dimanche, mars 04, 2007

Hasards et conséquences

Aller jusqu’à Montgeron Du Cul Du Monde, c’est toute une aventure. Il faut trouver un train qui y va d’abord. Un train qui démarre ensuite. L’opération est assez complexe. Popette Colombête a dû mettre en œuvre tous ses talents d’investigateur. Et ma foi s’en est bien tirée avec juste une heure de retard.

Led Enis :
Oui bon tu t’es gourée, quoi.

Ouich. Avouons. C'est une façon de voir... Me suis lamentablement paumée Gare du Lyon. Enfin… Comment savoir ? Si je n’avais pas attendu comme d’autres idiots sur un quai où aucun train ne passait et aucun n’était annoncé, si je n’étais pas entrée dans un train qui a mis presque une demi heure à partir, si je ne m’étais pas rendue compte trop tard que j’en avais loupé bien deux sur le quai d’en face, je n’aurais pas pris ce train là, je ne me serais pas assise sur cette place là, et le Vieux Monsieur Qui En Impose ne se serait pas assis à côté de moi pendant que je me confectionnais un lot de Selfmademan. Puis en face de moi pour rester dans le sens de la marche.

Vieux Monsieur Qui En Impose : Ah tiens, les filles font ça maintenant…
Oh : Bah… Les pauvres gens font ce qu’ils peuvent. Vous connaissez le truc ?
Vieux Monsieur Qui En Impose : Oui, oui, je connais, j’ai vu mes fils faire. L’autre jour j’ai carrément vu une fille se les rouler comme ça : (geste de léchouille horizontale dans le sens de la lecture)

Lui, il fume le cigare. Les Havannes ne sont plus si chers. Il en fume quoi, trois par jour.

Et de fil en aiguille, il a fait Tchernobyl, La Roumanie de l’autre massacré bien fait, il a bossé pour TF1, Sept sur Sept, tout ça, des bouquins signés, de valeur, une correspondance avec Pagnol au sujet des nombres premiers bref, génération caves de Saint Germain, encore, le bagout et l’assurance qui vont avec. Soixante-dix balais, on lui on donne cinquante-sept, soixante maxi. Immense, bedonnant, Cheveux blancs, mi-long, mi en bataille, des sourcils des brousses enneigées, le charisme tout autour. Et des citations, entre autres de Churchill, plein la tête. La vie doit être un crime atroce puisque tous ceux qui naissent sont condamnés à mort.

Vieux Monsieur Qui En Impose : L’autre jour, je prenais le train, tout comme aujourd’hui, j’étais à côté d’une jeune fille, toute jolie, comme vous, agréable à regarder (et le regard qui descend, et qui remonte), je l’ai presque traitée de salope, elle a voulu me céder sa place ! Je veux bien dire que je suis vieux, mais les autres, j’supporte pas.

J’aime les ptits vieux coquets et séducteurs qui aiment encore cracher sur la jeunesse en général et baver sur les jeunes filles en particulier de manière toute platonicienne. Moi aussi, quand je serais vieille, je serais très très belle, et j’aurais beaucoup d’amants platoniques. Et ben quoi ? Puisque c’est possible…

Si je ne m’étais pas gourée, je n’aurais pas encore su que les gens me perçoivent différemment. Plus en accord avec ce que je souhaite être. Et qui sait, si j’aurais si bien assuré mon cours d’anglais sans ça. C’est que j’avais le trac. Est-ce que mes méthodes pour mômes marcheront avec un adulte ? Zat iz ze couechtchionne.

Ebé ça marche. Même méthode, même support, il suffit de considérer l’adulte en temps que tel. Maximotivé, le gars. Objectif : dans deux mois, il rattrape mon niveau. Et charmant, par ailleurs. Puisque j’vous dis qu’il finira pote !

Soit que je me suis gourée, égarée, soit que j’ai sans cesse, sans cesse, cette chanson en tête, pam param pam, param pam, param pam… Je me sens à nouveau égale à moi, endehors et endedans.

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