mardi, décembre 19, 2006

J'ai eu le chat au téléphone.

Le chat est une chatte. Mais ses maîtres en parlent comme du chat. Elle s’appelle Cat. Pussy Cat.

Il y a un an, Pussy a dû s’habituer à moi. Lorsque son maître s’est absenté, j’ai été la chercher chez elle pour la ramener chez moi. Elle n’a pas voulu. Je n’avais pas l’intention de me faire étriper par sept kilos de bête d’appartement sauvage, noirs de poils sauf pour deux amandes vertes luminescentes.

J’y ai dit :

« Tu vois bien que y’a personne là, tu vas pas rester toute seule… »

Elle m’a fait :

« Mrprrrfrrrh ! »

J’y ai répondu :

« J’te jure il reviendra pas tout de suite, et y’aura personne ici pour te donner à manger…
- Mrffffrh !
- Chasser quoi ? T’as jamais rien chassé de plus que trois pauves moineaux dénichés dans trois mètres carrés de cour bétonnée.
- Fffh !
- Ok, d’accord, c’est le moins con qui cède. Tu vois là, c’est ton panier. Pour que je puisse t’emmener là où on peut te donner à manger, et j’te dis pas les câlins, tu sais pas bien ce que c’est, mais tu verras, il faut que tu rentres là dedans. Alors moi là, j’en ai ma claque, tu veux pas m’croire, tu constateras bien. J’reviens te chercher encore demain. Si t’es pas là dedans… Astérix en péril.
- … »

Le lendemain matin, Pussy m’attendait sagement installée au fond du panier alors que j’avais fait venir le seul gars capable d’attraper le fauve : un type qu’a survécu à cinq ans d’Amazonie guyanaise. Il y va avec des gants de cuisine et cinq couches de serviettes éponges. Et il en sort les mains en sang.

Pussy The Cat… Angus en serait raide amoureux.

Elle a boudé trois jours dans un recoin de la salle de bain.

« T’es con, c’est froid là, par terre…
- … »

J’y ai fourgué mon vieux pull trois générations. Tricoté par mamie, porté par maman, et chouré par ma pomme. Depuis le temps, il s’est étiré au rang de manteau. Il est emprunt de nos trois senteurs. Elle n’en a même pas voulu. Rien mangé non plus. Des machins de luxe dans des boîtes en or ! Trois jours.

Il fallait l’apprivoiser. Ce n’était pas un chat. Ce n’était pas même une chatte. Elle ne sait pas miauler. Elle cause. Probablement un singe ou une sorcière coincés là par un quelconque maléfice. Il fallait l’apprivoiser comme on apprivoise le Renard.

Nous sommes devenues très proches. En partant, j’ai eu l’impression qu’on nous déchirait, comme Pantailaimon et Lyra, il a raison le Renard, apprivoiser, c’est délicat, c’est toujours promettre l’éternité.

Pussy est une Cat acrobate et piplette. Elle vous grimpe sur l’épaule pour changer de point de vue et jouer à l’équilibriste. Le vieux pull est devenu son paradis. Elle s’engouffrait là dedans pour tricoter, téter et ronronner comme un diesel. Si en plus on y ajoutait des caresses… Le septième ciel en est loin dessous.

Lorsque je papote avec Nours au téléphone, immanquablement, elle lui bouffe le pied, elle saute sur le téléphone, et elle m’engueule. Avec une toute petite voix toute piteuse.

Oh, Pussy… Pussy My Cat…

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