(flash back : 14 juillet 2006) Bande d’ingrats Vs Mur des lamentations...
M. Pataphysique a été nommé. C’est le père de mon Nours, qui, du coup, aura un nom aussi. Ma vie, depuis quelques mois, se limite à la leur. J’ai trente ans, mon homme cinquante et l’ancêtre quatre-vingt. Comment en arrive-t-on là ? Par amour de l’autre ou par haine de soi ?
Je suis profondément solitaire. J’ai besoin de ma dose de moi chaque jour. Deux semaines que mes seuls moments de calme sont ceux où j’ai écrit ces maigres articles. J’ai largement dépassé mes limites. Les angoisses m’empêchent de dormir même si la fatigue me ferme les yeux. Violente contradiction. J’ai des relents de chiale toutes les cinq minutes.
Résumer les parce que. Si possible.
Je fais à mijoter de la cuisine de gourmet non parce que je le suis, mais parce que, M. Pataphysique ayant été fin sur de nombreux points d‘arts, les recettes subtiles font naturellement partie de son rétablissement. Après six mois de cantine d’hosto, c’est bien la moindre des choses. Fini le vite fait bien fait. Compter une heure minimum pour concocter de simples oeufs brouillés. (Pour les adeptes du micro-onde : ceci est possible lorsqu’il faut émincer des girolles façon papier à cigarette, et les échalotes en lamelles de 1mm/5mm).
Je fais le ménage toutes les heures non parce que je suis maniaque, mais parce que M. Pataphysique chie, pisse, renverse, mange, vit. Sinon, je suis bordélique à souhait, plutôt douée pour le ménage en gros, une fois par mois les saisons de plein courage.
Je me lève très tôt parce que M. Pataphysique se lève tôt et me couche très tard parce qu’il rechigne à se coucher même tard. Je ne l’oblige pourtant pas à dormir. Il peut aussi bien fumer sa pipe et regarder la téloche dans sa chambre.
Ca prend une demi-heure pour le lever, le temps de vider la poche d’urine, mettre les contentions aux pieds, l’habiller, lui faire faire sa toilette. Une heure s’il y a eu accident dans le lit.
Ca prend trois quarts d’heure pour le coucher, le temps de le convaincre, le temps qu’il passe aux toilettes, le mettre en pyjama, enlever ce qui est mis le matin, vider la poche d’urine.
Je lui parle de fleurs, parce qu’il aime les fleurs. Je le laisse se plaindre, parce qu’il aime se plaindre. Je le laisse parler du pire, parce qu’il aime le pire.
Je m’oublie, parce ma vie, ce que je suis, l’ennuie.
J’encaisse le stress de mon Nours parce que c’est la folie à son taf. Je supporte plus ou moins (moins) bien sa façon de s’énerver sur moi pour me dire qu’il est excédé, 37 fois par jour. Je lui épargne le plus dur à vivre pour un fils.
Autrement dit, je fais tout mon possible pour que tout aille au mieux dans le pire des mondes pour ces deux exigeants. Et j’écoute à longueur de journée des « ça va mal », des « on a bien du mal » et des « mais tu ne comprends pas que je suis à bout que je n’en peux plus ».
Je reste gaie, souriante, j’ai toujours besoin de rire, de m’amuser, de créer, de faire l’amour, de vivre, hors des réalités si possible. Conséquemment, je suis frustrée à tir larigot du matin au soir.
J’ai pété un câble aujourd’hui. A ma façon. Je leur ai joué en boucle « Les petits poissons, dans l’eau, nagent, nagent, nagent, nagent, nagent… » Aucune réaction. Je les ai traités de trop vieux, trop bêtes.
Parce que, ce midi, ils m’ont fait faire une heure de bouffe pour avaler trois bouchées. Parce que, ce soir, j’ai émincé des champignons de Paris, du poivrons, du concombre, des tomates, des radis, de la mozzarella, des échalotes, de la ciboulette et du persil, que je les ai laissé manger seuls pendant que je découpais des abricots, des cerises, de l’ananas, des kiwis, des fraises, des pêches, et j’en passe. Parce que ça m’a pris deux heures. Parce qu’ils auraient gâché l’effort en mangeant la salade de légumes sans y ajouter de vinaigrette si je n’étais pas passée à temps. Parce que Nours n’a pas dit merci. Parce que M. Pataphysique n’a pas eu l’idée d’aller dans sa chambre de lui même et qu’il a rechigné, et prolongé le moment très au-delà de ma légendaire patience.
Pendant que la France entière est en fiesta bruyante jusqu'ici.
Aucun des deux ne comprend. Aucun des deux n’est capable de prendre soin de moi comme je prends soin d’eux. Alors pourquoi le faire ? Par amour de l’autre ou par haine de soi ?
N.B. : Ceci est une bouteille, qui monte, qui monte, qui monte, et plouf ! qui redescend, au gré des vagues.
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