Les voies de la connaissance de soi sont impénétrables...
J’ai trouvé le parce que de ce blog, ce jour. Le parce que de
Soeurette a encore piqué un de ces magazines grotesques pour jeunes filles dans la salle d’attente d’un médecin et la déposé aux chiottes. En général, je préfère un sudoku qui, pour le coup, porte bien son nom.
La malsaine curiosité l’ayant emporté, j’ai néanmoins feuilleté le magazine. C’est que, la dernière fois, y’avait un article sur le minou-tuning. Intéressant. En particulier l’avis du psy, gros texte écrit en tout petit-petit que personne ne lit. J’ai la réplique toute faite pour le prochain qui m’en parle. Ma précédente, que j’aimais bien pourtant, était devenue un rien galvaudée.
Je feuilletais donc, quand je lus quelque chose comme : les filles auxquelles on n’a pas dit qu’elles sont belles quand elles étaient petites sont toujours à la recherche d’une approbation. S’ensuivait le témoignage d’une telle, tel âge, qui, après avoir perdu
Outre les raccourcis que les pauvres jeunes filles auxquelles on destine de telles salades ne manqueront pas de faire, ça m’a envoyé tout un tas de vérités à la gueule.
Je me souviens, un jour, j’étais petite, très innocemment, je me suis plantée devant le miroir du couloir au vu et au su de tous, à la recherche d’une réponse. Comment me voit-on ? J’essayais de reproduire mes paroles et gestes tels que je les avais dits à quelqu’un. Moune m’a fait : Tu veux finir folle comme ta cousine ? Arrête de te contempler.
Je me souviens, chaque fois que je lui montrais ce que j’avais fait, pour qu’elle me dise ce qu’elle en pense, elle disait, chaque fois : Je ne peux rien te dire, je ne suis pas spécialiste, je sais ce que j’en pense, mais mon avis ne compte pas, alors je ne peux rien te dire.
Je me souviens d'un cône immense plein de bonbons allemands. Ma tante qui vit en Allemagne me l'avait offert pour le premier jour de grande école. J'avais appris à lire très tôt, la maîtresse de maternelle a pensé que je n'avais rien à faire là un an de plus. Je me souviens du bureau de la psy que j'avais vue alors. La disposition des meubles et des cadres. Un dessin qu'elle m'avait demandé de faire. Et comme elle était contente de moi. Mais Moune, de peur de me pousser trop hors de mon rythme, a changé d'avis au dernier moment. J'allais entrer à la grande école en même temps que tout le monde, un an plus tard. Alors, ma tante a donné les bonbons à ma cousine et ma soeur bulgare et, m'a rendu le cône vide pour l'année prochaine. Je n'aurais qu'à le remplir, qu'elle m'a fait. Je ne savais pas où trouver tous ces bonbons, mais j'lui ai dit merci.
Je ne me souviens pas que Padré se soit jamais intéressé à qui je suis. Je crois qu’il voudrait essayer, en ce moment, mais en ce moment, je n’ai rien à lui offrir.
Je me souviens avoir été mince une fois, m’être trouvée belle dans mon miroir. Mais j’étais fragile, j’avais vécu un grand malheur, cette beauté m’a angoissée. Et je me suis dite : Je n’ai plus mon bidon. Mes cuisses ne se touchent plus. C’est laid. J’ai été mince un mois de ma vie. Je n’ai pas aimé ça. Du tout. Du jour au lendemain, on m’a regardée autrement. Comme une personne brillante. Je trouvais ça si injuste. Je n’avais pas changé, à l’intérieur.
La beauté des laids, on est d’accord, et la laideur des beaux ? Qui connaît ? Qui comprendrait qu’on la refuse ? Qui trouverait quelqu’un beau pour ça ? Combien le trouveraient lâche ?
Ce pourquoi, je me sens à la fois capable et incapable de tout, ce pourquoi j’ai besoin de dépasser mes limites avant de les connaître, ce pourquoi j’écrit des bouteilles à la mer pour me gonfler la dorure, ce pourquoi j’aime l’admiration, ce pourquoi je la refuse. Ce pourquoi je veux vivre des personnages. Ce pourquoi je ne faisais jamais de compliment.
Je crois vraiment qu’à toute échelle l’évolution est dans la nature de tout. Un jour, Monsieur le Dirlo a dit : Il faut toujours leur faire des compliments, aux mômes, ça leur fait beaucoup de bien, les compliments.
Ca a été très difficile les premiers mois. Ca m’inspirait pas des masses. Et puis, petit à petit, j’ai ressenti les moments adéquats, les mots justes, l’enthousiasme nécessaire.
J’ai aimé ça. Maintenant, j’en fait aussi à la boulangère, au chauffeur de bus, aux passants, aux mômes, aux clochards… A tout le monde. Je ne vanne plus que les proches. Et les proches des proches…
J’ai eu beaucoup plus de mal à croire à ceux qu’on me faisait. Ca me faisait l’effet d’accepter un engagement. J’aimais pas ça. Maintenant, je les prends pour ce qu’ils sont. Une bonne dose d’énergie bienveillante à pas cher.
Maintenant, les gens me sourient encore mieux qu'avant.
1 commentaire:
Interesting to know.
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