dimanche, avril 18, 2004

Vadrouille dans le sud, troisième escale

Si je suis folle, je ne suis pas seule dans ma folie ! Ouf !
S. est un gars comme ça, lui. Complètement irrésistiblement adorable et insupportablement taquin. A enfermer quoi. Si on veut la paix. Or, la paix, moi, j’m’en contrefiche. Ce que j’veux, c’est rire, et si je peux rire fou, rien ne me retiendra.
Nous avons mangé épicé.
Il a dragué deux serveuses.
Nous avons vu la fin d’un concert de barges. La boîte était aussi petite qu’une boîte, et aussi vide qu’un paquet de clopes en fin de journée. J’ai bien aimé. La musique assez. La dégaine et la pêche du chanteur beaucoup.
- J’aime bien les gens qui se donnent à fond même pour très peu.
Ça a du se voir, d’une manière ou d’une autre. Pourtant, je me suis retenue d’aller pogoter avec la bande de trois loosers qui ne se sont pas gênés, eux. Le chanteur est descendu de scène pour faire corps avec la pas-foule. Il est venu chanter pour mes beaux yeux en posant sa main dans ma nuque. Veinarde que j’suis.
Après, on s’est fait jeter, S. et moi, et, de ce qu’il en dit, ce serait évidemment de ma faute.
Comme c’était de ma faute qu’il ait renversé mon verre de muscat sur la moquette de la chambre de l’hôtel, ma faute qu’il m’ait fait valdinguer des deux côtés du lit, ma faute si j’avais mal aux abdos à force de fourire toute la nuit, ma faute s’il a cassé la bouteille archikitch de muscat dans son sac à dos, ma faute si ça a coulé partout et si sa chignole empeste la vinasse à des kilométrages à la ronde, ma faute, même, si la terre tourne.
On était bien morts le lendemain. On s’est traîné dans la ville en attendant l’heure du prochain train que j’avais à prendre.
Je me serais faite chier avec d’autres. Lui s’est probablement bien emmerdé, d’ailleurs. Mais voilà. Si S. avait été mon frangin, j’aurais eu autant d’affection pour lui que pour celui qui l’est. J’apprécie sa présence. N’importe où, n’importe quand, n’importe comment.

Ça n’arrive qu’avec S.
Tard dans la nuit.
S : J’ai soif.
M : Bois. Y’a un robinet aux chiottes.
S : Non, j’ai soif de truc fruité.
M : Bonne chance.
S : Quoi ?
M : J’voudrais bien t’voir trouver ça à c’t’heure.
S : Ben t’as qu’à venir avec moi. J’vais chercher. Et j’vais trouver.
M : Et moi, j’en raterai rien.
Il sort. En boxeur/t-shirt. Je le suis. Pas plus lourdement sapée. Juste plus longuement. On arrive à la barrière qu’il faut franchir pour atteindre sa voiture. Il jette un oeil autour, puis, décide d’y aller franco, en sautant par-dessus la barrière. Il se hisse sur ses petits biscotos, fait passer une jambe de l’autre côté, par-dessus la rangée de pics en fer...
Pendant ce temps, me sachant incapable de franchir un tel obstacle sur la seule force de mes bras, j’appuie sur le seul bouton présent dans les environs.
La barrière se met en branle. S’ouvre. S. est encore sur les pics. En calcif, j’rappelle. Si ça, ça ne m’a pas crevée de rire, je résisterai à tout.
Bien sûr, il a trouvé ce qu’il cherchait, et je n’avais rien à y redire.

Ça n’arrive qu’avec moi
Las de se traîner, nous sommes passés à la gare voir s’il n’y avait pas un train qui partait plus tôt que le mien. Coup d’bol, il y en avait bien un. Le temps d’aller acheter un bouquin, et nous nous sommes installés sur un banc du quai pour l’attendre.
Devant nous, sur une voie en face, un autre train, que nous avons tranquilles regardé partir sans broncher.
La dame du haut parleur : Le train numéro blabla à destination de Marseilles qui desservira les gares de Blabla, Blablabla, Bla... va entrer en gare voie tant.
M : Heu... C’est pas le bon. Il ne s’arrête pas là où je dois faire le changement.
S : Non. Pas possible. Arrête.
M : J’te jure. C’était l’autre. Celui qu’est parti là, devant nous.
S : File-moi ton billet.
M : J’te dis qu’on est pas sur le bon quai.
S : Non. Pas possible. Arrête.
Je me marre fort, fort honteuse.
Il se fout de ma poire, fort emmerdé.

C’était hier. Aujourd’hui, après la dernière escale que je raconterai demain parce que là, j’en ai marre, je suis rendue chez moi. Coup d’fil de S.
S : T’es chez toi ?
M : Oui.
S : Bien. J’voulais juste m’assurer que t’étais bien arrivée. J’suis inquiet quand tu prends un train. Bonne soirée, tchao.
M : (rigole)
Crétinus Nimbus !

Aucun commentaire: