Générique de saison !
Depuis quelques temps déjà, la mi-janvier, j'vais pas très bien. C'est allé au pire avant de commencer à regrimper mais j'en suis pas encore sortie. J'ai même vécu deux mois sans sortir, à peine, difficilement pour faire les courses. La transformation n'est pas encore au point. La chrysalide solide. Je me fais les ailes en cognant dessus. Et un beau jour, je m'envolerai butiner les fleurs.
A plusieurs reprises, j'ai eu cette intuition que la créativité pour moi était... comment dire... une manière de vivre heureuse ? Un médicament ? Une solution ? Un outil en tout cas, que je n'ai pourtant encore jamais utilisé en tant que tel, pour moi.
En janvier, il y a eu ce moment. J'étais au grand désespoir. Je pleurais. Et je m'étais dite, je vais dessiner, ça va m'aider. Je voyais un fleuve, chacun sur une rive opposée, et je construisais un pont d'arc-en-ciel pour le rejoindre. Lui, assailli de créatures destructrices qui fracassaient mon pont au fur et à mesure que je le construisais. Moi, persévérant avec mes fleurs, mes plumes, mes douceurs, mes couleurs. Ben j'avais pas fini de l'esquisser de son côté de l'eau, que pof, il m'appelait au téléphone.
En février, il y a eu ce moment. Je lui ai proposé de lui faire une image. Le dessin l'a touché bien au-delà de ce que je pouvais en imaginer ou espérer. On a eu un petit moment douillet à distance, et puis on s'est encore engueulé. Comme on s'engueule.Tartine contre silence.
En mars, il y a eu ce moment. Je suis amoureuse. Folle amoureuse d'un homme que j'ai jamais vu, jamais touché. Depuis des années. Toute l'année 2011, je n'ai fait qu'à rêver de lui, lui envoyer des tartines d'amour et repousser ma vie au lendemain. J'avais besoin de m'en libérer d'une manière ou d'une autre. Et je n'en voyais qu'une. De gentils adieux, d'un commun accord, qu'il n'en reste qu'un personnage, mon préféré, que je pourrais continuer à habiller de toutes les couleurs, toutes les époques, tous les rôles, mais dans des histoires qui ne seraient plus pour lui, ou pour gagner son coeur, des histoires pour tous. Et tout le monde l'aimerait. Et alors il a dit "tout ce que tu m'as écrit, ça fait un livre, j'ai tout gardé, les mails et les discutes msn". Moi, j'avais tout jeté, comme on claque sa porte, chaque fois que j'ai eu cette envie fulgurante de liberté. Il a commencé à m'en envoyer, je me suis sentie trois fois amoureuse, une pour le passé, une pour le présent, une pour l'histoire, c'était trop pour la réponse qu'il pouvait y faire, et puis on s'est engueulé.
En avril, il y a eu ce moment. J'en étais au stade où les ampoules de mon appart' pétaient les unes après les autres et je n'avais pas de quoi m'en payer de nouvelles, pas de quoi payer le téléphone, l'électricité, le loyer, bref. Là, va savoir pourquoi là et pas les deux trois mois précédents où j'lui avais pourtant dit que ça me pendait au nez, là, il s'est réveillé, il a d'un coup trouvé insupportable que je sois dans cette situation, et il s'est mit à m'aider. Et puis il a fait une chose que je croyais impossible. Il m'a laissée entrer dans sa vraie vie, en me présentant à des amis qui auraient peut être du boulot pour moi. J'en suis toujours pas revenue. Et puis il est parti en voyage. Pour l'en remercier, je me suis mise à lui dessiner une fresque. Sept tableaux. Bien 20h d'ouvrage pour chaque.
Et j'ai ressenti quelque chose d'immensément intense. Pendant que je dessinais, j'oubliais tout mes soucis, toutes mes peurs disparaissaient, et je m'emplissais d'une joie enfantine. Au quatrième tableau, je me suis dit qu'il était temps de créer pour moi. Pour me faire ce bien là. Et plus rien que pour lui. Il est une sacrée muse, il dit trois mots je ponds sept tartines et trois contes dans la foulée. Mais le but ayant toujours été l'obtention d'une espèce de reconnaissance de sa part, je passais à côté du vrai sens, du vrai don qu'est cette créativité de plus en plus constante, infinie en moi.
Ce matin, je tombe sur Flore et sa vidéos. Elle a la même joie enfantine que moi, parfois, quand j'ose l'exprimer, je me sais comme je la vois là, avec sa ptite plume au dessus du coeur. Et j'ai eu cette envie, ce désir irrésistible de me débarrasser de toutes mes chaînes, de m'illuminer à m'en faire des yeux aussi bleues que les siens, de m'illimiter encore et encore et encore. Et de suivre son exemple.
Créer pour vivre. Créer avec la vie. Créer pour la vie. Créer pour la liberté d'être ce que je suis.
Alors j'ai commencé par ce trait. Et je m'en vais brosser voir ce qu'il en jaillit. C'est comme si tout commençait là. Ici. Maintenant.
Flore toute fleurie... Merci... infiniment... Je t'aime !