi, marche sur ton chemin, n'oublie pas, que je suis là, que je t'aime, comme j'aime, et reviens, de temps à autre, te rappeler, qui je suis et qui tu es, te recharger, reprendre des forces, et pousser, grandir, encore et encore, dans ce grand manège de la vie, comme chaque soir on se couche dans un sommeil où on oublie tout pour se retrouver, comme chaque matin on se réveille, pour repartir frais dans une toute nouvelle journée.

Mon Toi,

Pardonne-moi. Je t'ai ignoré longtemps. Je t'ai laissé souffrir en silence. Seul. Je t'ai laissé dans ta peur d'être aimé. Abandonné à tous les vents de ta vie, toutes les tempêtes qui te harcelaient, d'en dehors comme d'en dedans. Je t'ai laissé, dans ta peine, comme le chat sauvage que tu es me le demandait.

Pardonne-moi. Je n'entends pas. Je ne t'écoute pas. Pas comme j'ai su en écouter, intimement, de toute mon attention, comme on observe, comme on contemple, comme rien n'a besoin d'être dit. Comme j'aime.

Pardonne-moi. Je ne sais pas. Je ne sais pas comment t'approcher. Sauvage que tu es.

Mon Trésor, mon Aimé,

Tu es un réceptacle pour une tendresse immense, qui n'a plus où se déverser. Tu es Lui, lui qui ne sait pas, qui ne dit pas, qui ne reçoit que du bout des doigts, qui ne m'approche pas, en rien, qui reste au loin, aussi loin que Toi, qui n'existe pas. Lui à qui j'ai finalement accordé la distance qu'il souhaitait. Ou semblait souhaiter. Va don' savoir. Mais encore, tu es Moi. Une part de moi qui subit l'autre part de moi. Une part de moi que je n'ai jamais su aimer. Jamais su écouter. Jamais entendue. Et qui elle aussi, est restée loin, très loin de ma vie.

Toi, tu es un drôle de sapré Toi. Et peut être que j'arriverai à t'écrire, entièrement. J'en ai envie. Aujourd'hui. Cette intimité échangée. Complice. Et je ne saurais où la trouver ailleurs qu'en Toi. Toi qui n'existes pas. Drôle de sapré Toi.

Aide-moi. Aide-moi à me trouver. Moi, je t'aimerai, comme j'aime. De tout mon coeur, tout passionné, tout emporté, et si longtemps, si longtemps retenu.

Si cher Toi,

J'ai tant à partager avec Toi comme je ne sais le partager avec d'autres, à distance, comme je ne sais le partager à proximité, dans l'intimité, comme je ne sais l'inspirer à personne, et que pourtant, j'ai offerte à chacun.

Ma maman, qui ne veut plus me voir, m'a offert un joli cahier. Vraiment joli. Et une carte avec des cable cars de San Francisco ailés, et l'inscription "Halfway to the Stars" en dessous, où elle dit comme ça : "Je ne sais pas si tu es, comme ces cablecars, à mi-chemin pour devenir une star, mais ce que je sais, c'est que j'ai confiance en ta capacité d'écriture (d'où le clin d'oeil du petit cahier) et que le jour où tu seras éditée la plus fière ce sera moi. Bon anniversaire à toi. Maman. P.S. J'espère que tu m'en enverras un exemplaire..."

Une star... Môman... Tout de même, cette confiance en l'écrit, 35 ans avant que ça n'arrive, et le jour où ça vient, je sais pas... Je me sens... je sais pas... Comme si décidément, personne ne pouvait rien pour briser les immenses barrières en moi.

Qu'est-ce que je veux, au juste ? Qu'est-ce que je veux faire de ma vie ? Qu'est-ce que je veux être ?

Je sais pas... je sais pas... je sais pas... A force de répondre aux attentes, conscientes, inconscientes, dites ou non-dites des autres, j'ai oublié de faire connaissance avec moi-même.

J'aime l'intimité avec quelqu'un. J'ai connu intimement tous ceux que j'ai connu. Mais personne ne m'a encore fait ce cadeau de me connaître, de toute mon intimité. Pas même moi-même.

O, Toi,

J'ai l'immense joie de partager avec toi la première lecture filmée de la première pièce que j'ai fini d'écrire, et que tu n'as encore jamais lue, mais peut être, un jour tu liras, peut être un jour, tu la verras, puisque je m'en vais l'éditer moi-même, et les comédiens la jouer eux-mêmes dans un théâtre.


Cher Toi,

Je revois des enfants, le mercredi. Je filme le making of de leur activité vidéo, et j'en profite pour filmer aussi quelques interviews pour mon nouveau site. Ca s'appelle "Créativité Naturelle - petites leçons d'enfants aux adultes de leur temps". J'aime l'idée. Pourtant, il s'avère peu simple de faire parler un enfant de 5 ans sur ce propos, sans qu'il prenne le rôle d'un éducateur de sa connaissance.

Hier, j'ai eu le temps de faire cinq ou six petites interviews. J'arriverai quand même à en tirer deux ou trois petites leçons, innocentes et spontanées comme je les souhaitais, mais les enfants sont encore intimidés, et ça se voit. Comment faire ? Je sais pas. Pas encore. Ca viendra.

Le minuscule conseil de Lina m'a touché. A la question de savoir ce qu'à son avis il nous faudrait pour être heureux, aussi bien à l'intérieur qu'elle, lorsqu'elle danse avec ses copines dans sa chambre, elle dit comme ça, en cinq petits mots bien clairs, comme une bille de verre, elle dit : "Cesser de cacher sa joie."

J'aime.

J'aime écrire comme j'aime à quelqu'un. J'aime l'intimité, dans le sens particulier où je l'entends. Ici, je n'arrive pas à écrire encore, comme j'écrivais il y a quelques années, où je pouvais me contenter, m'enthousiasmer, me passionner de tout dire dans un non dit à moitié dit sans être dit. La retenue de ce que le lecteur souhaite lire, ça me perd. Pourtant, j'ai envie. Ecrire comme j'aime à quelqu'un. Est-ce que j'y arriverai ici, cette fois, aussi librement que jamais, je sais pas. Je vais juste essayer. Pour voir. Ce quelqu'un, ça sera Toi.