dimanche, décembre 31, 2006

A ceux qui viennent là chercher la neige...




C'est dehors que ça se passe... Belles fêtes à chacun !

samedi, décembre 30, 2006

In extremis



J'aurais finalement vu la mer cette année aussi. Il était temps...
J'ai vu la mer... Comme dans un roman... Les cheveux au vent... Les désirs à nouveau vivants...
Je m'emballe. J'ai les lames de fond qui font du ram-dam ventral.

Ô Neptune... Merci... Comme la mer... Infiniment.

mardi, décembre 19, 2006

J'ai eu le chat au téléphone.

Le chat est une chatte. Mais ses maîtres en parlent comme du chat. Elle s’appelle Cat. Pussy Cat.

Il y a un an, Pussy a dû s’habituer à moi. Lorsque son maître s’est absenté, j’ai été la chercher chez elle pour la ramener chez moi. Elle n’a pas voulu. Je n’avais pas l’intention de me faire étriper par sept kilos de bête d’appartement sauvage, noirs de poils sauf pour deux amandes vertes luminescentes.

J’y ai dit :

« Tu vois bien que y’a personne là, tu vas pas rester toute seule… »

Elle m’a fait :

« Mrprrrfrrrh ! »

J’y ai répondu :

« J’te jure il reviendra pas tout de suite, et y’aura personne ici pour te donner à manger…
- Mrffffrh !
- Chasser quoi ? T’as jamais rien chassé de plus que trois pauves moineaux dénichés dans trois mètres carrés de cour bétonnée.
- Fffh !
- Ok, d’accord, c’est le moins con qui cède. Tu vois là, c’est ton panier. Pour que je puisse t’emmener là où on peut te donner à manger, et j’te dis pas les câlins, tu sais pas bien ce que c’est, mais tu verras, il faut que tu rentres là dedans. Alors moi là, j’en ai ma claque, tu veux pas m’croire, tu constateras bien. J’reviens te chercher encore demain. Si t’es pas là dedans… Astérix en péril.
- … »

Le lendemain matin, Pussy m’attendait sagement installée au fond du panier alors que j’avais fait venir le seul gars capable d’attraper le fauve : un type qu’a survécu à cinq ans d’Amazonie guyanaise. Il y va avec des gants de cuisine et cinq couches de serviettes éponges. Et il en sort les mains en sang.

Pussy The Cat… Angus en serait raide amoureux.

Elle a boudé trois jours dans un recoin de la salle de bain.

« T’es con, c’est froid là, par terre…
- … »

J’y ai fourgué mon vieux pull trois générations. Tricoté par mamie, porté par maman, et chouré par ma pomme. Depuis le temps, il s’est étiré au rang de manteau. Il est emprunt de nos trois senteurs. Elle n’en a même pas voulu. Rien mangé non plus. Des machins de luxe dans des boîtes en or ! Trois jours.

Il fallait l’apprivoiser. Ce n’était pas un chat. Ce n’était pas même une chatte. Elle ne sait pas miauler. Elle cause. Probablement un singe ou une sorcière coincés là par un quelconque maléfice. Il fallait l’apprivoiser comme on apprivoise le Renard.

Nous sommes devenues très proches. En partant, j’ai eu l’impression qu’on nous déchirait, comme Pantailaimon et Lyra, il a raison le Renard, apprivoiser, c’est délicat, c’est toujours promettre l’éternité.

Pussy est une Cat acrobate et piplette. Elle vous grimpe sur l’épaule pour changer de point de vue et jouer à l’équilibriste. Le vieux pull est devenu son paradis. Elle s’engouffrait là dedans pour tricoter, téter et ronronner comme un diesel. Si en plus on y ajoutait des caresses… Le septième ciel en est loin dessous.

Lorsque je papote avec Nours au téléphone, immanquablement, elle lui bouffe le pied, elle saute sur le téléphone, et elle m’engueule. Avec une toute petite voix toute piteuse.

Oh, Pussy… Pussy My Cat…

Espoir, espoir...

___
Exercice :

Rédige deux à trois phrases incluant deux à trois mots clés susceptibles d’intéresser les lecteurs qui t’intéressent.
___

Avec la pêche que j’ai, l’une de ces quatre saisons, j’vais ptêt même arriver, ce en quoi tous échouent encore, à réhabiliter les vieux commentaires HaloScan dans ma nouvelle version béta…

J’dis ça, en même temps j’dis rien… Allô, Blogger ?

lundi, décembre 18, 2006

Mulan

J’ai essuyé mes échecs. Le bourgeon a fini de bourgeonner, et maintenant, il va fleurir. Il est en retard. Mais Papy Gaby dirait « Je suis sûr que ce sera la plus belle fleur de notre arbre. »

L’heure a sonné une nuit, à 3h, pendant que tout le monde dormait.

J’ai ma tenue de guerre. Un long manteau noir, détendu et classe, absolument passe partout avec élégance. Col Mao, coupe courbe très féminine, boutons brodés en cordes menues. Une simple jupe noire. Presque droite. Genoux. Un peu en dessous. Un chemisier rouge décolleté, d’un pétant qui n’a jamais autant pété. Un petit pull chemisier, faux deux en un vraisemblablement à la mode. Chiné. Couleurs terre. Début d’automne. Une ribambelle de chaussures. Des ballerines rouges. Des ballerines noires. Des ballerines brunes. Des bottes. Incroyable. Des bottes à jean avec lacet là. Qui se retroussent. Visiblement à la mode aussi. Des truchins pour faire des mamuches aux cheveux. Une immense écharpe rouge en laine immense. Un maquillage nouveau. Vivant.

Ma tenue de guerre. Je m’en vais sauver mon monde sur un chemin de Passeurs qui en étonnera plus d’un. Je serais accompagnée de mon autre, de ma Sœurette, de mon âme… Nous ne pouvons que réussir.

Pourtant, ce jour, cette heure, nous ressentons un mélange d’excitation et d’angoisse qui ne rend que… des mots en niaque, voyez ? les pires, quoi… insomaniaque, monomaniaque, jailaniaque…

Qu’importe. J’ai mon déguisement. Personne ne saura les pires de l’intérieur. Ces vêtements… C’est incroyable comme l’habit fait le moine… Ces vêtements expulsent tout le charisme devant…Le plus terrifiant reste de constater que je me sens prête à l’assumer. Comme si, après n’avoir jamais joué à la poupée, après ne m’être faite fille que pour voir un gars en quelques occasions, j’avais subitement été rendue femme, en toute simplicité, en toute splendeur.

Ce soir, Padré m’a trouvée belle pour la première fois de ma mémoire.

Ma vie a changé.

La nuit dernière, vers 3h, ma vie a changé.

(... Yesss, triplegalipettes et ultrayoupi !...)

Finies, les galères. Finis, les échecs.
(...)

Ma vie a changé... Du tout au tout.
(... Yesss !...)

Puisque j'vous l'dis..!
(... Youpiii !...)

vendredi, décembre 15, 2006

(sic)



C'est cloche, les roses.

jeudi, décembre 14, 2006

Aux lecteurs qui souhaiteraient s'y aventurer, une brève mise en garde : Un non-dit dit non-lu reste un dit non-dit.

Je n’ai pas peur de l’inconnu. Je n’ai pas peur de lui. C’est moi. Je me fais peur. L’Hilda aux sept cœurs qui sévit en moi. Son passé… auquel je ne souhaite pas d’avenir. J’aimerais pouvoir dire que ça m’en exploserait au moins six, des cœurs, mais je sais que c’est faux, une impression passagère qu’ils donnent. Je sais qu’ils sont increvables. Et moi aussi. Je sais qu’une fin n’est jamais qu’un autre commencement…

Hilda me gouverne, je n’ai pas d’arme contre elle. Elle ne sommeille jamais. Jamais. Elle est fatigante, elle aussi... Un genre de vierge perpétuelle renaissant chaque fois plus brûlante de ses cendres. Elle ne carbure qu’aux histoires et aux écrits.

Là… vraiment… j’ai trop d’autres choses à faire pour redéployer l’immense quantité d’énergie qu’elle peut bouffer. Elle est con, Hilda… Elle me cause beaucoup de peines… Et puis elle me fait passer pour la plus grosse bonne poire qui ait jamais traîné sur Terre… Ca chiffonne un rien…

Ca a commencé avec Le Champion De Basket en CM2. Deux ans de rêvasseries et au bout, rien. Et puis il y a eu toute une chaîne…

Il y a eu Le Hard Rocker Des Villages Paumés en 5ème. Un an et demi d’histoires et puis rien.

Il y a eu Le Beau Laid en 2nde. Deux ans. Puis rien. Juste un premier baiser raté. Deux lettres de sa main lorsque je suis venue vivre en France. Perdues. Des cargaisons de la main d’Hilda. Envoyées. Jetées. Perdues.

Il y a eu Le Chevelu en Terminale. Un an, et puis rien. Quelques lettres échangées bien que nous nous voyions et appelions chaque jour. Que j’ai brûlées.

Il y a eu Le Coq, dernière année de fac. Premier à décider une relation écrite sans m’en avertir. Il a toujours su lui, qu’on ne se verra jamais, que c’était juste pour le rêve, qu’il avait vingt ans de plus que je n’en savais, qu’il n’habitait pas Toulon, qu’il n’était pas plongeur, qu’il était tétraplégique. Moi, je l’ai su des années après m'être déchiquetée les espoirs.

Il y a eu Le Rataire. Un suicidaire en série. Une émotion si intense, que j’en ai pondu mes premières chansons… Les yeux peints de l’âme, j’ai bobo à ma larme… Conneries. Jetées au vent. Puis rien. Une trace légère. Un butin de guerre. Ma guitare. Que j'aime à sa place. Qui a une histoire. Qui fut sienne. Qui me ressemble. Dont, même réparée, il n'a pas voulu.

Et il y a eu Bogus. Marié, deux gosses. Je l’ai tout de suite su. Un impossible pour toujours, à jamais. Mais Hilda n’a rien voulu entendre. Bogus racontait des histoires… Bogus m’emmenait faire des voyages imaginaires tous les soirs… Hilda aurait eu besoin de dix-sept cœurs rien que pour aimer Bogus. Elle se fichait royalement de ceux, palpables, disponibles, présents. Hautaine comme un empereur russe. Trois ou quatre ans de Bogus, et puis rien. Une seule fois, Hilda a eu un seul geste sur son invitation. Elle lui a coiffé les cheveux en queue de cheval. Un geste dont elle a profité. J'peux témoigner. Une fois, ivre, il m'a serrée dans ses bras pour dire au revoir. Je suis seule à m'en souvenir. Il a laissé ses mains sur mes hanches. Un temps. Rien entendu à ce qu'il disait. Et voilà. Rien. Comme dans les romans à la con. Ceux qui font croire aux happy ends. Jamais un end ne sera happy.

Sept histoires pour sept personnages. Sept amours pour sept cœurs. Ma coupe est raisonnablement pleine. Je n’en veux plus. Je sais comment ça commence. Je sais comment ça fini. Seul le développement réserve des surprises. Hilda s’en régalerait…

Je n’ai pas peur de lui. Je n’ai pas peur de l’inconnu. J’ai peur que ça ne recommence. Hilda le lorgne depuis sa troisième réplique.

« J’ai eu un joli professeur de français… »

Je lorgne Hilda depuis qu’elle ouvre l’œil.

« Tais-toi ! Pas toucher ! Couchée, Mémère ! »

Elle se contente de sourire. Garce. Et je vois bien. Tout est là pour que ça commence. La boulimie d’écrire. Les mines de rien. Le trop plein de présence écrite. Le trop vide de présence palpable. Entrecoupés de silences mystérieux, rois des aiguiseurs de désirs. Nappés de l’incapacité à me fâcher quand n’importe quel humain piquerait une saine colère.

Entre lui et moi, une importance ouvre des possibles. Ensemble, nous pourrions imaginer et peut être même réaliser des projets éclatants. Nous pourrions nous offrir une saprée balade sur le chemin des Passeurs… Si Hilda s’en mêlait, ce serait fichu. Ca finirait. Sur un rien. Un gros rien du tout. Sans laisser de trace. Il n’en resterait que ma peine. Et ma solitude. Elle s’y loverait. Ce serait sa nouvelle chrysalide. Elle l'éclaterait en renaissant.

Ô Neptune… Dieux des vagues à l’âme de fond qui font le ram-dam des entrailles et les feux de paille… Sept fois, tu as refusé… Cette fois, protège-moi…

(la vraie vie des personnages)

J’aimerais retrouver une photo… noire et blanche…

J’avais ptêt trois ans. Décors yougo fin 70’s. Genre mur noir immenses tournesols jaunes. Le topos. J’étais sur les genoux de Sacha. Je faisais semblant de fumer sa pipe. Ca faisait rigoler. Même moi. Dans les yeux. Il était grand, gros, barbu, lunetteux et, il fumait la pipe. L’odeur du tabac chaud le précédait, comme qui penserait.

Je n’ai qu’un souvenir de Sacha, témoin de mariage de mes vieux. Un yougo. On m’en a toujours parlé comme de quelqu’un de timide. Je le trouvais drôle, et joueur, et attendrissant. Pas timide. On l’avait emmené en France, une fois, chez Mamie. Il est là, mon souvenir. Devant sa maison. Sur la pente. Dans l’herbe. On jouait à cache-cache avec les autres. On était carrément caché derrière une montagne, y’avait aucune chance qu’on nous trouve. Je me souviens avoir pensé alors en le regardant me raconter ses conneries « Quand je serais grande, je me marierai avec lui, mais pour l’instant, c’est mon secret. »

Je suis grande. Je ne suis pas mariée avec Sacha. Il a quelques années de plus que mon père qui en a soixante. Il est un peu moins grand. Beaucoup plus vieux. Plus gros. Plus barbu. Plus lunetteux, certainement. Je ne l’ai plus revu depuis l’enfance.

Mais… Il est resté seul. Il n’est pas marié, lui non plus…

Alors c’est un personnage, qui sait, si les hasards avaient étés différents, si dans d’autres vies, si j’avais été la plus vieille des deux, si nous étions deux clochards, si nous étions amis d’enfance, si… Qui sait ? C’eut été joueur, drôle, attendrissant. Pas timide. Juste, gentil. Agréable. Ca de sûr.

Du coup, tous les Ours deviennent des personnages au premier coup d’œil. L’Ours Blanc Des Neiges, l’Ours en armure, Iorek Byrnison. Seulement, c’est pas si simple d’endosser la peau d’un personnage… Ca demande beaucoup de cohérence et d’attention.

mercredi, décembre 13, 2006

Scoop

Ce soir, dans les transports en commun, un homme de dos marchait tranquillement comme on rentre chez soi manger sa soupe sous un menteau trois-quarts et sous un chapeau haut-de-forme…

J’aime les gens qui savent se faire remarquer. Ceux qui, une fois que vos yeux sont dessus, ne dérangent pas votre regard, au contraire, l’invitent au beau.

Ca m'a donné envie de relire Sally Lockhart (paroles d'un libraire et de trois jeunes filles, entre douze et treize ans)... Ou Peter Pan (flash très TRES émouvant des Vents d'Ouest), peut être...

éparpillon

je suis fatiguée (aujourd’hui)… si fatiguée… failli rencontrer les pommes dans le bus… finalement, juste vu les oiseaux tournoyer en sifflotant… réveillée dans un vide sidéral énergétique… y’a des jours sans, hein ?… j’avais pas la force de voir muche, de voir nuche, de voir droo, de voir loute… j’voulais pas… j’ai vu quand même… muche et nuche sont dans le même état… droo s’est piqué un fou rire pour cause de barriques… pas normal, droo fou riant… pas normal… ou alors, j’y suis arrivée plus vite que prévu… à le dérider… loute n’a rien écrit… on a fait qu’à papoter exercice à quatre points du bac blanc de demain… un nouveau truc… vient d’sortir… j’suis pas à jour… on a réfléchi ensemble à ce qui pouvait bien être attendu de ce truc… pas sûr que je lui serve à autre chose qu’à relativiser, à cette môme… pas la force d’entendre le pauve gars de l’inspection académique avoir à m’annoncer que s’il n’avait pas mes fiches de paye du mois dernier ce lundi qui vient, je ne serais pas payée le mois prochain… d’avoir à presser les couillons qui m’ont embauchée pour qu’ils me les filent… les, oui… j’ai six fiches de paye par mois pour quoi, genre cinq cents euros… entre vingt-six et trente virements par mois pour atteindre théoriquement pas des masses de plus… j’voulais juste donner quelques cours d’anglais pour pas m’faire chier, à la base… le minimum de sécurité dans le cas où la trésorerie nationale manquerait à nouveau de chauffeur… oui, y’a quelques mois, j’ai pas été payée parce que la trésorerie n’avait pas de chauffeur, oui… un mois et demi d’agios… ça arrive qu’aux profs ce genre de connerie… prof et chômeur, j’vous laisse imaginer… ça fait même plus partie du carrosse… même, c’est comme si c’était même plus une roue… je sais plus si je vais y arriver… économiser pour la caution d’un appart’… la formation… le projet d’écriture… les cours… la paperasse… je sais plus… moune pense que je devrais me couper les cheveux… j’y tiens moi, à mes cheveux… j’ai tort, qu’elle me fait… mais j’y tiens, moi… j’aime bien, quand je me lève, le matin, quand je fais le chat, les sentir sur mes reins… j’aime bien… un petit rien... mais il a fallu des années de patience… j’ai si peu de preuves de ma patience… j’y tiens… moune me trouve pas belle avec les cheveux longs… elle aime bien les carrés pas carrés… elle aimerait me voir en blonde depuis longtemps… mais ça, c’est nouveau… ça fait des années qu’elle le pense et qu’elle ne me le dit pas… ça me rend… je sais pas… ça me rend toute… bah.

Vivement Demain !

mardi, décembre 12, 2006

(perles)


Je suis touchée… La voix du type qui fait l’animateur radio et qui dans trois minutes va se faire tuer… Mamma mia…

« Once upon a time, in a small place named La Placenta, two fine and bright people, call them Fred and Sylvia, had a baby… A beautifull girl… Normal on herself… Except for the fact that she was born with seven harts.

Midwife said :

« So, she’s got a bunch of harts. Nothing’s wrong there. »

But Fred and Sylvia were concerned. In fact, they took her to seven different doctors. Who’d given seven different opinions. Not only that, they had to pay seven different bills.

Anyway, they take her home. Keep her there. Maintain a low profile. And 32 years go by… The little girl, let’s call her Hilda, grows up to be straight, tall, pretty… and very much alone.

Due to the particularity of her internal organ's situation, she’s not terribly at ease with those male persuasions. Downright terrified. Absolutely certain that no man could love her anywhere near the intensity of feeling witch she would have with her seven harts.

So… She does the only thing she can do. She marries a friend of her father’s…

Pharmacist. Widower. Man of means. Tolerant to her condition. But there’s no passion. No love. No future…

And then, one day, a miracle happens. Hilda finds herself alone, with another man. A stranger. And she hears… fourteen harts beating…



And my name is Paul McCane, this is Hartbreak Hotline, 1040 on your radio, we’ll be holding out now and forth until 6 A.M. Give us a call at 5 5 5 hart, that’s 5-5-5-H-A-R-T.

Heartbreak Hotline, you’re on the air… »

Moonlighting (Clair de Lune), série des années 80’s, premiers rôles Bruce Willis et Cybil Shepherd, monologue d’intro, troisième ou quatrième épisode.

Well... You may call me Hilda, too...

J’avais vu ça, toute jeune, à Belgrade, en V.O. Bruce Willis... Je ne me souvenais plus pourquoi, mais j’ai toujours su que j’avais craqué pour ce type au premier coup d’œil.

En le revoyant, j’ai compris pourquoi mieux qu’à l’époque. Ceux qui ne l’ont vue qu'en V.F. n’ont pas le droit au chapitre.

Cette série a préparé mon esprit à Vian. Et au cinéma. Bruce n’a pas eu de bol, vraiment, pas su s’vendre, personne d’autre par la suite n’a saisi la profondeur de ses possibles dans le domaine des émotions. Tout ce qu’il en reste, sa voix. Et ici, peu de gens la connaissent. Cybil s'est détruite mieux que ça encore. Mais tout de même... C'était du sacré bon boulot...

Il faut revoir ça avec les yeux grandis. L’épisode avec Orson Wells est particulièrement symbolique de l’ensemble.

lundi, décembre 11, 2006

(perles)

(perles)

Les gens qui arrivent sur cette page sont parfois à la recherche de mots étonnants… Quelques exemples..?


les mots utiles ou non
banquiers sont des cons
ça veut dire quoi l'hosto

chier dans les bois

impression que procure la neige

pourcentage vaginale ou clitoridienne

pied de hermione granger



On reconnaît les mômes. Ceux qui causent à la machine. Un petit dernier pour preuve :

chercher chanson française "les filles de mon village"

Et un de plus, qui ne pouvait chercher que moi. Ce en quoi c'est étrange, c'est qu'on me cherche depuis Bratislava... Ahum...

je oh il

J'les aime bien, les gens... Ils sont drôles.

Les personnages de chair

L’imagination n’existe pas. On n’invente rien. Tout le monde sait ça. Même dans les rêves, on ne fait jamais que des liens absurdes entre les choses qu’on a vues, de nos yeux vues, entendues, de nos oreilles entendues, senties, de nos terminaisons nerveuses senties. Ce pourquoi le concept de la foi, par exemple, reste mystérieux. Les anticipations, me rétorqueriez-vous… Eh bien, les anticipations ? Jamais que des conclusions. Certains les tirent à la règle, d’autres empruntent des méandres. Beaucoup préfèrent laisser ça à d’autres.

Il y a des gens normaux, prévisibles, peu dérangeants, bonjour, bonsoir, la pluie, le beau temps, le travail, la famille, les amours, ça va, merci, et toi, dix euros s’il vous plait, adressez-vous au bureau numéro mille sept cent quatre-vingt-treize. Et puis il y a les personnages, des gens qui même en se contentant de respirer, déplacent quelque chose parmi les ordres établis. C’est des couillons, les écrivains. Des lâches. Des personnages ratés. Des envieux. Des copistes, au mieux. Ils contemplent la vie, et ils en laissent une trace. Les vrais personnages sévissent dans la vraie vie.

A chaque fois que j’en ai rencontré un, je suis restée tétanisée dans la position du lecteur. Surtout, ne pas déranger, ne rien changer à ce qu’ils sont, ne pas intervenir, ne rien gâcher. Boire leur sève à distance et se tenir tranquille. Ces gens m’ont faite sans le savoir. Parce que je suis couillonne, lâche, ratée, envieuse, au mieux, copiste. Si j’fini écrivain, ça sera leur grande faute.

A suivre, le détail du gros…

Papillote de Pluton

J’étais en CM2. Peut être même en CM1. Lui était grand. 4ème, voire 3ème. Les quatre, en fait. Il jouait au basket dans la cour de l’école pendant des heures. A force de le regarder, je suis tombée amoureuse.

C’est alors que j’ai commencé à me raconter des histoires d’amour pour m’endormir. Il pouvait se passer des mois sans que l’histoire n’arrive au premier et dernier baiser.

Je ne l’ai jamais rencontré. Il ne savait pas que j’existais. Mais moi je le connaissais comme mes deux alphabets. J’ai tout appris de lui en le regardant jouer au basket. Où il sortait. Avec qui. Où il habitait. La composition de sa famille. La musique qu’il écoutait. Son numéro de téléphone. Son humeur du jour. Son signe astrologique. Ses joies, ses peines. Tout. Il ne s’en est jamais rendu compte. Je m’approchais juste parfois, juste ce qu’il faut. Je le suivais, parfois, lorsqu’il partait avant que je ne doive rentrer, et qu’il n’allait pas trop loin. Je le voyais tous les jours. Lui, même les rares fois où il a croisé mon regard, n’a rien vu. Pour devenir invisible, le truc infaillible est de le vouloir fort.

Deux ans ça a duré. Quand le gardien avait décidé de fermer l’école après la classe, j’ai pleuré comme une madeleine toute la journée. Heureusement, ça n’a pas duré. Y’avait déjà bien assez des vacances d’été…

Un jour, ma grande sœur bulgare est venue nous rendre visite. J’ai pas su tenir ma langue. Je lui ai tout raconté. Elle m’a fait « Mais t’es folle ça fait deux ans t’as son numéro et tu l’appelles pas vas chercher le téléphone tout de suite vas. »

Je me suis laissée tentée. Nous avons parlé longuement, vraiment, très, il faut du temps pour raconter deux ans, des heures, et je lui ai tout, tout dit, j'ai dû même lui raconter une histoire de bonne nuit. Il m’a fait « Quand est-ce qu’on se rencontre ? »

J’ai eu un sursaut de joie. Et puis la seconde suivante, j’me suis faite la plus grosse surprise de ma vie. J’ai cessé de l’aimer. J’ai dit « Jamais. » Et j’ai raccroché.

S’il m’a cherchée, il ne m’a pas encore trouvée.

dimanche, décembre 10, 2006

(sic)

Texto : Comment ce fait-est-ce ? Tes kleenex sentent la pastèque !

SMS : huhu =) 1 stèrmy 2 plusse. surman 1 minimoy kia enkor chié ddan.

Hé. C’est toujours la faute à Besson. Celui-là, dans la vie, il aurait dû faire coupable, comme métier. C’est ptêt ben pour ça qu’il n’arrive pas à s’arrêter d’crier « Coupez ! »… Hé.

Comme un dimanche

J’aime rencontrer des gens. Comme ça. Au hasard. Sans suite. Parfois, c’est vrai, avec des intentions, alors une suite s’impose, et le hasard dispose.

Chaque être est une surprise. Chaque rencontre ouvre tout un bric-à-brac de possibles. Parfois peu. D’autres beaucoup. Il peut arriver aux chanceux d’y voir l’infini.

C’est après que ça se corse. Il y a plein de gens que je rencontre avec lesquelles je ne fais pas connaissance. C’est comme n’importe quelle connaissance. Je ne saurais jamais faire une terrine façon femmes actuelles, ultra-light, ni d’ailleurs une terrine mémère. Je ne saurais jamais ce qui est écrit dans ce bouquin en ancien français qu’on m’a fait acheter cher pour que dalle. Je ne saurais jamais ce que c’est que de quitter la terre pour se lancer sur orbite. Je ne saurais jamais de quoi sont faits les rares médocs que j’avale et je n’avalerai rien sous prétexte que y’a du potassium dedans. Pourquoi s'encombrer la cervelle de trucs stérilisés ? Le corps, quand il veut du potassium, il demande une banane. Comme tout l'monde. Chaque connaissance ouvre tout un bric-à-brac d’impossibles.

On ne sait pas tous ce qu’on veut, mais tous savent ce qu’ils ne veulent pas. Ceci dit, je pensais ne jamais faire un steak tartare de ma vie, j’en ai fait un pas plus tard que cet été, excellant, paraît-il.

Bref, c’est comme ça.

Il y a des gens que j’aime rencontrer. Il y a des gens que j’aime connaître. Parfois même, sans jamais les rencontrer...

J'vais vous raconter...

(sic)





(Ma Petite Voix Intérieure : Tu vas pas…
Moi : Ta gueule ! Je vais !
Ma Petite Voix Intérieure : Ah bon… Ben vas-y…)





Heu… Voilà… J’y vais…


J’y suis presque…


J’vais y arriver…


Pfffiou…

(Ma Petite Voix Intérieure : Ha ! Dégonflée !
Moi : … C’est que… Il va me faire de la peine, hein.. ?
Ma Petite Voix intérieure : Y’a des chances, poulette ! Y’a des chances…)





Image : E. Bilal

samedi, décembre 09, 2006

Non parce que vous savez pas la dernière ?

Robien supprime l’enseignement du français en France. Oui. Ca sera le seul pays sur terre à étudier sa propre langue étrangère. Des années que ça mijote… Là, il y va à la hache. Socle commun français, histoire, cliquage.

Déjà, l’année dernière, Université de Nancy, M. Pacôn Pabête, grand savant du domaine linguistique, pédagogue de renommée mondiale, et novateur dans les conceptions grammaticales (rendez-vous compte… une grammaire évolutive… pour une langue vivante… est-ce que ça ne sonne pas plus véridique que les décrets académiques du dix-huitième siècle ?) a eu bien du mal à capter l’attention de ses étudiants… On a galvaudé les facs en les faisant passer pour pas profitables. Mais où ailleurs, chercher le savoir ? Plus personne de ma génération et des suivantes, ne cherche le savoir. Il faut que ça rapporte du papier. Un diplôme, un contrat, une belle collection de billets. Point barre.

Je me souviens de ses premiers mots, et des suivants, « Nous sommes deux générations différentes. Nous ne parlons pas la même langue. » Et il est si vrai que je n’arrive jamais à m’entendre avec les gens de mon âge… Il est vrai qu’ils comprennent si peu… Il est vrai que les mots leur manquent. Ce pays n’éduque plus son peuple au meilleur de lui-même. Ca ferait honte à ceux qu’il érige en Héros des Lumières. Imaginez Voltaire devant le fameux anglais de Raffarin… Ha !

Où va le monde si dans le pays le plus argumentatif qui soit plus personne n’a les moyens de s’arrêter pour réfléchir ? Si plus personne ne s’intéresse au savoir des vieux sages ? Les paradoxes du progrès… D’un côté, du stockage d’infos en masse, et de l’autre, pas un gramme de liant pour rendre tout ça utile. Je ne parle pas d’utilité immédiate. A part les écolos, pressés par les anticipations catastrophiques, qui encore voit à long terme ?

Les horizons sont bouchés. Il faudra bien que ça pète. S’il faut voir le pire pour avancer, en voilà un : les peuples qui en apparence ne sont pas éduqués sont éduqués à la tyrannie.

Je sais de quoi je cause. J’ai été éduquée à l’ignorance, sous le regard bienveillant mais intraitable de Tito, présent chaque jour au dessus des tableaux d’école. Parfois, j’ai l’impression qu’il me surveille encore, d’au dessus.

Taquinerie

Si on jouait à détourner les moyens ? Laissez-moi rêver deux secondes… L’Empire du Grand Nabot réduit en cendres par lui-même… Oh oui ! Je jouie !

J’ai appris un truc hier. Voyez les liens qui sortent en premier sur la liste des résultats d’un moteur de recherche ? Ca se paye, je me doutais bien. Mais comment ?

Ebé ça s’paye au click. C’est un système d’enchère basé sur un objectif de bénéfice. On mise sur la quantité de clicks qui rapporte le plus. La somme de départ dépend bien sûr de la hauteur de l’objectif. Autrement dit, si l’estimation du nombre de clicks à obtenir est dépassée, les bénéfices dégringolent.

Or donc, vous n’êtes pas sans savoir que l’UMP raque pour apparaître sur la liste des liens commerciaux d’une recherche sur le PS.

Rêvez voir deux secondes avec moi… Tous les matins, au café, 15 000 personnes cliquent sur le lien… Fois trente jours le mois en moyenne… Fois le prix du click… En combien de temps arrivent ont à leur couler leur boîte à vendre du poix chiche ?

Chiche..?

A vos souris !

« Ne réveillez pas l’homme qui rêve, il peut devenir fou. »

Qui fait attention au sommeil des autres, levez la main ?

C’est précieux, le sommeil… Moune travaillait la nuit à une époque, quand on était petits. Elle se couchait le matin et se réveillait en début d’après-midi pour venir nous chercher à l’école. Parfois, nous assistions à ce mystère, à cette nuit diurne… Une ambiance étrange, dans mon souvenir, une brume matinale par-dessus… Le calme. Le silence. Le souffle de maman. Ses joues. Ses yeux clos. Il y a un sentiment particulier à regarder dormir ceux qu’on aime. Ca surprend, l’immobilité. Ca vit, on voit bien que ça vit, mais… C’est comme si ça vivait ailleurs. Un ailleurs fragile, capable de s’évaporer au moindre geste maladroit.

Moune est infirmière. Lorsqu’elle dort, elle renaît. Elle ne nous a jamais vraiment parlé de son métier. Que des bons moments. Ou alors, s’ils étaient tristes, c’est qu’ils étaient malgré tout drôles et beaux. Elle vous raconte ça avec ses grands yeux, ses grandes expressions, toutes ses voix et tous ses tons, comme si vous y étiez. Il ne faut jamais lui demander de raconter. Elle n’a jamais voulu croire qu’elle savait le faire. Nous, nous avons a toujours su. Nous avons appris à attendre la surprise. Malgré l’apparente légèreté de ses anecdotes, nous ressentions tous les pires qu’elle a du traverser. Juste une fois, elle m’a dit « Tu peux faire tout ce que tu veux de ta vie, tout, juste, ne choisis pas infirmière. C’est trop dur. » Et le ton disait « Je ne veux pas que l’un de vous ait à traverser ça. Votre souffrance serait mon chagrin létal. »

Je lui en ai causé quelques uns, à mon adolescence, de ces chagrins. Ils sont aussi miens. Le cercle vicieux des culpabilités montées sur le principe des vases communiquant.

Mais j’ai, chaque jour, chaque nuit, fait très attention à son sommeil. Lorsqu’elle dort, elle renaît. Et aussi à tous les sommeils de tous ceux qui ont dormi. Très, très attention…

Je ressens le réveil comme une agression. Il se doit d’être tout en douceur. Lorsque quelqu’un n’y fait pas attention, même s’il ne fait pas beaucoup de bruit, c’est l’adrénaline qui me réveille. Le cœur qui bat fort. Je peux devenir dragon. J’ai l’impression que, selon ce qui se présente, je pourrais aussi bien tuer. Shoot first. Ask questions later.

Je n’aime pas être réveillée. Je n’aime pas réveiller. Je n’aime pas la violence.

Yesss ! Yesss et triplegalipette !

Lyra Parle d'Or au cinoche, ça vous dit rien ? C'est pas une nouvelle, ça ? C'est pour décembre prochain seulement, mais...

On va s'en prendre plein la vue, plein les sens, plein l'imaginaire, plein l'spirituel... Nicole Kidman habillée en Mlle Coulter est la promesse d'une réalisation bien sentie. C'est si évidant que c'est elle !

En avant le suspens... Je ne vois qu'une solution pour en supporter un si long : relire les trois volumes de La Croisée des mondes une septième fois. Phillip Pullman. Folio Junior. Pour les curieux.

vendredi, décembre 08, 2006

(sic)

Moi : Alors ? Hein ?
Ma Petite Voix Intérieure : Ben heu… C’t’à dire…
Moi : Quoi ?
Ma Petite Voix Intérieure : C’est jamais que des mots…
Moi : Quoi ? !
Ma Petite Voix Intérieure : Doit faire ses preuves.
Moi : Oh là là…
Ma Petite Voix Intérieure : Et puis, d’abord, pourquoi tu veux me convaincre ?
Moi : Mais pour que t’arrête ! Arrête ! N’importe quelle chose moche peut être transformée en quelque chose d’agréable. C’est fini, les choses moches. Y’en a marre de voir moche. Tout, tout est transformable !
Ma Petite Voix Intérieure (chantonne) : « Où sont passées les joooliiies choooses… »
Moi : Voilà. Ca. Arrête ça.
Ma Petite Voix Intérieure :
Moi :
Ma Petite Voix Intérieure :
Moi : Une fois, tu m’as fait écrire une connerie du style « Et pourquoi que ma vie elle est pas comme dans les livres, comme dans les films, comme dans les chansons… »
Ma Petite Voix Intérieure : Oui, d’ailleurs, pourquoi toujours pas ?
Moi : Mais parce que toi ! Laisse-moi l’écrire comme j’la trouve belle ! Laisse-moi…
Ma Petite Voix Intérieure :
Moi : Ce n’est que ça la vie, tu sais. Le choix des mots dits.
Ma Petite Voix Intérieure : Oh. Eh. Hein.
Moi : Pf.

Enfin, fini...

A-t-on jamais fini d’étouffer ? Disons que j’étouffe mieux, pour d’autres choses. J’ai cette furie d’écrire… De dire… De devenir… D’être moi… Le meilleur de moi… Ca me coince le sternum. A nouveau, cette nuit, je n’ai pas pu dormir.

M’enfin quoi. Me suis reposée deux mois. Au boulot !



Dessin : D. Pennac

La mousse


Qui a déjà lu saura que ce n’est qu’interprétable. Qui n’a pas, peut vérifier : La Mousse

Je crains le hors sujet pour ce devoir. Il s’agit d’interpréter le texte en travaillant la matière. L’Ancêtre Pataphysique manque, en l’occurrence son penchant prof des Beaux Arts. Il m’aurait poussée plus loin. J’aurais fait mieux. Deux mois que je bloque là dessus…

J’avais commencé sur une plaque de polystyrène. J’en avais trouvé une pile poil format raisin. Il a neigé dans tout l’appart le temps de gratter la première couche bulle par bulle. Lui, était à l’hosto. Deux mois qu’on préparait mon départ, de façon à ce qu’il soit en mesure de soulager son fils en retrouvant un maximum d’autonomie. Deux mois, en totale contradiction encore avec ce que je suis. Deux mois, à ravaler mon impulsivité, ma colère, ma liberté, ma méchanceté.

Et lui, genre, deux semaines avant mon départ, qu’est-ce qu’il nous fait ? Un week-end dégobillage en bonne et due forme. Du matin au soir. Du soir au matin. Du vendredi, au dimanche. J’en pouvais plus, moi, alors lui… Son médecin ne paniquait pas, samedi matin, elle a conseillé un anti-vomitif et, si ça ne passait pas, une visite des collègues SOS. Le petit jeune a palpé, a dit « C’est pas organique, une bonne gastro peut être, faut attendre lundi. » Tout fier, il a demandé ses cinquante euros et s’est barré. En me laissant l’Ancêtre, le seau et le désinfectant sur les bras. Il remplissait le seau. Je vidais. Je nettoyais. Il remplissait… 42 heures de rang.

Dimanche, j’étais à bout, complètement paniquée, prête à dire ce qu’il faut pour qu’on l’emmène même si c’est faux. Ca s’voyait, ‘naise, ça s’voyait, il n’avalait rien, et il continuait à dégobiller, comme si tout le volcan de sa vie libérait son corps. J’ai secoué un rien le corps médical. Il a été opéré dans la nuit. Hernie inguinale étranglée. On aurait attendu lundi, on aurait fini d’attendre à jamais. Ca doit être opéré dans les 48 heures.

Il aurait été là, à me regarder gratter mes bulles, il se serait marré comme un phoque. « T’es vraiment qu’une enculeuse de mouches » il aurait dit. « Fais gaffe à tes ailes, alors. » j’y aurais répondu.

Au lendemain de l’opération, il s’est réveillé, il a demandé du champagne et du homard à l’américaine sans tomate. Ca en a fait la coqueluche du service. Le médecin, après consultation du dossier des six mois d’hosto préalable, a demandé quel était le neuropsychiatre qui avait fait la stimulation. L’Ours a répondu « Oh, vous connaissez sûrement, c’est le docteur Popette ». J’étais fière, mais ça m’faisait une belle jambe.

Dix jours d’hosto, et je l’ai retrouvé presque comme au premier jour, tout était à refaire, j’avais une semaine devant moi et plus aucune, mais alors aucune patience. Je lui ai dit tant de mots durs… Des mots qu’il fallait dire, mais avec un autre ton… « Le ton est ce qu’on emploi pour dire ce que l’on ne dit pas » (dixit un personnage quelconque d’Ally McBeal…. ben quoi ?) Et le mien disait toute mon exaspération. Toute ma rage. Tout mon besoin d’évasion.

J’avais mis un fond pierre, et une nana verte dessus. Une première couche d’acrylique. J’osais pas, les huiles. J’sais pas pourquoi. J’osais pas. Il est rentré. Il a vu. Il a fait « C’est quoi ? » J’ai expliqué. Il a dit « Le gris est terne et le vert insignifiant. Tu peux recommencer. »

Je n’avais pas eu le temps. Trop occupée à la fois par ce qu’il y avait à faire et les maigres échappatoires que j’avais. J’m’enfermais dans la cuisine. Cachée par terre, dans un petit coin. Des fois qu’ils oublieraient mon existence…

Je devais partir tranquillement le samedi. La plus part des affaires étaient déjà chez les parents. Il en restait un peu. Jeudi matin, bien qu’il savait que je n’arrivais à dormir que trois heures par nuit, il m’a réveillée pour une minuscule crotte dans sa couche une heure avant mon réveil. J’ai essayé de lui expliquer que c’est injuste. Que je ne suis pas infirmière. Qu’on n’est pas à l’hosto. Qu'il aurait pu attendre une heure. Il a maintenu « Tu veux que j’fasse quoi ? J’avais pas l’choix. J'étais dans la merde. » C’était trop. Moi aussi, j'étais dans la merde, et j'étais seule à me torcher. J’ai plié bagages en catastrophe. J’ai dit « J’peux plus m’occuper de toi comme il faut, alors je m’en vais. Promets-moi… Tu feras attention à ton fiston ? » Il a promis. « Ne t’en fais pas, et merci. » Le soir, j’étais dans le train. Et depuis, l'Ours est seul, avec tout ça, et bien plus encore. Et depuis, j'essaye de ne pas y penser.

Impossible de transbahuter la plaque polystyrène d’un centimètre d’épaisseur et un demi-mètre carré de surface. Je l’ai fracassé.

Ca fait deux mois. J’ai osé les huiles. J’en ai enfin terminé avec « La Mousse ». La prof de l’école à distance a dit « L’important, c’est qu’on sente l’étouffement. »

Voilà. C'est sorti. J’ai fini d’étouffer. Que ça se voit ou pas, j’ai fini.

Et j’ai pardonné.

(L’huile est ratée mais, n’empêche, j’aimerais bien avoir les mamelons de cette nana là, moi…)

(sic)

Elle : Oh, j’ai le talon qui me gratte, ça veut dire quoi ?
Moi : Heu… Le gauche, c’est que tu vas voyager. Le droit, tu reçois des invités.
Elle : Non, mais en réflexologie.
Moi (m’étant offerte un jour un relaxologue et un bouquin type réflexologie pour les nuls) : Attends, j’vais t’dire ça.

(Déterrant le bouquin minus.)

Moi : Alors le pied… Heu… Attends…
Elle : Quoi ? Quoi ? Qu’est-ce que j’ai ? !
Moi : Non mais attends, faut que j’réfléchisse avant de prononcer ça.
Elle : Ben dis-moi !
Moi : Alors… C’est… la… valvule… i… léo… caecale…
Elle : Hein ?
Moi : La valvule iléo-caecale, oui.

(Plus tard…)

Moi (l’ayant saoulée de paroles syntaxiquement tordues déjà plus qu’il n’en faut) : Ah tiens, moi c’est le pousse qui me gratte. Le pousse droit… Fais voir ce que c’est… Ha ! Le cerveau !
Elle : Tricheuse, j’suis sûre que tu savais…



(Même pas vrai. J’le jure devant témoins.)

Et de trois.


Agadir… Des gens si accueillants que je m’y suis sentie chez moi. Moi. Un château ni sur ciel ni sur terre. Nul part chez soi depuis que ses racines ont poussé les unes à trois mille kilomètres des autres. Là-bas, j’étais la plus belle, la seule femme au monde, c’était écrit dans les yeux de chaque homme que les miens croisaient.

Nous sommes allés manger des gambas fraîchement pêchées. Un truc organisé, deux autres couples présents et transports effectué par gars de l’hôtel. Un couple de jeunes toulonnais profs de lycée pro, totalement inintéressants de par leur désir de mettre de l’ordre partout et leur satisfaction de ce que le FN a accompli dans leur ville. Un autre, d’un âge moyen, venu de la montagne et dégoûtés de ne pas avoir pu vivre ce moment dans l’intimité. Et puis nous. L’Ours, mondain et moi, dans mon monde.

Je faisais couleur locale, façon touriste bien disposée. Aux jambes des shalvaré, pantalon façon turque, ample se nouant sur le côté, aux hanches un châle à franges discrètes, aux seins, un débardeur fin bordé de dentelle et aux épaules un gilet léger attaché juste en dessous par deux rubans de soie. Les cheveux, jusqu’au cul, toujours libres de prendre le vent. Les deux autres, la jeune et la moins jeune, portaient des vêtements tout ce qu’ils y a de plus occidentalement estivaux.

Le gars de l’hôtel, après avoir fait sa petite tournée de ramassage, nous a emmenés au restau. Nous avons grimpé un escalier bordé d’arbustes fleuris. Le gars a cueilli une fleur et l’a sentie. J’ai imaginé la fille, travaillant dans ce restau, qui la recevrait. Un geste de rien, un glissement délicat et furtif de pétales entre dix doigts qui s’effleurent, imperceptiblement, brisant un interdit par le simple fait de leur intimité.

Une fois grimpés, ils nous a souhaité une soirée agréable, et m’a tendu la fleur avec le sourire des gens ensoleillés.

Jamais je ne me suis sentie aussi belle. J’ai même osé poser la fleur devant mon assiette pour narguer les deux autres. Vilaine fille…

jeudi, décembre 07, 2006

(sic)

Ma Petite Voix Intérieure : Aha... Mais dis-moi... qui est-ce que tu crois convaincre, comme ça..?
Moi : Ben toi, ma Nuche. Toi.
Ma Petite Voix Intérieure : Ha !
Moi : La ferme. J'ai pas fini.
Ma Petite Voix Intérieure : TripleHa !

De deux.


J’étais encore enfant quand un corps de femme m’a poussé. J’avais quoi, dix ou onze ans. Je n’aimais pas du tout les regards des grands Yougos salaces, ceux qui osaient l’exprimaient de façon si vulgaire que c’en était du viol. J’y captais rien, mais je n’aimais pas ça. Une fois, j’ai été aux toilettes pendant un cours. Un grand blond de 3ème et ses potes s’y trouvaient. Il avait un bonnet sur la main, l’une dans l’autre, il m’a tripoté les nénés genre pour voir comme mon sweet velours était doux. J’ai déguerpis aussi sec. Ils se sont marrés. P'tits cons...

Voilà le genre de « fleurs d’Agadir » que j’ai pu connaître là bas.

Mais, un an après que je sois venue habiter en France, nous avons fait un tour de Bretagne en famille. J’avais 17 ans. J’m’étais faite un look si-t’approches-c’est-qu’t’as-peur-de-rien. J’ai découvert une autre espèce de pétalidé, bien plus agréable. Me suis moi-même transformée en fleur bien rouge pour le coup. C’est assez précieux, puisque c’est unique. C’est mon unique pique-fard.

La Familia était en train de se choisir des galettes. Mon choix était déjà fait. Mes pensées ont du se perdre en attendant les autres. J’avais le menton dans la main, le coude sur la table, quelque chose de tout à fait mal élevé qui seyait parfaitement à mes écrase-merdes, mon t-shirt Soundgarden, et mes Lennon bien rondes à verres roses triangulaires. (Oh comme je les regrette, celles-là… Allez savoir où la Seine a bien pu les emporter…)

C’est alors que c’est produit l’événement le plus inimaginablement incroyable, une surprise inoubliable, un cadeau immense… Un serveur m’a fait un bisou sur la joue en passant. Et aux parents, les yeux grands et la bouche béate :

- Excusez-moi. Mais vous lui avez fait une joue irrésistible.

Et pof. Il s’est barré. Plus jamais revu.

Pourquoi est-ce que ces petites intentions-là sont toujours si faibles face aux moqueries ?

mercredi, décembre 06, 2006

Fleurs d'Agadir

J’étais là, dans la rue, à m’dire « t’es moche, t’es con, t’es pauvre, tu pues », avec le vieux duffle-coat qui n’a plus que le premier bouton de bois et que ma grand mère de 85 ans portait déjà après guerre pendant les récréations dans la cour de son école de village paumé, des fausses Clarks, c’est moins beau mais ça coûte moins cher, la guitare sur le dos, une besace d’été par dessus le tout, sans avoir eu le temps de prendre une douche parce que tombée du lit au dernier moment ce qui a tendance à me mettre de très très mauvais poil. Bref. J’faisais la gueule et j’marchais babouin. Du moins, j’en étais persuadée. Comme quoi, la perception reste affaire de circonstances…

J’arrivais à un rond point. Une bagnole Europcar en faisait le tour. Le chauffeur m’a fait signe de phares et signe de main. J’ai pas vu la tête. J’ai fait signe. J’suis polie. Même si c’en est encore un qui m’a prise pour une autre. J’connais personne t’manières. Même. J’suis polie.

Ben ‘naise… Le gars… Il a fait demi tour ! Il s’est garé ! Il est venu me dire ! Il a pris le temps de me dire…

- Je vous ai vu au rond point…
- Je vous ai vu aussi.
- Je voulais juste vous dire combien je vous trouve belle.
- Oh… Vous allez faire ça ? !
- Oui. Vous êtes très belle.
- Merci. Ca me fait très plaisir. Vraiment…
- C’est quoi ? C’est pas des cheveux que vous avez ? C’est de la soie ?

Mmmh… C’est si rare… C’est si bon… C’est tellement depuis toujours que le monde me trouve moche… J’y crois… Dur comme subjonctif imparfait… C’est comme si c’était vrai…

J’ai encore deux souvenirs comme ça. J’oublie tout le temps. Je vais les ranger ici sous le label de la fleur d’Agadir.

Si j’en ai sept, un jour, je deviendrai Aphrodite et j’vous zemmerd’rai tous ! Ainsi soit dit.

Mes sept nains

En cours de français…

Il y a Loute. 15 ans. Terriblement persuadée de ne rien valoir. Nulle, moche, et con. C’est si rare d’accumuler les trois, qu’elle en devient exceptionnelle. Si je le lui disais, elle me répondrait invariablement, sans même voir que ce n’est pas un compliment : « Vous dites ça juste parce que vous voulez être gentille. » Je promets solennellement de ne lui faire plus que des compliments sur ton méchant.

Il y a Lyra, 14 ans, reine des grandes belles phrases emportées. Chaque semaine, elle se pond sa petite prose, d’abord sur un brouillon papier tout fleuri de couleurs, fertile à souhait, puis au propre, sur papier, puis encore une troisième fois, sur traitement de texte. Inutile de préciser comme j’en profite, d’autant que l’on sait que je ne me gênerai pas pour néanmoins le raconter, à l’avenir.

Et il y a Nuche et sa jumelle Muche, 12 ans. Très complices, très différentes, très semblables, très enthousiastes, très accueillantes, très taquines, très drôles, très joyeuses… vivantes ! Très !

En cours d’anglais…

Il y a ces deux-là, aussi. Elles préfèrent largement l’anglais. On rigole plus. Des chansons, des films, des balades dehors… C’est comme fait pour elles.

Il y a Pépette, grande pépite toute brillante. 14 ans. Me dépasse d’une tête. Quand elle sera encore plus grande, elle sera kiné. Pour l’instant, elle veut apprendre l’anglais comme elle ne l’a jamais appris à l’école. Elle me rappelle les souvenirs de mes 13 ans… On se mate Dirty Dancing et on chante Anastasia. J’en sors toujours éblouie par la simplicité du bonheur.

Et il y a les deux garçons. Droo et Py. Ils ne se connaissent pas, mais j’vous les fait deux en un. C’est les mêmes. L’adolescence pointe, avec son traditionnel effet tonitruant chez les garçons en 3ème : ils retiennent tout ! Pas un sourire ! Pas un mot sauf si couteau sous la gorge ! Pas une émotion ! Pas une remarque ! Répondre autant que possible avec la tête et les « Heu… » ! Surtout, surtout, ne pas bouger d’un cil de sa chaise ! Disparaître ! Ils sont tellement dans la retenue, j’suis sûre qu’ils arrivent même à retenir leur acné… Droo et Py. Sacrés gaillards… Je les aurai ! J’ai déjà arraché quelques lueurs d’existences à leurs regards. J’y arriverai !

Le merveilleux a-t-il besoin de l’ignorance ?

Question hautement problématique pour Loute, suggérée par Voltaire. Loute est une jeune fille qui prend des cours de français en 1ère L. A domicile. Comme si y’avait pas assez de boulot. Ca m’hallucine toujours, les Franchouilles et la pédagogie. Bonjour les générations de workaholics incapables de rester deux secondes en leur propre compagnie… Les sociétés de soutien scolaire ne font que profiter d’un bas phénomène de société. Les riches se déchargent la conscience. Ils ont payé pour que ça marche. Il faut que ça marche. Les pauvres culpabilisent de ne pas pouvoir offrir la même à leurs gosses. S’ils n’apprennent rien alors qu’ils passent toute la sainte semaine en classe, c’est la faute à pas de sous.

J’ai tort de faire ce boulot. J’étais ignorante. J’n’y voyais que le merveilleux des relations pédagoguenardes privilégiées. Mais je me suis engagée jusqu’à juin. Alors ? Face à la connaissance du sujet, devrais-je laisser de côté mon merveilleux ?

On devrait arriver aux mêmes conclusions au sujet du Père Noël…

J’en ai marre. J’en ai marre. J’en ai marre.

J’en ai marre d’être pauvre, de crapahuter sous la pluie en bmdoublepieds sous prétexte que j’ai pas un euro pour un ticket de bus, d’abîmer les chaussures neuves censées durer entières deux ans, de manger une fois par jour, de rêver de mon chez moi sans un sous de côté possible depuis deux mois.

J’en ai marre d’être con, de le faire savoir à tout le monde, d’attendre, de fuir, de flipper, de rien fiche, de régresser (j’dis pas l’bord’aile que j’ai foutu dans ma piaule, un monument immense à mon bordailisme d’antan.)

Plus que tout, j’en ai marre de moi, de mes façons de faire, de mes façons de dire, de mes façons de réagir, de mes façons de ne pas régir ; de ma gentillesse, de ma paresse, de ma disponibilité, de mes « oui, oui y’a pas de problème », de l’absence de mes « non, j’peux pas » ; de mes préférences pour l’écrit, pour le silence, pour la solitude…

Ouh ! que j’en ai marre…

mardi, décembre 05, 2006

L’échappatoire



Ben comme ça, c’est dit. Voilà ce à quoi j’échappais cet été. Aujourd’hui, je me suis bel et bien évadée, je n’ai plus de maison, je n’ai plus d’homme, je n’ai plus de petit vieux à dorloter, je n’ai que ma vie, à construire encore, toujours, un nouveau bail d’un an, quelque part, peut être avec quelqu’un, peut être renouvelable, qui sait…

Tout est à nouveau dicible, tout sera à nouveau dit, plus librement que jamais puisque tous les lecteurs ont déguerpis lire ailleurs… Le rêve de l’écrivain pépère…

A suivre :

Une image plus glorieuse du Nours et de l’Ancêtre Pataphysique, ils le méritent bien…

Peut être aussi, l’histoire d’un cygne… Peut être…

Une formation en tout cas.

Une écriture secrète.

Et d’autres mômes, moins nombreux, mais de qualité.

(flash back : 14 juillet 2006) Bande d’ingrats Vs Mur des lamentations...

M. Pataphysique a été nommé. C’est le père de mon Nours, qui, du coup, aura un nom aussi. Ma vie, depuis quelques mois, se limite à la leur. J’ai trente ans, mon homme cinquante et l’ancêtre quatre-vingt. Comment en arrive-t-on là ? Par amour de l’autre ou par haine de soi ?

Je suis profondément solitaire. J’ai besoin de ma dose de moi chaque jour. Deux semaines que mes seuls moments de calme sont ceux où j’ai écrit ces maigres articles. J’ai largement dépassé mes limites. Les angoisses m’empêchent de dormir même si la fatigue me ferme les yeux. Violente contradiction. J’ai des relents de chiale toutes les cinq minutes.

Résumer les parce que. Si possible.

Je fais à mijoter de la cuisine de gourmet non parce que je le suis, mais parce que, M. Pataphysique ayant été fin sur de nombreux points d‘arts, les recettes subtiles font naturellement partie de son rétablissement. Après six mois de cantine d’hosto, c’est bien la moindre des choses. Fini le vite fait bien fait. Compter une heure minimum pour concocter de simples oeufs brouillés. (Pour les adeptes du micro-onde : ceci est possible lorsqu’il faut émincer des girolles façon papier à cigarette, et les échalotes en lamelles de 1mm/5mm).

Je fais le ménage toutes les heures non parce que je suis maniaque, mais parce que M. Pataphysique chie, pisse, renverse, mange, vit. Sinon, je suis bordélique à souhait, plutôt douée pour le ménage en gros, une fois par mois les saisons de plein courage.


Je me lève très tôt parce que M. Pataphysique se lève tôt et me couche très tard parce qu’il rechigne à se coucher même tard. Je ne l’oblige pourtant pas à dormir. Il peut aussi bien fumer sa pipe et regarder la téloche dans sa chambre.

Ca prend une demi-heure pour le lever, le temps de vider la poche d’urine, mettre les contentions aux pieds, l’habiller, lui faire faire sa toilette. Une heure s’il y a eu accident dans le lit.

Ca prend trois quarts d’heure pour le coucher, le temps de le convaincre, le temps qu’il passe aux toilettes, le mettre en pyjama, enlever ce qui est mis le matin, vider la poche d’urine.

Je lui parle de fleurs, parce qu’il aime les fleurs. Je le laisse se plaindre, parce qu’il aime se plaindre. Je le laisse parler du pire, parce qu’il aime le pire.

Je m’oublie, parce ma vie, ce que je suis, l’ennuie.

J’encaisse le stress de mon Nours parce que c’est la folie à son taf. Je supporte plus ou moins (moins) bien sa façon de s’énerver sur moi pour me dire qu’il est excédé, 37 fois par jour. Je lui épargne le plus dur à vivre pour un fils.

Autrement dit, je fais tout mon possible pour que tout aille au mieux dans le pire des mondes pour ces deux exigeants. Et j’écoute à longueur de journée des « ça va mal », des « on a bien du mal » et des « mais tu ne comprends pas que je suis à bout que je n’en peux plus ».

Je reste gaie, souriante, j’ai toujours besoin de rire, de m’amuser, de créer, de faire l’amour, de vivre, hors des réalités si possible. Conséquemment, je suis frustrée à tir larigot du matin au soir.

J’ai pété un câble aujourd’hui. A ma façon. Je leur ai joué en boucle « Les petits poissons, dans l’eau, nagent, nagent, nagent, nagent, nagent… » Aucune réaction. Je les ai traités de trop vieux, trop bêtes.

Parce que, ce midi, ils m’ont fait faire une heure de bouffe pour avaler trois bouchées. Parce que, ce soir, j’ai émincé des champignons de Paris, du poivrons, du concombre, des tomates, des radis, de la mozzarella, des échalotes, de la ciboulette et du persil, que je les ai laissé manger seuls pendant que je découpais des abricots, des cerises, de l’ananas, des kiwis, des fraises, des pêches, et j’en passe. Parce que ça m’a pris deux heures. Parce qu’ils auraient gâché l’effort en mangeant la salade de légumes sans y ajouter de vinaigrette si je n’étais pas passée à temps. Parce que Nours n’a pas dit merci. Parce que M. Pataphysique n’a pas eu l’idée d’aller dans sa chambre de lui même et qu’il a rechigné, et prolongé le moment très au-delà de ma légendaire patience.

Pendant que la France entière est en fiesta bruyante jusqu'ici.

Aucun des deux ne comprend. Aucun des deux n’est capable de prendre soin de moi comme je prends soin d’eux. Alors pourquoi le faire ? Par amour de l’autre ou par haine de soi ?

N.B. : Ceci est une bouteille, qui monte, qui monte, qui monte, et plouf ! qui redescend, au gré des vagues.

(flash back : juin 2006) Kinéfaste, kinéspoir...

Jusqu'à mardi, M. Pataphysique était suivi par l'H.A.D., en français : l'hospitalisation à domicile. La kiné de l'équipe, à l'image de l'ergo, était le genre fortement propagée par l'UMP, look standardisé, blonde, grande, mince, cheveux courts, habillée simple et sexy, et en dessous des apparences, qu'une caisse enregistreuse avec rien à offrir. Rien. Pas même ce pourquoi elle est payée 200€ de l'heure. Tant et si bien que je ne voyais plus l'intérêt de recevoir un kiné trois fois par semaine pour faire faire ce que M. Pataphysique fait très bien tout seul.

"La prothèse de l'épaule est basse, ça sert à rien d'y toucher, il n'y a rien à faire. En plus, il est faible, alors un tour à pieds ça suffira pour la marche. Il est diabétique ? Et alors. Il finira de manger après. Pas grave si ça refroidit. Il fait chaud vaut mieux manger frais."

Voilà ce qu'elle en dit, comme bon nombre de ceux qui pensent que ça sert à rien de s'occuper d'un petit vieux bientôt octogénaire. Tout ce qu'elle aurait pu mettre à son cahier des charges, si seulement elle avait l'honnêteté nécessaire, c'est un malaise de diabétique et une chute.

Vous les connaissez, c'est la jeunesse qui monte, qui mousse, qui fabrique du vent et vote pour entrer dans l'Union pour une Minorité Privilégiée. La France coule, mais eux, fiers, droits, "couillus", émergent du flot en marchant sur les têtes qui se noient.

Heureusement, l'H.A.D. s'est terminée cette semaine. Plus d'ergo, mais un kiné libéral. Dès sa première visite, nous avons pu fêter le nouvel espoir de retrouvailles avec l'Autonomie. J'assiste à de véritables exercices en ce moment même, et j'admire, soulagée que nous soyons enfin tombés sur la Compétence.

Car c'est bien là notre problème à tous. Quand je pense à tous ceux qui sont morts sur le bûcher de l'incompétence, j'en ai des frissons dans le dos.

(flash back : juin 2006) Je suis une canne.

Je mange quand il mange ce qu‘il a besoin de manger. Je bois quand il boit ce qu‘il a besoin de boire. Je dors quand il dort, le peu qu‘il a besoin de dormir. Depuis une semaine. Pile poil. Il a besoin d’une canne pour tout. Marcher. Chier. Pisser. Se laver. Exister. C’est moi. La canne. C’est lui. Le père de mon homme. Né en 1927. Résistant pataphysicien et artiste peintre.

Il fait des progrès à vue d’œil. Il retrouve peu à peu l’exceptionnelle autonomie qu’il avait avant sa chute il y a six mois, et les « incessants incidents intercurrents » qui s’en sont suivis. Je ne souhaite à personne d’avoir à faire aux hôpitaux français, en cette saison politique. Pas même aux ennemis.

Aventure épuisante, quoi qu’elle puisse être passionnante, si, très vite, mon homme arrive à me ménager des heures de vie. Ma mienne.

J’ai peur. Il y a des événements que je ne veux pas vivre. Je doute d‘y échapper. Je doute en la capacité de mon homme à les prendre sur ses épaules plutôt que sur les miennes. Il y en a d’autres, inévitables. Mes trente ans. Ses cinquante. Si tu crois que cela. Me tourmente. J’ai peur.

Je pensais être douée d’abnégation. Je réalise que c’est trop difficile. Les gens qui parviennent à l’accepter, parfois pour toujours, à la supporter des années durant, ces gens… on ne peut pas même imaginer à quel point ils sont admirablement forts et aimants.