La Fille du docteur Baudoin et Marie-Aude Murail
Jusqu’au jour d’aujourd’hui, après, j’dis pas, mais jusque là, je n’aurais pas lu un bouquin à propos d’avortement quitte à me priver d’un Brautigan. Oh, je l’ai, ce Brautigan, j’ai lu tous les autres, je ne sais plus bien lesquels sont encore entre mes mains, mais celui-là, je l’ai. Il est là. Je ne le lirai jamais et il restera toujours là. A moins de le perdre sans m’en apercevoir. Quoi qu’il en soit, je ne m’en apercevrais pas, parce que je ne le chercherai pas. Il est là. C’est tout.
Sauf si, bien sûr, comme l’autre jour, j’apprenais que Mam en a écrit un nouveau, et qu’il s’avérait, justement comme l’autre jour, qu’il traitait du sujet qui fâche. Mam ne pouvait que dire le vrai. Que parvenir à l’impossible consolation pour une femme sur deux en France. Que rendre ses droits aux espoirs. Mam ne pouvait, en toute ignorance de ses pouvoirs, que choisir un bon moment pour offrir une histoire à ma vie.
Je l’ai lu ce soir. Comme chaque nouveau Mam. Dans les transports d'abord. En marchant dans les rues noires. Chez moi, enfin. Tranquille. En tailleur. Par terre. Incap’ de l’attention nécessaire à bouger un orteil, fourmis ou pas, avant la fin du bouquin. Et encore un peu après... Toute entière happée par l’histoire de La Fille du docteur Baudoin. (Et j’vous raconte pas l’engourdissement après toute une série de Nils Hasard… Nils… *soupir*… dire qu’il n’y en a que sept… M’enfin elle n’est pas si frustrante, Mam, elle en a écrit des tonnes, y’en bien une petite centaine, rien que pour vos petites faims et vos accès de boulimie !)
Et Mam dit bien vrai. Et c’est déjà une consolation d’imaginer les jeunes lectrices de ce roman capables, puisque informées de façon compréhensible, délicate et respectueuse, capables de différencier un médecin injustement cruel et moralisateur d’un médecin qui laisse le droit au libre arbitre après avoir dûment et en toute honnêteté informé la patiente. C’est que ça vous cause des dégâts, un méchant bien placé qui juge. Ca vous officialise bourreau le temps de dire pfuit. Et y'a plus personne quand il s'agit de lever la punition. Elles sauront aussi reconnaître chaque instant du long processus d’IVG, et quand bien même les déroulements administratifs soient divers, elles sauront reconnaître les sentiments et les sensations, les remèdes qui soulagent aussi simples que boire de l’eau gazeuse. C’est rassurant. On s’en flagelle consciencieusement, mais on ne le souhaite à personne d’autre. Les jeunes lectrices sauront, tout ça. Et même si elles ne se souviendront plus de tant de détails, celles qui en auront besoin sauront où les retrouver. Ce que raconte ce livre est d’une importance extrême dans l’éducation d’une jeune fille du 21ème siècle, puisque ça a été si mal fait durant le précédant.
Mam rend bien le droit aux espoirs. La fille du docteur Baudoin a l’inestimable chance d’entendre les mots magiques dits par les bonnes personnes au bon moment : "Vous en aurez ! Quand vous aimerez quelqu’un, quand vous serez prête." Et puis aussi cette chance insensée, de sentir renaître le désir pour un homme si tôt sec. Parce que c'est comme ça. C’est comme chuter du haut d’un dos de cheval. Plus vite on se remet dessus, plus vite on s’en remet.
En conséquence, Mam parvient bel et bien à l’impossible consolation pour une femme sur deux en France.
Et voilà. Une fois de plus, Mam, qui est Quelqu’un dans ma vie, a comblé l’un de mes manques qui, au moment même de la lecture et longtemps après, gardent un goût d’essentiels une fois remplis.
Mam… Saprée d’elle… Me v'là encore toute émue de son existence...
1 commentaire:
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