mercredi, décembre 06, 2006

Fleurs d'Agadir

J’étais là, dans la rue, à m’dire « t’es moche, t’es con, t’es pauvre, tu pues », avec le vieux duffle-coat qui n’a plus que le premier bouton de bois et que ma grand mère de 85 ans portait déjà après guerre pendant les récréations dans la cour de son école de village paumé, des fausses Clarks, c’est moins beau mais ça coûte moins cher, la guitare sur le dos, une besace d’été par dessus le tout, sans avoir eu le temps de prendre une douche parce que tombée du lit au dernier moment ce qui a tendance à me mettre de très très mauvais poil. Bref. J’faisais la gueule et j’marchais babouin. Du moins, j’en étais persuadée. Comme quoi, la perception reste affaire de circonstances…

J’arrivais à un rond point. Une bagnole Europcar en faisait le tour. Le chauffeur m’a fait signe de phares et signe de main. J’ai pas vu la tête. J’ai fait signe. J’suis polie. Même si c’en est encore un qui m’a prise pour une autre. J’connais personne t’manières. Même. J’suis polie.

Ben ‘naise… Le gars… Il a fait demi tour ! Il s’est garé ! Il est venu me dire ! Il a pris le temps de me dire…

- Je vous ai vu au rond point…
- Je vous ai vu aussi.
- Je voulais juste vous dire combien je vous trouve belle.
- Oh… Vous allez faire ça ? !
- Oui. Vous êtes très belle.
- Merci. Ca me fait très plaisir. Vraiment…
- C’est quoi ? C’est pas des cheveux que vous avez ? C’est de la soie ?

Mmmh… C’est si rare… C’est si bon… C’est tellement depuis toujours que le monde me trouve moche… J’y crois… Dur comme subjonctif imparfait… C’est comme si c’était vrai…

J’ai encore deux souvenirs comme ça. J’oublie tout le temps. Je vais les ranger ici sous le label de la fleur d’Agadir.

Si j’en ai sept, un jour, je deviendrai Aphrodite et j’vous zemmerd’rai tous ! Ainsi soit dit.

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