Indice de sociabilité en hausse nette
Tout se dégoupille comme en 50… Je le sais, comme j’ai toujours su que je vivrai en France, demain ne sera pas hier, je sens les essentiels changer et me mener vers un accomplissement. Z’allez m’dire "Tu causes, tu causes, c’est tout c’que tu sais faire", j’vous dirai "Et j’compte bien me faire payer pour, l’une d’ces quat’ saisons…" Et je sourirai. Grand. Avec tout ce que j’ai de malice dans les yeux.
Quelqu’un d’important m’a prévenue un jour des dangers de l’autofiction. Il a dit quelque chose comme : ces écrivaillons qui prennent la pose devant la postérité. J’ai trouvé l’image rigolote. Je n’oublierai jamais… C’est vrai, je m’autofictionne. Ca m’troue un rien, pour sûr. M’enfin j’ai horreur du troisième œil d’un photographe. Bien que j’adore me faire voleuse d’instants spontanés. Dans les deux cas, la pose… tout autant que la pause, par ailleurs… me sont insupportables.
Je me fous de la postérité. Je n’arrive jamais à concevoir l’après. Je m’égare un rien de temps en temps. Je garderai toujours mon nom de famille, par exemple, personne ne me l’enlèvera tant que j’existe. Mais je ne ferai pas de gosse pour laisser une trace sur Terre. Si j’ai une bande de marmaille un jour, aucune chance qu’il n’y en ait qu’un, tout ce qui m’intéressera sera de m’amuser à les rendre heureux, pour avoir connu tout au long de leur vie les meilleurs d’eux-mêmes, à laisser leur part de chagrin à d’autres pour qu’ils aient connus les refuges. Chaque jour aujourd’hui. Pour qu’après ma mort, ils puissent pleurer un bon coup, ranger ma part d’eux en eux et continuer leur bonhomme de chemin sereins. Si je ne peux pas, je n’en aurais pas. Je ferais d’autres choses.
Je suis un genre d’autofictionniste, c’est vrai. Le genre du présent. J’écris un personnage qui me ressemble, pour y tendre dans mes réalités. J’y suis obligée. Je ne sais pas mentir. Si je ne faisais pas, je n’écrirai pas, et si je n’écrivais pas, j’aurais fait d’autres choses.
J’vous l’écris comme j’le sens. Ma côte de sociabilité grimpe en flèche. Et j’y crois assez pour les rebaptiser à l’écrit, je me suis faite quat’ cinq potes en un rien de temps sans trop savoir comment dont vous lirez parler.
Verdun La Grande, tout d’abord. Une fureur sur pattes. Le genre à s’faire piquer son portable par une racaille en pleine discut’, puis à courser ses potes pour qu’ils s’occupent de leur pote voleur. Avec une si belle autorité qu’elle le récupère, son portable. On ne l’approche pas comme ça. Mais Soeurette dit que c’est de la timidité. Qu’elle n’est pas furax avec elle depuis qu’elles passent un peu de temps ensemble. Elles sont collègues. Il s’avère que Verdun et moi, on a fait Paris 8 ensemble des années. Sans jamais s’approcher. Mais nous souvenant chacune du visage de l’autre. J’peux vous dire que quand on ne parle pas à grand monde, dans un amphi de 350 personnes on ne se souvient pas de grand monde même après cinq ans de cohabitation. Ben elle, je me souviens très bien. Une furie. Jamais je n’aurais osé l’approcher. Et nous voilà, quelque sept ans plus tard, en situation de ne pas pouvoir éviter le rapprochement. Je suis très curieuse de ce qu’il en adviendra.
Ma collègue écrivaillonne approche aussi. Ca prend un temps fou, mais ça vient. Je le sens.
Led Enis, technicien lumière intermittent en besoin de cours d’anglais à troquer contre des cours de guitare.
Makédonatz, un gars comme moi, déraciné, yougo, français, français, yougo, tout en assumant pleinement les deux. Genre un match de foot Yougo-France, c’est tout bénéf, on fait la fête quoi qu’il arrive. Il est paysagiste. Et sensible. Et il connaît les chants populaires macédoniens. Ca papote à tout va. Pour sûr, j’ai déjà un resto yougo à narrer. Chaque fois que j’ai emmené des gens manger yougo, chaque fois c’était narrable à souhait.
Depuis que j’ai planté, l’année dernière, deux trois balcons de minijungle, j’ai une sensibilité extrême aux plantes. Les voir, les toucher, me fait un drôle de bien, et ça me manque de les regarder pousser. On ne se l’imagine pas, tant qu’on n’a pas planté. Une minijungle, c’est commencer chaque jour par une surprise, une beauté, un cadeau en retour de si peu, d’un regard seulement, un drôle de bien qui fait sourire au réveil. Quoi qu’il s’en suive comme catastrophe par la suite. Une échappatoire. Un puit de sérénité. Les fleurs aux arbres, depuis quelques jours, me donnent envie d’écrire. J’ai l’impression de les sentir pousser. J’ai l’impression d’en être. C’est nouveau pour la fille des villes, je n’ose dire des bitumes, que je suis. J’aime beaucoup.
Tout se dégoupille, je le sens. Je suis née. Une neuvième fois. Et il neige agréablement sur mes joues. Je suis prête pour toutes les surprises. Je ne ressens plus d’urgences. Qu’une seine hâte de voir ce qui va se passer, de faire ce que je veux faire. J’ai à nouveau, plus que des envies de possibles.
Ca vous fout une de ces patates… J’vous dit qu’ça.
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