Oui bon voilà, moi aussi j’ai mon petit comparatif à faire
Puisqu'on s'engueule comme des rats morts aux quatre coins de ce pays, moi aussi, oui, j'veux être de la fête. Ah les Astérix de mon enfance...
J’ai un point de vue particulier que vous trouverez certainement radicalement orienté depuis le plus tendre âge, puisque l’un de mes premiers souvenirs est dans les larmes que j’ai versées pour la mort de Tito alors que j’avais quatre ans. C’est dire comme tout le monde chialait et comme ce chagrin a touché mon tout petit être inconscient encore de l’étendue du monde. J’ai appris à relativiser, 15 ans que je suis là tout de même, tout à fait francisée et maiprisable aux yeux de mes compatriotes, m’enfin je tiens à préciser.
J’ai (très bien) vécu l’emprise du culte de la personnalité, je sais en reconnaître un de loin. Or, j’vous l’dis comme c’est, nous y voilà et de très près. Le 6 mai, la France choisira son effigie, et sa mentalité.
Il suffit d’avoir la curiosité assez sommaire de jeter un œil lui très sommaire sur les deux sites des deux candidats à la culte-de-la-personnalitance. J’suis sûre qu’en le domaine, la première impression reste la bonne quelle que soit la profondeur du trou qu’on a creusé.
Je ne vous en indique que ce qui a rapidement attiré mon œil.
Royal aurait un culte d’ubiquité. Elle serait un peu chacun de nous, un symbole patriotique. J’ai aimé être éduquée et vivre sous la photographie de Tito. Il était un symbole positif et puissant. Ce que j’en ai reçu est si profondément humaniste, qu’aucune guerre ne me le fera oublier. Avoir confiance en l’autre jusqu’à preuve du contraire. Proposer chaque bien de survie en partage. Aider, chaque fois qu’il le faut, chaque fois qu’on en est capable. Prendre plaisir à être un enfant, à apprendre, à jouer, mais aussi à s’ennuyer seul sans peur dans son coin. Laisser ce plaisir, mais aussi le communiquer aux enfants à venir. Apprendre à s’harmoniser avec ce que l’on ne peut pas changer en l’autre. J’ai vécu ainsi mes seize premières années. Aucune guerre ne me le fera oublier.
Je sais, Royal est parfois difficile à écouter, il paraît c’est la faute à Charles Berling qui veut pas laisser filer son délire, qu’est-ce que vous voulez, la démocratie non plus, ça peut pas être parfait. Essayez de lire pour voir :
" Je rassemblerai une équipe d’hommes et de femmes choisis sur le seul critère de leurs compétences, de leur dévouement et de leur sens de la morale publique. Et avec eux, car l’engagement politique, c’est ceci : nous sommes là pour servir et non pas pour se servir.
Je n’ai pas, comme l’a dit le candidat de l’UMP, une dernière marche à monter, puisque son projet, c’est lui, c’est sa dernière marche, et moi, mon projet, c’est vous. Ce n’est pas pour moi que je veux grimper je ne sais quelle dernière marche, c’est la France que je veux relever, c’est avec votre parole que je veux lui donner sa fierté. C’est la France dont je veux qu’elle cesse d’être tirée désespérément vers le bas, c’est elle qui doit monter, la France, la Nation et la République, et donc c’est l’ensemble du peuple français qui doit gravir la montagne. Ce n’est pas une dernière marche que j’ai à escalader comme l’autre candidat, c’est toute une montagne que je vous invite à gravir.
Je veux rendre à la France la fierté de son histoire et de son action collective, je veux rendre à la France sa place, toute sa place au sein et au cœur de l’Europe, d’une Europe sociale qui luttera contre les délocalisations et qui se battra pour le progrès humain de tous ses habitants.
Je veux construire avec vous, c’est mon désir le plus cher, une France que l’on entende mieux et davantage face aux extrémismes, aux fanatismes qui prennent en otage des régions entières de la planète. Je veux une France qui, s’écartant de la tentation de repli, renoue avec l’idéal de la République, l’idéal des Lumières, l’idéal des droits de l’homme et de la femme, l’idéal de la citoyenneté et qui en fait sa force et sa beauté. Voilà à quoi je vous invite !"
Ségolène Royal, discours de Montpellier, le 24.04. 2007.
Ca ne vous rappelle rien ? C’est beau… J’aime ça. Ca me rappelle des souvenirs d’enfance agréables. J’ai envie d’y croire. J’ai l’impression que si jamais ça m’arrive, j’aurais retrouvé mon unité, je ne serais plus une déracinée, le monde et la vie auraient de nouveau une logique. Ca ne peut pas se terminer dans cinquante ans comme ça s’est terminé en Yougos y’a dix ans. C’est une autre histoire. La France a largement plus de chances de s’approcher d’un tel idéal.
Et puis j’ai aimé ce lien que j’ai trouvé sur son site aussi, au hasard : Technologies du langage. Le gars est linguiste. Il a une écriture fluide. Le savoir (le transmettre et le créer) reprend déjà ses galons. C’est tellement rassurant aussi, après l’année que j’ai passée en licence de lettres parmi des étudiants absolument pas intéressés pour la simple et bonne raison qu’ils n’avaient pas suffisamment de mots de vocabulaire à leur actif pour comprendre ce que les vieux racontaient. Notamment en linguistique. Un vieux prof, spécialiste féru de son domaine. Un vieux sage. Pas assez dynamique pour les zappeurs toujours tous rangés dans les derniers rangs des amphis, comme on se met à bonne distance d’une téloche pour s’éviter un mal de crâne. Je n’ai jamais assisté à une telle absence de respect pour le savoir et de désir d’apprendre. C’était vraiment triste. Je n’ai pu profiter de rien dans cette Université. Ou si peu.
Sarkozy aurait un culte d’omniscience. Oui, c’est légèrement différent. L’ubiquité suppose une force centrifuge alors que l’omniscience aurait davantage besoin d’une force centripète. Il serait au grand max un sex symbol. Tout ce qui m’étouffe en France prendrait une ampleur que je ne suis pas certaine de me laisser subir. Tellement que je ne peux aller plus loin que ça, dans l’anticipation, dans l’imagination de ce monde là :
S’il est vrai, comme on me l’a dit récemment que 85 % des Français gagnent moins de 1800 €, j’ai une chance de survivre en France. Il peut quand même pas tous se les acheter, ce mini-fumier-là…
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