lundi, avril 02, 2007

Quelque chose de très galvaudé en ce moment, mais qui retrouvera ici toute sa valeur utopique : Que du bonheur !

Le cours avec Led Enis avait sauté, la semaine dernière. On s’est retrouvé samedi 14h avec une grosse pas envie de bosser.

Oh : S’il faut motiver les grands aussi, maintenant… Z’êtes fatigants, je t’avouerai…

Ca devient très amusant. Il commence à comprendre ce que je raconte. Ca doit bien faire un mois qu’on se radote ces quelques répliques :

Enis : J’comprends rien.
Oh : Te bile, tu t’y feras.

Voilà, il s’y fait. Il a compris "Moi, non plus, j’suis pas bien courageuse, mais si on ne bosse pas, ça sera de ta faute. J’m’en lave les mains."

Du coup, je suis entièrement moi-même en sa présence, libre de mes faits et gestes. Il suit. Ca ne m’arrive plus ailleurs qu’en famille depuis des années qu’je suis sans réciproque. C’est très agréable. Je l’ai suivi très volontiers, lui.

Enis : Mon pote m’a invité cette nuit à l’anniversaire de sa petite demain, faut que j’aille lui acheter un cadeau. J’irais bien maintenant…

Sur l’autoroute, ou une large comme ça, tout au long de plusieurs kilomètres, une nana était postée tous les 100 mètres. Devant elles, les bagnoles, derrière, les bois. Je n’avais pas remarqué. Mon attention n’était pas sur le chemin.

Enis : C’est des prostituées. Les gars s’arrêtent, et puis ils vont dans les bois.
Oh : C’est triste… Il pleut, là !

Allez, paf, un petit sujet de société bien sérieux. Ca nous arrive aussi. On dit pas qu’des conneries. Pas croire.

J’ai beaucoup ri, samedi…

Il a choisi un petit vêtement, 12 mois. On a été boire un café. On est reparti.

Enis : T’as vu la vendeuse ? Quand elle demande si c’est pour offrir, elle s’adresse à toi, quand elle demande la carte bleue, c’est mon tour. C’est mesquin, hein…
Oh : *rigole*
Enis : C’est comme le père, là, qui attendait avec la poussette que la mère ait fini ses emplettes. Il m’a maté en souriant pendant que j’courrais partout pour choisir.
Oh : Il a dû s’dire "Ha ! Un débutant !"
Enis : *chacun son tour…*

Direction sa petite maison du moment. Le petit vieux qui y habitait y a fait un jardin très étudié, très harmonisé, très divers, vraiment agréable à contempler de recoin en recoin et dans son ensemble.

Enis est un gars de la campagne. Il a vécu un temps dans la forêt avec les chevaux. Il est bien, là, après le long séjour dans sa bonbonnière parisienne. Il respire. Et puis il a un vrai four, et une vraie cuisine. Il apprécie.

Je lui ai annoncé le plan du cours. Il a choisi de commencer par le film sans demander la permission. J’ai accepté qu’on n’en fera pas grand-chose ce jour. C’était difficile. Les Ricains mâchent tout, c’est de la purée de poix chiche. On reviendra encore aux dessins animés avant qu’il puisse voir le film en entier sans sous-titres. Une demi-heure. Et puis on a papoté. Une demi-heure. La dernière avait été annulée d’avance. On rattrapera ça un week-end en Angleterre. Il aimerait qu'on le fasse. Il peut courrir pour que j'prononce un mot en français là-bas...

Oh (mâche à fond) : I asked you a lot of questions since we met, I know a lot about you now, so it’s your turn, today.
Enis : Pardon ?
Oh (décortique à fond) : I asked you questions, now it’s your turn, you ask me questions.
Enis : Ah, ok.

Il a choisi de parler guitare. Vu ma brève démonstration au premier et dernier cours de gratte en échange de l’anglais, je lui ai fait quelques surprises. J’étais intimidée. Et la gratte entre mes mains avait bien 2cm en largeur de moins que la mienne. En un an de travail sommaire, on fait mieux que ça.

Il avait senti que, comme pédagogue, il s’était posé un peu là, il avait décidé de changer de tactique.

Enis : Comme t’as ta guitare, on va plutôt se faire des bœufs. Moi aussi, j’m’amuserai plus.
Oh : Ah ben ça tombe bien, j’avais envie qu’on bosse du Piaf.

C’était parti. Comme ça, tout seul, tout spontanément. J’ai joué avec quelqu’un comme on joue dans un groupe et rendez-vous est pris pour la semaine prochaine. J’en rêve depuis les premiers concerts de petits groupes belgradois. (Pas mauvais du tout, les yougos. Y’en a un, il a fini bassiste chez U2 et j’en passe.) J’y suis pas arrivée. Pourtant j’en ai connu, des gratteux… Ebé, j’me doutais bien que ça serait comme ça, mais rien ne vaut le vivre pour de vrai. Le pied ! La pêche !

On s’est amusé des heures. On en est sorti tout shooté de rythme. Il était 22h. A cette heure, j’étais à minimum deux heures de route de chez moi. Fallait y aller si j’voulais pas rater le dernier bus. Après consultation de la RATP, j’avais le choix entre partir dans la seconde ou une heure plus tard. J’y allais. J’avais un gros coup de barre.

Enis : C’est dommage, on aurait pu manger un truc, t’as pas faim ?
Oh : Ah ben oui, voilà pourquoi j’ai un coup de barre.

Zou. On a laissé passer le dernier train. Il avait un duvet, t’manières. On a gratouillé encore un peu. Ca n’allait plus. On était fatigués. On a papoté. On a maté un bout de film complètement loufoque auquel on n’a rien compris ce qui nous a pas empêché de nous marrer tout du long. On a papoté encore. Je me suis endormie. Il devait être dans les 3h.

Le lendemain, je me suis réveillée un peu avant lui. Le temps de faire deux ou trois croquis dans le jardin ensoleillé. J’ai beaucoup apprécié. Ca a comblé momentanément mon manque de minijungle. Il me faut un lopin…

Il avait son anniversaire de famille de potes, j’avais un anniversaire de famille à moi, mon oncle, bien né un 1er avril, une vraie blague d’homme.

Un café, un peu d’organisation, une petite vadrouille, et on a retrouvé chacun son chemin.

J’ai retrouvé Yo Mon Frère et Sa Douce vers chez eux. On a rejoint les autres. Il faisait beau. On a pris l’apéro, le fromage, le dessert et le café dehors. On a discuté. On a joué. On a chanté. Je vais peut être bosser un projet avec Oncle Joke. Il a aimé mes peintures. Je lui avais écrit quelques textes il y a très longtemps pour quelques unes de ses sculptures. Il avait besoin d’un catalogue, à l’époque. Il a de plus vastes projets aujourd’hui. Je ne sais pas ce qu’il en sortira…

J’ai vécu un week-end très agréable. J’ai ressenti du bonheur. Un mélange de calme serein et d’enthousiasme doublement joyeux. Le cerveau est ainsi fait que l’on oublie le détail des grandes douleurs et des grands plaisirs. Hé. Je l’ai bien eu...!

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