vendredi, août 20, 2004

Dépendance à l'indépendance

Ça fait bien trois ou quatre ans que je vis seule. A croire qu’on s’y fait. Renouer avec une vie collective, c’est pas ce que je connais de plus simple. Deux jours que j’veux poster un tas de billets mégaintéressants de la plus haute importance, faire des dessins, enregistrer la seconde guitare de la chanson à Soeurette comme il faut, finir le premier acte de la pièce à Bogus pour le lui envoyer qu’il rigole, lire le bouquin sur la vie de ceux qui souffrent de la maladie d’Alzheimer, interviououer Moune ma mère qui est infirmière en maison de retraite, finir de lire « La maison aux esprits », inventer la chanson de la chasseresse, écrire sur Obsolettres, et j’vous dis pas tout ce que j’ai abandonné en chemin...
Et bien nada. Dès que je m’y mets, quelqu’un émet un besoin, une envie quelconque, et je me retrouve à Picard, à table, à genoux sous le placard ou autre, ou alors, si j’ai un peu de temps pour poster ici, par exemple, Soeurette a besoin de son ordi (que je lui scouate sans remord aucun, la pauve), si j’ai un peu de temps pour bouquiner (j’aime particulièrement m’asseoir sur les marches entre la maison et le jardin, avec mon café du matin et mon bouquin) Soeurette a besoin que j’appelle pour sa location de vacances qui ne cause qu’anglishe, ou je dois me déplacer pour de la paperasse et j’profite d’un aller en bagnole pour autre chose histoire de m’en débarrasser plus vite que prévu.
Ça me fait un bien immense d’être revenue un peu à la Maison. Mais ça commence à me chauffer un rien, la dépendance. Et pour tout vous avouer, j’trouve ça assez flippant. J’ai 28 ans, et pas la moindre envie de me laisser submerger par une bande de marmaille 24h/24. Tant et si, que j’ai même pas le père en vue. Alors que toute ma vie consciente, depuis bien... huuuu l’âge de 4 ans, quand je gardais la petite endormie de la voisine pendant qu’elle sirotait son café turc en papotant avec Moune, depuis, je suis persuadée que je suis née pour être La Meilleure Maman De L’Univers Connu et Inconnu De L’Espèce Humaine. Mais où, où, où sont passés mes essentiels ?
Bon. Avant que Soeurette ne rentre du boulot et ne formule quelque envie de rigoler, j’ai quelques photos à vous montrer...

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