mercredi, mars 24, 2004

Gabriel

J’ai la malchance de ne jamais avoir connu Papy Gaby. Selon Moune ma mère, notre vie aurait été très différente en sa présence. Et d’après Frérot mon frangin, présent, il l’a été, il nous a toujours protégé.
Par exemple, du jour où j’ai failli m’faire écraser sur un passage piéton, j’ai un souvenir vif et précis, mais peu réaliste. J’aurais rebondi horizontalement en poussant des pieds et des mains sur le côté de la voiture, comme si quelqu’un m’avait entouré la taille d’un bras, et tirée violemment en arrière, avant de me laisser retomber sur les fesses, hors d’atteinte. Sauf qu’il n’y avait personne derrière moi. D’après Frérot mon frangin, c’était le bras de Papy Gaby, aucun doute possible.
Un matin vagabond, j’étais rendue au point final. Seul un miracle aurait pu me redonner une utilité sur cette terre. J’ai pensé à cette histoire, si fort, que le quai du RER @ s’est effacé. Je devais être quelque part, ailleurs, allez savoir où. Le train m’a réveillée en entrant en gare. La seule chose que mon regard a su voir, dans le flou du réveil, était le nom du RER. En lettres lumineuses, jaunes, mais dorées, il était écrit : GABI...
Il y a six ans de ça. Le hasard fait si bien les choses... Parfois, on croirait que c’est un conteur.

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