vendredi, juin 08, 2007

Vivre ou écrire, telle est la question...

Quand vous écrivez facilement, que vous y prenez plaisir, que vous êtes parvenu à un style qui vous convient et qui plait, Internet devient un genre de piège sournois qu'on ne voit pas forcément venir.

Hier soir, j'papotais avec un gars comme ça, via écrans interposés, on en arrive à ma petite place dans la société, née hier, 7 juin 2007, et paf, il dit plus rien. En arrive un autre pour dire que j'attende un peu, qu'il revient vite, et paf. Il revient pas non plus.

Qu'est-ce qui, sur ces écrans, accorde le droit aux uns de ne pas en considérer d'autres comme des êtres de dialogue, de parole et d'âme ?

Vous vous voyez, assis sur un banc au Parc de Belleville, on vous dit d'attendre deux minutes, qu'on revient, sans préciser que ce ne sera pas avant trois jours ? Vous n'attendriez pas tant. Et vous trouveriez l'autre fort peu conscient de votre être et de la valeur de votre temps.

Ben sur Internet, ça n'a pas grande importance. Sur Internet, les gens ne perçoivent pas votre réalité, votre existence. Je vois bien comment ça peut être possible. Il suffit de se laisser porter par l'outil. Il y a tant de choses sur un écran que tout perd sa valeur. Et les gens ne s'en rendent pas compte.

J'aime écrire. Mais si c'est pour me transformer en livre... Un livre, ça s'ouvre quand on a envie de voler un temps pour s'y plonger, ça se referme en marquant la page, ça peut aussi bien rester ouvert p.79 en position de grand écart des semaines durant, ça cause, ça cause, c'est tout ce que ça sait faire. Et c'est condamné à radoter toujours les mêmes phrases aux mêmes moments.

Je refuse. C'est pas moi. Je suis plus interactive que cet outil, on peut pas me rejouer, on peut pas me mettre en pause, on peut pas faire toujours les mêmes gestes, sortir les mêmes phrases et me faire avancer vers une fin prédeterminée. Je n'ai pas de fin ! Rien n'est prédéterminé ! Vous non plus, on peut pas. Refusez ! C'est un piège ! Un piège à enfermer l'humain dans une boîte. Une boîte dans laquelle il ne rentrerait pas même hâché menu.

Vivre ou écrire ? Telle est la question. Il doit bien exister une juste mesure...

Ma vie a repris son cours. Je suis revenue sur mon chemin. Je l'y trouverai, un jour, cette mesure.

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