Les personnages de chair
L’imagination n’existe pas. On n’invente rien. Tout le monde sait ça. Même dans les rêves, on ne fait jamais que des liens absurdes entre les choses qu’on a vues, de nos yeux vues, entendues, de nos oreilles entendues, senties, de nos terminaisons nerveuses senties. Ce pourquoi le concept de la foi, par exemple, reste mystérieux. Les anticipations, me rétorqueriez-vous… Eh bien, les anticipations ? Jamais que des conclusions. Certains les tirent à la règle, d’autres empruntent des méandres. Beaucoup préfèrent laisser ça à d’autres.
Il y a des gens normaux, prévisibles, peu dérangeants, bonjour, bonsoir, la pluie, le beau temps, le travail, la famille, les amours, ça va, merci, et toi, dix euros s’il vous plait, adressez-vous au bureau numéro mille sept cent quatre-vingt-treize. Et puis il y a les personnages, des gens qui même en se contentant de respirer, déplacent quelque chose parmi les ordres établis. C’est des couillons, les écrivains. Des lâches. Des personnages ratés. Des envieux. Des copistes, au mieux. Ils contemplent la vie, et ils en laissent une trace. Les vrais personnages sévissent dans la vraie vie.
A chaque fois que j’en ai rencontré un, je suis restée tétanisée dans la position du lecteur. Surtout, ne pas déranger, ne rien changer à ce qu’ils sont, ne pas intervenir, ne rien gâcher. Boire leur sève à distance et se tenir tranquille. Ces gens m’ont faite sans le savoir. Parce que je suis couillonne, lâche, ratée, envieuse, au mieux, copiste. Si j’fini écrivain, ça sera leur grande faute.
A suivre, le détail du gros…
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