lundi, décembre 18, 2006

Mulan

J’ai essuyé mes échecs. Le bourgeon a fini de bourgeonner, et maintenant, il va fleurir. Il est en retard. Mais Papy Gaby dirait « Je suis sûr que ce sera la plus belle fleur de notre arbre. »

L’heure a sonné une nuit, à 3h, pendant que tout le monde dormait.

J’ai ma tenue de guerre. Un long manteau noir, détendu et classe, absolument passe partout avec élégance. Col Mao, coupe courbe très féminine, boutons brodés en cordes menues. Une simple jupe noire. Presque droite. Genoux. Un peu en dessous. Un chemisier rouge décolleté, d’un pétant qui n’a jamais autant pété. Un petit pull chemisier, faux deux en un vraisemblablement à la mode. Chiné. Couleurs terre. Début d’automne. Une ribambelle de chaussures. Des ballerines rouges. Des ballerines noires. Des ballerines brunes. Des bottes. Incroyable. Des bottes à jean avec lacet là. Qui se retroussent. Visiblement à la mode aussi. Des truchins pour faire des mamuches aux cheveux. Une immense écharpe rouge en laine immense. Un maquillage nouveau. Vivant.

Ma tenue de guerre. Je m’en vais sauver mon monde sur un chemin de Passeurs qui en étonnera plus d’un. Je serais accompagnée de mon autre, de ma Sœurette, de mon âme… Nous ne pouvons que réussir.

Pourtant, ce jour, cette heure, nous ressentons un mélange d’excitation et d’angoisse qui ne rend que… des mots en niaque, voyez ? les pires, quoi… insomaniaque, monomaniaque, jailaniaque…

Qu’importe. J’ai mon déguisement. Personne ne saura les pires de l’intérieur. Ces vêtements… C’est incroyable comme l’habit fait le moine… Ces vêtements expulsent tout le charisme devant…Le plus terrifiant reste de constater que je me sens prête à l’assumer. Comme si, après n’avoir jamais joué à la poupée, après ne m’être faite fille que pour voir un gars en quelques occasions, j’avais subitement été rendue femme, en toute simplicité, en toute splendeur.

Ce soir, Padré m’a trouvée belle pour la première fois de ma mémoire.

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