mardi, mai 24, 2011

Ebé on a bien joué !

Je vais l'appeler Chouquette la p'tite en moi. Ca rime avec Popette, c'est bien. En plus c'est vrai qu'elle est chou. Et drôle. Et tendre. Et rêveuse.

Ah, qu'est-ce qu'on s'est bien marré !

Maintenant je peux raconter. Je voulais réaliser un rêve. Pour Son anniversaire, je voulais le voir. Cinq ans qu'il veut pas. Cinq ans que je le connais que sur net. Déjà la première fois, y'a quatre ans, il a pas voulu, ça m'a retournée hors de moi. Je suis partie vivre mon aventure avec le premier Yesss Papa venu.

Je sais pas pourquoi j'y ai mis le grappin dessus comme ça à Lui. Quelque chose en moi sait. C'est Lui que je veux aimer, parce que c'est comme je l'aime que je veux aimer. Et j'en ai pas encore connu d'autre que j'aime comme ça.

On était plus ou moins restés en contact ces trois années là. Rarement. Mais un peu quand même. Genre pour le boulot, mais ça n'a jamais rien donné. Comment tu veux, sans s'voir t'manières.

Alors quand je suis revenue de mon Périple à Perlipopette en bmdoublepieds jusqu'à la mer, ou presque, au moins 50 kms, entre deux trains, que mon P'tit Papa était partie voler avec les anges, et que je l'ai choppé, Lui, et que j'y ai dit tout ça et qu'il m'a consolée et que c'était repartie pour un tour, j'étais encore plus sûre. Quelque chose en moi sait. La chance se présente à nouveau, c'est pas pour rien.

Seulement, même si j'le voyais plus pareil, même si j'avais plus de force, plus de foi, plus de patience, plus d'amour et que j'étais sûre de plus jamais le voir P'tit Con, Lui n'a pas tellement changé. Toujours aussi angoissé. Toujours aussi fermé. Toujours aussi méfiant. Toujours aussi silencieux. Et toujours aussi attendrissant. Et passionnant. Et pas bête du tout. Et gentil. Et... C'est à dire qu'à force de distance, j'ai pu prendre mes libertés comme jamais jusque là. Dans des tartines. Et des tartines, et des tartines, et des tartines...

Y'en avait tellement que le plus souvent il répondait pas. Et quand il répondait c'était le plus souvent vite fait dans un métro, une ligne ou deux. Mais voilà. C'était une ligne ou deux qui m'inspiraient encore des tartines, et des tartines, et des tartines...

Souvent, quand même, je retenais le sentiment d'injustice en moi. Un coup j'avais l'impression qu'on se rapprochait, un coup c'était le Grand Silence. Parfois, ça pouvait durer des jours, parfois un mois, et chaque jour, j'attendais, j'attendais, j'attendais... Et je tartinais. Et quand même moi, j'me filais la nausée, je tartinais dans un fichier Word. Lettres à Lui.

Je sais pas pourquoi. Je sais pas comment. Je suis pas obsédée comme ça, jamais, par un gars. Jamais je m'attache. Dans une vraie relation. C'est ptêt la distance. C'est ptêt tout ce que je peux lui raconter. C'est ptêt tout ce que je rêve. J'sais pas pourquoi. Mais c'est comme ça. Au bout d'un moment, je pensais plus qu'à Lui. Rien d'autre n'avait d'importance. Je vivais pour ses quelques lignes, et mes tartines.

Et puis voilà. Je me suis offerte un sapré pas d'cadeau pour les croissants le jour de mon anniversaire. Je lui ai dit encore une fois j'peux plus, mais cette fois, j'suis pas revenue, même quand je sentais des choses. Parfois, je sentais des choses oui. Je sentais s'il était mal ou bien. J'envoyais juste un p'tit mot et c'était reparti.

N'empêche je pouvais plus. Alors j'y ai dit Belle Vie. Hasta la vista bébé. J'y ai dit qu'au Pays Imaginaire, je l'attendrai avec Peter Pan et Clochette.

Je ne croyais pas si bien dire. Une semaine plus tard, je retrouvais ma Chouquette en moi, on a décidé qu'il n'était pas trop tard et qu'on réaliserait ce vieux rêve de le voir dix secondes et on s'est saprément bien marré à lui concocter la surprise.

On voulait l'espionner à l'Amélie Poulain, déguisées et tout, et puis finalement non, et on a joué à se déguiser et à chanter. On a fait l'arisot Toinette, on a fait les clubs de St Germain, on a fait la tsigane passionnée, la baba diseuse de bonne aventure, la star, la Marylin, la Marylou, on a inventé une chanson, un conte et on a fait chanter Joyeux Anniversaire à des enfants qui en étaient si heureux qu'ils se sont mis à faire des roues partout, rien que pour ses beaux yeux à Lui. C'est vrai ils sont beaux en plus.

Durant 21 jours, Chouquette et moi, nous étions heureuses. Ah ça oui, qu'est-ce qu'on a ri...

Et puis l'avant veille, j'ai fait une erreur. Une grosse. J'ai mis entre les mains d'une amie le pouvoir d'agir sur mon rêve. Je voulais aller secouer de joie tout un wagon de métro. Et j'ai pensé que ce serait plus sympa avec quelqu'un pour filmer, parce qu'entre les bougies à étincelles, les bombecs, les trucs à souffler qui font du bruit ou se déroulent là, les gens à faire chanter en chef d'orchestre et la caméra, ça m'en faisait beaucoup entre les mains. Je comptais sur elle parce qu'elle aime ça, se donner en spectacle, et ma Soeurette partait vadrouiller le monde alors elle pouvait pas.

Ben j'aurais jamais dû. Elle m'a démontée toute l'après-midi parce qu'elle y croit pas t'manières à mon rêve et se montre chaque fois démontante si j'lui en parle, d'ailleurs plus jamais j'lui parle d'amour, elle a un souci j'crois avec ça, un que je n'ai pas, et comme je suis influençable, ben ça m'démonte. Donc toute l'après-midi, c'était "ouais mais t'en attends quelque chose c'est pas bon ça marchera pas" et une fois dans le métro, elle s'est dégonflée c'est une chose, mais elle m'a dégonflée aussi, ce qui en est une autre. Bref, j'peux pas compter sur elle pour tout ça. J'aurais dû le faire seule, j'y serais arrivée. Et puis j'peux pas l'en vouloir. C'est moi qui me suis attirée ça. Ca aurait pu se passer autrement si j'étais pas restée dans mon ancienne peau toute serrée. J'avais qu'à pas m'laisser dégonfler et voilà.

J'suis rentrée en m'disant "Eh, si t'es pas cap' d'affronter la déprime d'un wagon d'métro et la dégonflade d'une amie, j'vois pas comment tu vas oser te poster sans crier gare devant Lui avec ta fleur."

Mais j'avais un jour pour me rebooster. Et je l'ai fait. Consciemment. Seulement, inconsciemment, ça fomentait déjà contre moi depuis un temps... A l'heure H du jour J je me suis retrouvée avec un problème technique. Ma clé USB n'avait pas assez de place pour loger toute ma carte de voeux en spectacle. Alors quid faire ?

J'avais trois choix. Je courrais avec l'ordi au Monop' en acheter une et je filais dans le métro en espérant que j'aurais le temps de tout remanier en route et en priant les anges qu'il arrive pile poil au bon moment et que j'sois prête. Je reportais le tout au lundi. Ou je Lui faisais savoir et j'Lui demandais d'descendre de son perchoir cueillir ma surprise.

Ben j'ai refais la même erreur. Je Lui ai envoyé le message qui lui laissait un pouvoir sur mon rêve. Et bien sûr, il s'est pas gêné pour s'en servir. Il n'a rien répondu. Et je suis restée plantée là, à nouveau dans l'attente, à nouveau dans la tristesse.

J'ai fini par lui envoyer par La Poste. Voilà. Il doit recevoir la carte, la rose tsigane et les bombecs ce matin.

Mais j'l'ai pas vu. J'ai pas réalisé mon rêve. Et comme j'le vois mal me proposer d'le voir même après s'être pris la bourrasque de joie de presque deux heures que j'ai logé sur la clé du bonheur, vu comment il se terre depuis trois jours, ben voilà. Tintin.

Alors depuis, Chouquette, elle fait la tête. Elle veut plus jouer. Avec personne. Même pas moi. Elle a raison. J'ai pas été à sa hauteur encore sur ce coup. Moi aussi, j'me fesserais bien.

Mais bon, j'prends la leçon et on trace. Si tu veux réaliser un rêve qu'est bien à toi, tu te fiches de qui y croit qui n'y croit pas, toi, t'y crois, et tu t'en charges d'un bout à l'autre. Jamais tu laisses le pouvoir à qui que ce soit de te le briser. Jamais.

Tu vois j'ai compris, maintenant, ma Chouquette, fais pas la tête. Je sais bien ça t'fait une belle jambe. Mais hé. On va en faire d'autres des rêves. Et on s'laissera plus démonter.

Oui bon d'accord. J'me laisserais plus démonter.

Allez. Viens. Viens on joue. Juste nous deux. Juste entre nous. Viens.