samedi, août 14, 2004

Rien à faire. Rien à dire. "Mais ça n'empêche pas les sentiments."

Bon. Ça fait un mois que j’en rame pas une. On peut dire que c’est pas fatigant, comme vacances. Je bouquine, je fume, je bouquine, je gratouille deux minutes, je fume, je bouquine, je rigole un coup avec Soeurette, on fume, on gratouille, ou pas, on peut aussi juste hurler, on mate un film, on fume, on rigole un coup. Et voilà. Potiron tourne en rond et convalescence sans valse des sens. Pas de quoi faire un post.
Et puis hier, je suis sortie. Au centre commercial du coin. Oui, Moune ma mère devait changer de lunettes, or comme sans ses lunettes, elle ne voit rien, il faut bien qu’elle face confiance à la personne qui lui dira si ça lui va ou pas. Et c’est pas si simple. Entre les gens qui n’y voient pas de différence, les pseudopros, et les si-elles-te-plaisent-elles-te-vont, on trouve peu de gens sincères et directs. Parfois, on a tous besoin d’une grande gueule.
Donc j’y suis allée. (J’suis pas grande gueule, non, hélas et triplehélas, mais j’ai l’oeil, et j’aime que Moune ma mère soit belle).
Levée à 13h, départ à 14h. Quand on vient de passer une semaine à l’horizontale, c’est un rude traitement. En plus j’avais rien à m’mettre. Pas l’choix. Opération piquage chez Soeurette (on a beau être des yoyos toutes les deux, on reste des yo-yo synchros). Que trouve-je ? Un vieux t-shirt à moi ! Ebé ça alors !
Douche et zou.
Arrivées au parking, le panneau « déviation » s’étant fracassé la nénette, nous y sommes entrées sans prendre de ticket. Pas très malin, mais qu’à cela ne tienne et carpe diem.
Attendage de Soeurette un temps certain. Evidemment, on n’attendait pas au même endroit...
Scouatage chez l’opticamachin. Passage au magasin des filles avec plein de minuscules et moins minuscules trucs et machins à s’accrocher, à s’enfiler ou à se pendre dessus. Du toc plein les yeux, et un fameux rayon de trucs et machins pour décorer les cheveux. Passage au Mc Immonde. S’adonner au vice. Un bacon/frites. Et un sandae chocolat cacahuètes. Tant qu’on y est, passage à au tabac.
Et nous revoilà avec prompt renfort, au parking, et l’histoire du ticket à résoudre.
L’opération a nécessité plusieurs tentatives infructueuses. C’est que, les gens font toujours les machines de façon à ne pas s’laisser entuber. Le temps de comprendre qu’il faudra faire avancer, reculer, et avancer encore quelqu’un, un inconnu, pour obtenir un ticket d’entrée, ça en faisait déjà trois.
A ce stade de l’opération, Moune était rouge de honte, Soeurette battait en retraite, et je me suis retrouvée toute seule au front, avec mon vieux t-shirt...




Le premier monsieur, la cinquantaine, lunettes de circonstances, femme et enfants à bord a été bien sympathique mais s’en est lavé les mains vite fait, de mon explication suppliante.
J’emmerdais sérieusement le deuxième, très visiblement.
Au troisième, j’ai laissé tombé la politesse et les explications, j’y ai fait signe d’avancer, à la dame de derrière de ne pas bouger, j’ai pris le ticket, j'y ai fait signe de reculer, j'y ai fait signe d'attendre, j’y ai fait signe d’avancer, j’ai attendu de voir si ça marche et voilà. Ce troisième monsieur, lui, a eu l’air ravi de la manoeuvre. Ça sert à rien d’expliquer aux gens. Ils préfèrent obéir plutôt que de rendre service.
Entre temps, les yeux auxquelles menaient les caméras étaient en pleine rigolade avec Moune et Soeurette. Ce jour là, le parking était gratis. Pas besoin de ticket pour sortir.
J’vous jure qu’elles m’ont laissée batailler au front pour rien en se marrant !
Dans la voiture, elles ont voulu savoir ce que j’ai dit au gars pour qu’il me file le ticket. J’ai répété : fais-ci fais-ça et voilà.
Ben c’était parti pour un fou rire. Moune chialant au volant, essayant tant bien que mal de contrôler les violentes secousses dans ses abdos, Soeurette hurlant de rire, tout pour que ça ne s’arrête jamais (c’est une pro du fou-rire) et moi, sans pouvoir y résister, me tenant le bidon pour aider à supporter le raz de marré, et en tête juste une phrase, rebondissant d’un rire à l’autre : mais qu’est-ce qu’il leur prend, j’ai pas fait exprès...
On est rentré, qu’est-ce que Moune a fait avant tout ? Tout rapporter au Padré. On pari combien que sa mère, sa soeur et ainsi de suite sont prochains sur la liste ? Et voilà comment petit à petit, avec des riens, pour le souvenir des petites et grandes joies, les familles se construisent toutes leur propre légende. Pas besoin d’être génétiquement séculaire.

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