Novembre dernier
« Merci », Pennac, Opéra de Metz.
Durant un mois, au moins, j’ai fantasmé ce moment. Il fallait qu’il soit exceptionnel. Ce serait mon heure ou jamais.
Je lui ai longuement écrit une longue lettre. Dix-sept pages. Un nombre que j’aime depuis longtemps. Entre autres calculs porte-bonheurs… J’ai saoulé l’Ours jusqu’à ce que j’ai enfin la rose rouge qu’il me fallait. Longue, elle aussi, d’un rouge profond de grand prix.
Durant ce temps de préparation, j’avais imaginé beaucoup de variations sur le même thème. Quand bien même, cela s’est produit de façon surprenante.
Vers la fin, je suis sortie chercher un autre angle d’attaque. Le balcon qui nous était réservé ne se prêtait guère à une approche quelconque. L’ouvreuse, c’est certain, avait une tendresse particulière pour la catégorie sociale des fans de. Elle m’a faite entrer dans les… Rhaaa… Comment ça s’appelle ? Les petites loges qui donnent droit sur la scène… ?
Une fois l’Artiste disparu, j’en suis sortie, et j’ai déposé l’enveloppe blanche et la rose rouge pardessus, sur l’une des chaises qui représentaient le jury. Les spectateurs ont cru au spectacle. Ils ont rappelé l’Artiste.
« Quoi encore ? ! », a-t-il râlé.
J’avais déjà disparu. Les spectateurs lui ont indiqué où regarder. Il a pris l’enveloppe blanche dans une main, la rose de l’autre.
« Alors là, bravo ! Bravo ! »
Et il a formé le grand V de « J’ai gagné ! » de ses deux bras chargés de mes symboles.
Assez Vite, il m’a écrit. Pour m’encourager à écrire. Ca sera mon trésor. Mon trésor de Peter Pan.
Je lui ai répondu. Je fantasmais déjà une correspondance à la Flaubert.
Il m’a répondu. Comme quoi je ne dois pas perdre de temps à écrire aux écrivains. Qu’un écrivain, en vrai, c’est personne.
Et plouf.
J’ai continué mon roman.