Avant hier, l'une des roses que je Lui avait promise pour réaliser mon petit rêve de 7 secondes, était prête. Trois roses ont poussé sur la même branche dès l'instant où j'ai décidé que ça sera une blanche. Ca me laissait trois chances. Et c'est comme ça que je lui ai dit. Première chance demain, seconde chance début de semaine prochaine, troisième chance début de semaine suivante. C'est maintenant. Et j'ai pensé c'est maintenant qu'on se croise, 7 secondes, après cinq ans de communication exclusivement internet ou téléphonée. On sera là, face à face, corps, âme et esprit. La première fois.
Il a répondu après minuit. Il a dit "Je suis fatigué, vidé, épuisé, stressé, je rêve d'une nuit sourde, lourde, vertigineusement infinie."
Alors j'ai pensé oké, on va laisser passer la première chance alors... Et en même temps, ouais mais une belle rose blanche cueillie en passant, sur le chemin de ce lieu qui le vide, l'épuise, le stresse, ça peut lui faire sourire le coeur au petit jour... J'ai demandé à tout le beau monde ailé là haut de m'aider à décider. J'ai invité l'archange Michael et tout l'univers infini dans mes rêves, et qu'au réveil, je sache exactement sans doute permis que faire.
J'ai rêvé que j'étais avec mon amie La Muz, et elle me disait "Ah ben Il arrive", et je lui disais "Ah ouais ben faut que je repasse mon jean vite alors", et je me suis réveillée. Dans le doute. C'était tôt. J'avais dormi quatre heures à peine. Je me suis rendormie. J'ai laissé passer la première chance.
Je m'en suis voulue encore plus quand il s'est connecté et m'a causé deux minutes sur MSN. Il allait mieux. Et il m'a rassurée, en disant un truc gentil, sur quelque chose de particulier qui me cause des flippes depuis un temps. Il a dit qu'il y croyait profondément, que je fais du bien aux gens. J'ai pris ça pour une ouverture. Pas en Lui. En moi, dans mes flippes. J'ai repassé un jean, j'ai coupé une rose blanche pour lui, un arum blanc pour sa petite qu'il s'en allait voir à une heure qu'il m'a précisée, et à laquelle j'avais l'intention consciente d'être présente.
Mais l'inconscient, il fait ce qu'il veut, il n'écoute pas mes intentions si ça lui chante. Un bus m'est passé sous le nez. J'ai du attendre un quart d'heure le suivant. Le train venait de passer, j'ai dû attendre encore un quart d'heure. Le métro m'attendait lui. Sauf qu'il est resté sur le même quai une demie heure. Trafic bloqué pour problème technique. Je casse la surprise, dég' de l'éventualité d'avoir coupé mes fleurs pour rien, je lui envoie un message pour qu'il me sauve la mise, me dise où il se dirige et que je le chope à son arrivée. Mais il ne répond pas. Je suis sûre, Il a même pas vu qu'Il avait un message. Et voilà. J'avais prévu un peu d'avance. L'inconscient s'est chargé du retard. Si bien que je suis arrivée bien trop tard. Toute... Pleine de chagrin. De déception. Envers moi. Je n'arrivais pas à réaliser un si petit rêve de sept secondes... Et ze queshtchionne is... Pourquoi ? Pourquoi ? Fichtrediou pourquoi ?
Je Lui ai renvoyé un message tout triste, et puis j'ai été dispenser mon cours de montage chez mon amie et son amour. Ca aussi c'était prévu, et mon inconscient n'y a pas vu d'inconvénient. La route fut pénarde. En un rien de temps j'y étais. Et mon amie m'a dit "Ah on se crée des choses qu'on n'a pas l'air de vouloir avec les blocages. C'est les peurs. Tant qu'on ne les a pas identifiées et rassurées, on se rend pas compte de ce qu'on se sabote les rêves."
Le truc c'est que ça j'ai compris, depuis le temps. Je fais mon possible. J'ai cru que j'avais peur d'aimer. J'ai rassuré. J'ai cru que j'avais peur d'être aimée. J'ai rassurée. J'ai cru que j'avais peur de ses silences. J'ai rassuré. J'ai cru que j'avais peur de jouer, de vivre, de ne pas savoir. J'ai rassuré. J'ai su ce qui m'attendait. Et rien. Toujours là à me saboter inconsciemment mes démarches conscientes.
Elle est rigolote, elle s'est moquée de moi, j'adore, ça me fait chaque fois relativiser, alors je Lui ai envoyé un message pour dire la joie est revenue. Il devait m'appeler ce soir là aussi. Ca fait juste trois fois de suite qu'Il le dit et le fait pas. Mais j'y avais dit que sinon je l'appellerai, moi. Et je l'ai fait, ce midi. Il n'a pas répondu. Et ça me fait pas peur. Je sais ce qu'il traverse, en gros. Je sais l'effet que peuvent lui faire mes tsunamis de déclarations. Lui aussi, a ses peurs. C'est pas grave. N'empêche, je me suis encore saboté la com. C'était un test à vrai dire. Je n'ai pensé qu'au message que je lui laisserai si j'avais le répondeur. Et voilà. J'ai eu le répondeur.
Et puis quelques heures plus tard, j'ai trouvé. La flippe source de toutes les flippes. Oui c'est sûr, j'ai eu peur des silences, et c'est pas faut, j'ai eu peur d'aimer, d'être aimée, de me faire envoyer bouler, d'être abandonnée, de ne pas savoir ce qui m'attend, de ne pas comprendre la vie, comment elle fonctionne et comment on la vit heureux. Mais la flippe source, de toutes, les contient toutes. Alors forcément je tournais en rond. C'est comme ramasser des balles de tennis pendant que la machine continue à les envoyer valser. On peut s'essouffler longtemps, le terrain il sera jamais propre, y'aura toujours plein d'obus qui trainent partout pour se viander dessus.
La peur source, en moi, en toi ma Chouquette, ça y est je t'ai enfin entendue, c'est la peur de ne pas y arriver. Et c'est vieux. Très vieux. Ca date de l'âge de la raison au moins.
T'avais sept ans, t'as fait une année de CP avec 5/5 de moyenne générale, et là on t'as dit "C'est bien mais maintenant si tu veux qu'on soit très fiers et contents de toi, faut que t'en fasses autant jusqu'à tes 15 ans et chaque année y'aura plus à savoir, et ça sera plus dur alors pas de quoi se reposer sur ses lauriers tant que t'as pas le diplôme de perfection Vuk Karadzic à la sortie du collège."
Je peux qu'imaginer, ma Chouquette, je ne m'en souviens plus, je peux qu'imaginer l'effet que ça t'a fait. Je me souviens du jour où tu as eu un 3/5 en histoire, et où tu pleurais fort, fort, fort, je me souviens. Alors c'est sûr, qu'une voyante te dise que tu vas vivre le plus bel amour qui soit donné de vivre sur terre entre un homme et une femme, que t'as une mission pour aider l'humanité, que tu vas connaître la renommée dans l'humilité, que tu ne connaîtras plus de problèmes d'argent, vue d'ici, vue comme ça, c'est sûr, ça pouvait que te bloquer, tu pouvais que me freiner, que me dire non, j'veux pas, j'veux qu'on m'aime même si j'y arrive pas, j'veux être fière de moi, quoi que je fasse, quoi que j'arrive, où que j'échoue, parce que je suis, et c'est tout, je suis moi, et voilà, ça suffit. Je comprends que tu préférerais commencer par ça, que Lui te donne le sentiment d'être aimée, avant tout, avant tout accomplissement qui nous attend, je comprends parce que ce diplôme, tu l'as eu, et il n'a rien changé, on n'a pas été plus fier de toi, on ne t'a pas aimée autrement, rien, ça n'a rien changé, ils attendaient encore que tu fasses tout comme il faut, que tu n'échoue jamais, et quand tu as décidé d'échouer exprès, ils se sont inquiétés pour toi, pour ta capacité au bonheur, comme si ça changeait quelque chose à ce que tu es, réussir ou échouer. Ca change rien ma Chouquette. Et moi, je les ai cru. Pardonne-moi ma toute douce. J'étais petite moi aussi, et j'ai mis plein de temps à comprendre qu'ils avaient tort. Qu'ils auraient dû m'aimer sans conditions, parce que c'est comme ça, qu'on aime, qu'on est content, qu'on est fier, pas autrement.
J'en pleure ma Chouquette, j'en tremble de pleurs, c'est un sanglot immense, le raz-de-marrée qui rompt le barrage le plus immense qu'on a pu poser entre toi et moi. T'auras plus besoin maintenant, ma Chouquette, de commencer par te faire aimer de Lui, de qui que ce soit, avant d'accomplir quoi que ce soit. Parce que moi je t'aime, parce que moi, tu verras, dès ce jour, je m'en ficherai, que je réussisse ou que j'échoue quelque chose que je veux faire, je t'aimerai, parce que tu es, pas parce que t'y arrives, pas parce que t'es douée, pas pour tout ce que tu peux, et bien avant que tu n'arrives à tout ce que tu peux. Je t'aime ma toute jolie. T'en fais pas. Tu n'auras plus rien à accomplir pour ça.
Ma petite aile d'amour... je t'aime... fort... fort... fort...